Alors que tous les regards sont portés sur Vladimir Poutine, les Russes pourraient bénéficier d’un appui mieux inspiré dans la personne de celui à qui le Parlement Européen a décerné en novembre 2021 le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. C’est que l’opposant historique de Vladimir Poutine est plus qu’un militant des libertés publiques. Ancien avocat, il a milité contre la corruption et la collusion entre les pouvoirs et les trafics d’argent illégaux. Le leader russe a aussi émis des solutions très intéressantes, notamment dans une tribune publiée dans le journal Le Monde[1], comme nous mettre ensemble autour d’une table et évoquer une solution unique mondiale pour lutter contre la corruption.
Tout d’abord, à chaque sommet international du G20 ou du G7, il semblerait intéressant d’évoquer le sujet de la lutte contre la corruption et de proposer des solutions adaptées. Si les puissances mondiales avaient évoqué ce thème lors des sommets internationaux, probablement les Talibans ne seraient pas revenus aujourd’hui au pouvoir en Afghanistan. Le G20 ou le G7 devrait, en particulier, identifier l’ensemble des pays qui « encouragent la corruption » et instaurer des mesures de sanctions. Nous pouvons bien voir qu’instaurer des sanctions à un groupe de pays bien particuliers ne n’a pas mis fin à la corruption.
Parallèlement, il faudrait contrecarrer le Tinder de la corruption. En effet, si le corrupteur n’avait pas « matché » le corrompu ou inversement, ou que lors de la relation d’affaires, l’un d’entre eux avait « unmatché » l’autre partie, aucun fait de corruption n’aurait pu se produire. Le souci est le suivant : la justice s’intéresse, très souvent, aux corrupteurs et non aux corrompus.
Troisièmement, il s’avérerait important d’exiger une plus grande transparence dans les relations d’affaires. Lorsqu’une société européenne ou américaine établit une relation d’affaires avec une personne morale ayant un lien avec une Personne Politiquement Exposée (personne ayant de hautes fonctions politiques, juridictionnelles ou administratives) ou avec une personne physique impliquée antérieurement dans des faits de corruption avérés, toutes les informations devraient être accessibles au public.
Pour finir, il est indispensable, aujourd’hui, de créer une organisation internationale chargée d’empêcher l’exportation de la corruption publique. En effet, cela permettrait d’éviter toute pression de l’étranger sur des partis politiques nationaux.
Éradiquer totalement la corruption semble utopique mais comme disait Lénine, « là où il y a une volonté, il y a un chemin ». Pour être optimiste, il faut toujours se rappeler qu’avant la ratification par la France en septembre 2000 de la convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption, les pots-de-vins versés par les sociétés françaises pour être retenus sur les appels d’offres internationaux étaient tolérés. Ils étaient considérés par les équipes comptables des sociétés françaises comme des « frais exceptionnels ».
De quoi faire gagner du temps aux corrupteurs et corrompus de haut vol qui gangrènent nos sociétés.
Yani Hadar
Expert en compliance
[1] A. Navalny, « La corruption doit être le principal sujet des sommes internationaux », Le Monde, 19 août 2021