Promenons-nous dans les rues de la capitaine ukrainienne par une belle journée de l’été 2021. Le temps de l’insouciance, avant le Covid et surtout, avant la guerre. Cette balade virtuelle ne rend que plus insoutenables les images de Kiev assiégée, Kiev pas encore détruite, comme le sont déjà plusieurs villes du pays, conquises par les forces russes.
Kiev, été 2021, l’été dernier. Les gens déambulent dans les rues, les avenues, les parcs. Les visages sont heureux, radieux, les terrasses des cafés sont bondées. Où sont les nazis de Vladimir Poutine ? Les nazis, ce serait plutôt lui et la clique de ses fidèles. Ces images, le criminel de guerre paranoïaque qui règne sur le Kremlin ne les a pas vues, ne veut les voir. La démocratie, la liberté, la joie de vivre, tout cela lui insupporte au plus haut point. Poutine, le voleur de vies. Car même pour ceux qui ne périront pas, y compris les milliers de jeunes soldats russes, chair à canon, le bonheur simple que l’on voit sur cette vidéo est définitivement envolé. Leur vie est à jamais brisée.
Regardons ces gens heureux, ces enfants qui jouent, ces couples qui se promènent, qui savourent la vie. Rien ne permet de justifier qu’on la leur arrache, surtout pas la folle dérive d’un esprit dérangé, non pas nécessairement d’un point de vue médical, qui croit que la Seconde Guerre mondiale n’est pas terminée, qu’il faut peut-être achever le travail de Staline et corriger l’erreur historique que fut à ses yeux l’effondrement de l’URSS, ce qui commence par faire de toute l’Ukraine une province russe.
Et après ? Regarderons-nous bientôt avec nostalgie les gens déambuler dans les rues de Rome, de Berlin ou de Paris ? Vladimir Poutine va-t-il s’arrêter à la frontière ukrainienne ? Va-t-il menacer l’Europe de destruction totale si elle tentait de l’empêcher de reprendre SA Pologne, SA Hongrie, SES pays baltes… Le pire, lorsqu’il est irrationnel, est improbable. Mais n’était-ce pas déjà ce que l’on pensait à Kiev, il y a quelques semaines ?
Été 2021 dans les rues ensoleillées de Kiev. Regardons encore et encore ces images de carte postale, si récente et pourtant déjà ancienne. Et quand le film se termine et que l’on passe sur une chaine d’infos, l’effroi n’en est que plus glaçant. Tu n’avais pas le droit de faire ça, Poutine. Tu n’avais pas le droit de détruire la vie de ces innocents qui n’avaient rien demandé, qui se fichaient de tes analyses géopolitiques. « The Russians love their children too », chantait Sting en 1985. Si c’est le cas, et c’est le cas, l’espoir n’est pas perdu. Un jour, on se promènera à nouveau dans les rues de Kiev, pas une belle journée ensoleillée.
Michel Taube