Volcelest est un terme signifiant « empreinte fraiche du gibier dans le sol » ou « cri du veneur signalant la vue ou relevant la voie de l’animal de chasse ». Quelques noms de grands maîtres suffisent à rappeler l’importance de la chasse dans son écrin naturel comme source d’inspiration : Ucello, Rubens, Delacroix, Oudry, Barry, Courbet… Hautement symbolique, cette richesse artistique illustre la relation complexe que l’Homme entretient avec elle.
Mais Volcelest est surtout une exposition collective, imaginée et portée par la commissaire d’exposition Marianne Dollo, en hommage à la nature. Derrière la porte de Pantin, à Romainville, découvrez une scénographie réunissant six artistes plasticiens de différentes générations : Éric Charles-Donatien, Fabien Conti, Andréa De Bortoli, Lélia Demoisy, Victoire Inchauspé et Marlène Mocquet.
Tous épris et respectueux d’une nature ardente, mystérieuse, héroïque, nourricière et orgueilleuse, que ce soit dans sa représentation, ou en l’employant comme matériau ou encore comme sujet de réflexion.
Pour Éric Charles-Donatien, artiste plumassier, il est important d’ajouter du sens à son activité. Il a ainsi conçu trois œuvres lumineuses spécifiquement pensées pour l’exposition et intitulées Genesis. En effet,« quoi de plus proche de la nature que la création de la vie ? s’interroge-t-il. Animale, végétale ou même imaginaire, comme la naissance d’un coucher de soleil, le moment de la genèse est une explosion de vie ». C’est pourquoi « Sunset birth » rappelle un ventre en gestation, avec sa cloche de verre fragile, protégée par les plumes, tandis que « La naissance du phénix » est un clin d’œil à son rapport aux oiseaux. « Le phénix symbolise la vie éternelle, la résurrection par le feu et la lumière. Là, les néons représentent l’énergie et le socle sur lequel est posée l’œuvre montre qu’il y a connexion et non juxtaposition, puisque toutes les choses sont liées. Dans cette création, nous pouvons saisir l’opportunité de voir la vie autrement et d’être tentés d’améliorer la société tous ensemble », exprime Éric. Pour « Angel Birth », de la même façon, au-delà de l’esthétisme de l’œuvre, il a souhaité que le spectateur puisse se déplacer tout autour et se pencher jusqu’à se voir dans le miroir. « Dans ce qu’on perçoit au premier abord, on observe l’irrégularité, je m’y appuie pour dire que le contrôle de la matière est une folie humaine, aussi je ne cherche pas la symétrie parfaite ». Quant à l’ange, loin de l’image chrétienne qu’il peut véhiculer, Éric Charles-Donatien estime qu’il est une version améliorée de soi en tant qu’espèce, plus généreuse, plus empathique, plus légère aussi. « Dans le miroir, chacun peut se retrouver afin de développer ses capacités sublimées. Je nous ajoute des ailes d’oiseau, fantaisistes et variées, pour voir ce que l’on pourrait devenir avec cette nouvelle identification ».
On peut également admirer d’autres expressions symboliques de la nature, comme ce scarabée qui se rêve papillon, « Double jeu » dans lequel le bousier est en train de construire des arbres fantastiques en plumes dont un bout est déjà à l’extérieur pour faire comprendre la vocation de tous ces éléments à ne pas rester enfermer. La quête de l’extase de « Phallus » est aussi très intéressante avec son explosion de couleur et de joie débordante, où l’identité mâle et femelle se mêle.
Ces questionnements personnels posent les jalons de ce parcours en abordant le thème de la Nature et sa matière vivante comme source de création sur le fondement de prospections tantôt réalistes, tantôt utopiques. Elles sont autant de pistes d’exploration.
Du 20 février au 2 avril 2022 (14h-18 h)
Deborah Rudetzki