Pourquoi la Russie a-t-elle attaqué l’Ukraine ? Quelle est l’origine du conflit ? Qui est Vladimir Poutine et quelles sont ses intentions ?
L’Ukraine c’est aussi l’histoire d’une nation menacée. Face à l’incompréhension et la sidération, toute l’équipe de la Librairie Ici Grands Boulevards a compilé pour vous une sélection d’ouvrages qui apportent des éléments de réponse à toutes les questions que l’on se pose.
On retrouve dans la sélection de la plus grande librairie indépendante de Paris « La Russie selon Poutine » d’Anna Politkovskaïa qui se demande pourquoi elle n’aime pas Poutine. La réponse ? « Parce qu’il n’aime pas son peuple ! » Parce qu’il se comporte dans la plus pure tradition du KGB dont il est issu, avec un cynisme inégalable. Elle démonte dans son ouvragée les « petits arrangements » qui lient l’homme à la mafia. La journaliste dresse un portrait douloureux de ses concitoyens et de son pays. Au fil des pages, c’est l’inhumanité du régime russe et de son premier dirigeant qui transpire.
La Russie selon Poutine d’Anna Politkovskaïa, éd. Gallimard
Dans l’essai de « Dans la tête de Vladimir Poutine », Michel Eltchaninoff tente de répondre à la question que chacun se pose depuis l’annexion de la Crimée et l’intervention militaire en Syrie, alors qu’en Russie la crise économique s’aggrave : qu’est-ce que Poutine a dans la tête en ce début de siècle de plus en plus imprévisible ?
Dans la tête de Vladimir Poutine de Michel Eltchaninoff, éd. Actes Sud
On peut découvrir aussi le poignant « Ceux du Donbass : chroniques d’une guerre en cours » de Zakhar Prilepine (éd. des Syrtes) ou encore « Poutine, la stratégie du désordre ». Dans cet ouvrage très bien documenté, l’auteur explique qu’isolée par son intervention en Ukraine, la Russie s’est servie du conflit syrien comme d’un tremplin pour revenir en puissance dans les affaires internationales. Le chef du Kremlin use, sans complexe, de méthodes de déstabilisation hors champ et recourt à ses réseaux de l’ombre. Tous les moyens sont bons : ingérence dans des élections, élimination d’opposants, pressions politiques, économiques et énergétiques, cyberattaques, interventions militaires…
Poutine, la stratégie du désordre d’Isabelle Mandraud (éd. Tallandier)
Dans « Comprendre le poutinisme » sont analysés les mécanismes du régime de Vladimir Poutine. Comment le définir ? Avons-nous affaire à une forme d’autocratie, dans la continuité de l’histoire russe, ou à une oligarchie mafieuse ? Quelle est l’influence de l’ex-KGB, sur le mode de pensée des hommes du Kremlin et sur leurs méthodes de gouvernement ? Pourquoi l’opposition donne-t-elle une impression de faiblesse et de division face à un pouvoir dont les échecs sont aujourd’hui flagrants ?
Pour répondre à ces questions, l’auteur se penche sur la genèse et l’histoire du poutinisme. Elle souligne la place de la « com » dans ce système mêlant archaïsme et modernité. La politique étrangère de la Russie est analysée à travers les évolutions de sa politique intérieure. Ainsi apparaît le paradoxe de ce pays : l’affirmation d’une « civilisation russe » tournant le dos à l’Occident cache la passion nihiliste qui anime le Kremlin et qui exerce une influence délétère, en Russie et à l’étranger.
Comprendre le poutinisme de Françoise Thom (éd. Desclée de Brouwer)
On peut relire aussi « La Russie face à l’Europe : d’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine » qui interroge sur la place de l’État-continent au sein de l’Europe : faut-il l’imiter pour mieux la dépasser ou s’en protéger ? D’une plume alerte, en s’appuyant sur un vaste ensemble documentaire, Marie-Pierre Rev explore les tourments de l’identité russe, à la croisée de l’histoire des relations internationales et de l’histoire des représentations.
La Russie face à l’Europe : d’Ivan le Terrible à Vladimir Poutine de Marie-Pierre Rey (éd. Flammarion)
Entre enquête et reportage, « Ukraine, le réveil d’une nation » revient sur les événements clés de la crise ukrainienne, dont l’auteur a été le témoin. Il souligne les contours d’une nation en train de se réinventer et permet de comprendre ce qui se joue, aujourd’hui, dans ce pays nouveau sur la carte de l’Europe, mais dont l’histoire est ancestrale.
Au centre de la nouvelle guerre froide qui s’est installée entre les pays occidentaux et la Russie, les Ukrainiens tentent se rapprocher de l’Europe. Ils l’ont vite payé par l’annexion de la Crimée, puis par un conflit armé alimenté par la Russie, à l’est de leur territoire.
Depuis, malgré la guerre qui se prolonge, l’Ukraine tente de se construire un nouveau destin. Quelles sont ses chances d’y arriver ? D’où est venue cette aspiration à s’émanciper ?
Ukraine : le réveil d’une nation d’Alain Guillemoles (éd. Les petits matins)
On le sait rarement, mais déjà en 1932 ett 1933 le régime stalinien a orchestré la famine du peuple ukrainien qui se solda par près de 4 millions de morts.
S’appuyant sur le décryptage de nombreux archives et témoignages personnels, Anne Applebaum, qui a reçut le Prix Pulitzeroffre un éclairage nouveau sur cette mémoire que l’URSS a tenté d’éradiquer, et nous permet de comprendre ce qui se joue aujourd’hui dans cette partie du monde, notamment entre la Russie et l’Ukraine. Famine rouge est un livre impressionnant par sa documentation incontestable, sa hauteur de vue et les perspectives qu’il dégage — un ouvrage qui fera date.
Famine rouge : la guerre de Staline en Ukraine d’Anne Appelbaum (éd. Grasset)
Dans « La Reconstruction des Nations » datant de 2003 et devenu un classique, Timothy Snyder retrace, sur une durée de plus de quatre siècles, la construction et la reconstruction de l’idée de nation dans l’Europe du Nord-Est.
Selon l’historien américain, cette formule s’est brisée avec la révolution polonaise de 1863 et l’émergence du nationalisme moderne, qui lui a substitué une conception de la nation ethnique, linguistique et religieuse. Cette dernière ne tardera pas à susciter d’innombrables atrocités, qui culmineront, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, dans les provinces de Galicie et de Volhynie, avec les effroyables nettoyages ethniques réciproques entre Polonais et Lituaniens.
La reconstruction des nations — Pologne, Ukraine, Lituanie, Bélarus, 1569-1999, de Timothy Snyder (éd. Gallimard)
Les événements récents sont aussi l’occasion de mesurer combien notre connaissance de l’Ukraine est lacunaire, se limitant souvent aux clichés d’un pays berceau de la Russie, terre des cosaques, grenier à blé de l’URSS et d’une suite de gouvernants entachés par une corruption massive.
Partant de ces idées reçues, Alexandra Goujon dresse un portrait précis et documenté de cette Ukraine, terre de contrastes.
L’Ukraine de l’indépendance à la guerre, d’Alexandra Goujon (éd. Le Cavalier bleu)
L’homme au pouvoir depuis vingt ans reste un mystère… Vladimir Poutine est-il toujours populaire ? Pourquoi a-t-il décidé de changer la Constitution ? A-t-il une opposition politique ? A-t-il gagné la guerre en Syrie ? La Russie veut-elle déstabiliser l’Occident ?
Vladimir Poutine impose de manière spectaculaire sa politique musclée en Ukraine, en Syrie, voire en Libye. Alors qu’il cherche à prolonger ses mandats jusqu’en 2036, de nombreux défis guettent le pays en prise avec des faiblesses structurelles démographiques, économiques et technologiques. Voici cent clés pour mieux saisir les dynamiques de la société russe.
La Russie de Poutine en 100 questions, de Tatiana Kastueva-Jean (éd. Tallandier)
Depuis quelques années, la Russie orchestre des célébrations de plus en plus grandioses de la « Grande Victoire » de la Seconde Guerre mondiale. Une fois par an, d’interminables cortèges défilent au son de chants patriotiques, pour célébrer la « Grande Victoire » de la Seconde Guerre mondiale. On y brandit des photos de vétérans et on y croise le portrait de Staline.
Ces cortèges s’appellent le Régiment Immortel.
Pourquoi ces célébrations monumentales ? Après la chute de l’URSS, la Russie était devenue une puissance régionale pauvre et mal aimée de ses voisins. Le génie de Poutine a été d’utiliser la victoire contre le nazisme pour rendre aux Russes la fierté de leur passé soviétique, en occultant ses côtés sombres. Le peuple russe, qui a gagné la guerre contre le Mal, devient naturellement l’incarnation du Bien.
Fruit d’une vie entière d’observations et de recherches, ce livre nous alerte sur la folie ultra-nationaliste d’un pays qui embrigade ses enfants et militarise la société. L’auteure opère pour ce faire un retour limpide sur la longue histoire messianique de la Russie, racontée avec la rigueur de l’historienne et l’acuité du témoin.
Le Régiment immortel : la guerre sacrée de Poutine de Galia Ackerman (éd. Premier Parallèle)
Du « parapluie bulgare » au Novitchok, de l’espionnage atomique à la cyberguerre, du KGB au FSB, Andreï Kozovoï brosse une vaste fresque peuplée d’agents aux multiples facettes, lesquels ont acquis au fil des ans une expérience sans équivalent, mais aussi un considérable pouvoir de nuisance. Pilier du régime, les services secrets permettront-ils à Vladimir Poutine de maîtriser le monde ou seront-ils le monstre de Frankenstein qui provoquera sa chute ?
Les services secrets russes : des tsars à Poutine d’Andreï Kozovoï (éd. Tallandier)
On parle beaucoup de la guerre en Ukraine, mais Poutine n’a pas livré que ceelle-ci… « Les quatre guerres de Poutine » est un panorama de la Russie contemporaine à travers les guerres livrées par son dirigeant. L’auteur décrit les conflits de territoires en Ukraine, en Géorgie, en Syrie ou en Arctique, mais aussi les offensives symboliques, l’animosité contre les homosexuels ou les femmes et enfin la guerre pour la mémoire.
Les quatre guerres de Poutine de Sergeï Medvedev (éd. Buchet Chastel)
Deborah Rudetzki