Edito
12H59 - vendredi 25 mars 2022

Et si les Français votaient massivement le 10 avril ? L’édito de Michel Taube

 

 

L’INSEE rapporte ce matin que près de 48,7 millions d’électeurs sont inscrits sur les listes électorales, soit 95 % des Français en âge de voter. Ils sont 856000 de plus qu’il y a un an. L’actuelle recrudescence des inscriptions serait-elle le signe que l’anesthésie citoyenne inoculée par le Covid et le variant Poutine (le fameux confinement des esprits que nous dénonçons depuis deux ans) perdrait-elle de son efficacité, au grand dam du docteur Macron ? Jusqu’alors, les enquêtes d’opinion laissaient envisager une forte abstention, sauf chez les électeurs du sortant. Tous derrière le chef, et inutile de discutailler du sexe des anges (le chômage toujours supérieur à celui des pays voisins, le pouvoir d’achat en berne, la déliquescence de la justice et celle de l’hôpital, l’insécurité croissante, l’école et l’université gangrénées par le wokisme, l’intégrisme islamique, l’immigration incontrôlée qui avaient dominé le début de la campagne électorale…). Certes, rien n’indique que les concurrents d’Emmanuel Macron auraient fait mieux.

Le frémissement constaté sur les listes électorales s’explique aussi par la possibilité de s’y inscrire en ligne, sur internet. C’est une avancée, mais on ne s’aurait s’en satisfaire. Dans un monde ultra connecté où tant de démarches, y compris déclarer et payer ses impôts, se font en ligne, il serait temps que nos gouvernants comprennent que nombreux sont ceux, en particulier les jeunes, qui n’ont que faire de la solennité du vote dans un isoloir. Certes, celui-ci doit être conservé, mais sans exclure la possibilité d’un vote par internet. Évidemment, cela nécessite une organisation particulière, éventuellement une généralisation du vote électronique, même dans les bureaux de vote, afin d’assurer une juste comptabilisation des suffrages et garantir l’absence de fraude. Le faire n’est qu’une question de volonté politique, et accessoirement de moyens. Mais face au risque d’une abstention croissante et généralisée, il serait salutaire que le futur président de la République s’engage sur cette voie. Aucun candidat, pas même Jean-Luc Mélenchon, marxiste d’un autre âge, mais très friand de « high-tech » (il va réitérer ses meetings en hologramme) n’a formulé cette proposition.

L’abstention est le cancer des démocraties. Elle donne corps à cette formule attribuée à Jean-Louis Barrault et reprise par Coluche : « La dictature c’est ferme ta gueule » ; la démocratie c’est « cause toujours » ! » Certes, notre Vème République si verticale nous conduit à signer un chèque en blanc au Président de la République, mais il est évident que sa légitimité ne peut qu’être affectée par une forte abstention.

Pour l’heure, réjouissons-nous donc de cette vague d’inscriptions, qui malgré les circonstances et les rares débats entre candidats, laisse présager un regain d’intérêt des Français pour la chose politique. Après tout, causer dans le vide vaut mieux que fermer sa gueule. C’est un droit auquel il ne faut renoncer à aucun prix.

Ceci dit, les chiffres de l’INSEE doivent aussi être relativisés : désormais un jeune qui atteint ses 18 ans est automatiquement inscrit sur les listes électorales. Ces jeunes adultes savent-ils seulement qu’ils sont inscrits ? Les pouvoirs publics ont-ils prévu de les y sensibiliser ? Lorsqu’on sait qu’ils voteraient Le Pen en majorité, pas sûr que les efforts de sensibilisation soient si massifs.

Allez, Mbappé, Orelsan et Cyril Hanouna, osez un petit clip de 30 sec sur Tik Tok pour appeler les jeunes de 18 ans à voter les 10 et 24 avril et vous rebattrez les cartes de la présidentielle !

 

Michel Taube

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