Edito
12H12 - dimanche 20 mars 2022

Dix ans après les assassinats islamistes de Mohamed Merah à Toulouse, à quand une journée mondiale contre l’antisémitisme ? L’édito de Michel Taube

 

Mohamed Merah. Il y a dix ans à Toulouse, il donnait le coup d’envoi d’un vague d’assassinats islamistes notamment marquée par le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 et celui du 13 novembre 2015 à Paris, en particulier au Bataclan, suivi de celui de la promenade des Anglais, à Nice, le 14 juillet 2016.

Mohamed Merah avait mis le curseur de l’horreur à un niveau qui aujourd’hui encore hante les Toulousains, et particulièrement les enfants, eux qui n’ont pas vécu ou n’étaient pas conscients du drame qui se jouait à l’école juive Ozar Hatorah, en ce matin du 19 mars 2012. Au nom de l’islam, cet individu, après avoir froidement assassiné des militaires français, tira à bout portant dans la tête de petits enfants, uniquement parce qu’ils étaient juifs. Cette déshumanisation rappelle celle des nazis, dont le fondamentalisme islamique fut proche : pour Mohamed Merah comme pour les nazis, le bourreau et la victime ne sont plus des êtres humains. Depuis, il y eut d’autres drames, comme celui de Samuel Paty, enseignant décapité le 16 octobre 2020 pour avoir montré à des élèves des caricatures du prophète de l’islam, comme si la France était non plus un pays laïc, mais une théocratie islamiste moyenâgeuse.

Mais à Toulouse, ce n’est pas la motivation antisémite ou antifrançaise de Mohamed Merah qui est profondément ancrée dans les esprits. C’est ce geste insensé de loger une balle dans la tête d’enfants, quels qu’ils soient. À Toulouse plane une légende urbaine : l’assassin se serait apprêté à tuer d’autres enfants, notamment d’écoles catholiques. Une légende urbaine, certes, une supposition étayée par aucune preuve. Mais aussi le symptôme indélébile d’une barbarie non seulement injustifiable, mais incompréhensible, car au-delà de toute humanité.

Après la tuerie de l’école Ozar Hatorah, seule la communauté juive avait significativement manifesté son effroi. Les pouvoirs publics voulaient encore croire au « loup solitaire ». Pourtant l’antisémitisme musulman demeure virulent au point de susciter l’exode des juifs d’innombrables écoles publiques, quartiers et mêmes localités de France. Ni le rapprochement d’Israël avec plusieurs pays musulmans (bravo à Trump pour les Accords d’Abraham) ni les prises de positions de leaders d’opinion de la communauté musulmane contre l’antisémitisme n’ont eu guère d’effet sur la jeunesse des territoires perdus de la République.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron, François Hollande, Nicolas Sarkozy, le président de l’Etat d’Israël commémoreront l’indicible à Toulouse.

Presque au même moment, à l’initiative du Pakistan, État néo théocratique gangréné par l’islamisme radical, l’Assemblée Générale des Nations unies a décidé que le 15 mars serait la journée mondiale contre l’islamophobie, terme inventé, non pas pour dénoncer la haine des musulmans, mais pour interdire toute critique de l’islam, même dans sa forme la plus obscurantiste. La démarche résonne avec d’autres ayant pour but d’interdire le blasphème, ou celle ayant abouti à la condamnation de la France en 2018 pour avoir proscrit le voile intégral dans l’espace public, interdiction assurément considérée comme islamophobe.

Pour l’ONU, il s’agit cette fois de « favoriser un dialogue à l’échelle mondiale sur la promotion à tous les niveaux d’une culture de tolérance et de paix fondée sur le respect des droits humains et de la diversité des religions et des convictions ». Tout ce que le Pakistan, toutes les théocraties islamiques et encore trop de pays du monde arabo-musulman exercent. À quand l’abolition du statut raciste de Dhimmi dans ces pays ? À quand une lutte réelle contre l’antisémitisme virulent sur certains campus universitaires où règne le wokisme, et dans nos banlieues où Mohamed Merah est un héros pour trop de jeunes (et parfois de moins jeunes).

Revevons à Toulouse : en octobre 2021, le grand imam de Toulouse avait été relaxé après avoir appelé au meurtre des juifs, ce qui n’a posé aucun problème aux juges, qui l’ont relaxé. Qu’avait-il dit (en arabe) ? « Le jour du jugement ne parviendra que quand les musulmans combattront les Juifs, le Juif se cachera derrière l’arbre et la pierre, et l’arbre et la pierre diront : Oh Musulman, oh serviteur de Dieu, il y a un Juif derrière moi, viens et tue-le, sauf Algharqada, qui est l’un des arbres des Juifs ». L’argument employé par les juges pour le relaxer était sidérant : ses propos n’auraient pas été racistes car ce texte est une citation du Coran. Autant dire que selon les juges en question, la Shariah est supérieure aux lois de la République.

La réalité est que l’antisémitisme a prospéré en France dans ces territoires perdus de la République et les juifs le savent bien.

Si un pays musulman a donc fait instaurer par l’ONU une journée mondiale contre l’islamophobie, il serait légitime que cette vénérable institution en instaure une autre, cette fois contre l’antisémitisme. Pourquoi pas le 19 mars, jour où Mohamed Merah montra ce à quoi peut conduire ce sentiment. Cette Journée inaugurerait en France la Semaine contre le racisme qui a lieu dans les établissements scolaires. 

Une Journée mondiale contre l’antisémitisme serait la meilleure façon de rendre hommage au victimes juives toulousaines il y a dix ans.

 

Michel Taube

Directeur de la publication