La ville et le canton de Genève, en Suisse, se sont dotés de leur propre stratégie climat le mois dernier. L’objectif final ? Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 en suivant une feuille de route élaborée sur-mesure par la métropole. Une idée qui pourrait être reprise en France.
« La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur d’un mortel » analysait déjà Charles Baudelaire en 1861. Plus de 150 ans plus tard, les politiques d’adaptation urbaine en Europe s’intensifient à mesure que le dérèglement climatique gagne du terrain. Genève a même mis les bouchées doubles. La ville suisse de 200 000 habitants a présenté à la presse sa stratégie climat, comprenant 78 mesures, le mois dernier. Sa particularité ? Elle s’applique uniquement à la ville et à son canton.
Le conseil administratif genevois avait fait de « l’urgence climatique sa priorité depuis le début de la législature », a appuyé Frédérique Perler, la maire de la municipalité, en conférence de presse. Dès sa prise de fonction, en 2021, la Ville s’était aussitôt empressée d’établir une grille d’objectifs à remplir dans les années à venir. Son premier axe de réussite ? « Réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 » résume la politicienne. À ce titre, la deuxième ville la plus peuplée de Suisse entend diminuer drastiquement les places de parking en surface, et cela sans compensation, en les remplaçant par des arbres. Autre exemple : la mise hors service des 508 véhicules municipaux au profit de véhicules électriques. Toutes ces mesures ont pour but final de neutraliser les émissions de CO2 dans la ville à compter de 2050.
Combattre le réchauffement climatique autrement
Le rapport de 2021 du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, est sans équivoque : « Plus d’un milliard de personnes seront confrontées d’ici à 2050 à des risques aggravés par le climat », si l’humanité reste les bras ballants. Consciente de la situation actuelle, la France s’est engagée dès 2019 à parvenir, comme Genève, à un équilibre entre rejet de CO2 d’un côté et absorption des émissions de l’autre, pour 2050 également.
Hier journée mondiale de l’eau. Le dernier rapport du GIEC nous rappelle que la moitié de l’humanité subit déjà des pénuries d’eau liées au réchauffement climatique. Plus que jamais, repousser l'échéance d'une bifurcation écologique de grande ampleur, c'est nous condamner. pic.twitter.com/o78VjTQiX5
— Ludovic Brossard (@Ludo_Brossard) March 23, 2022
A la différence toutefois de la cité de Calvin, surnom de Genève, Paris vient de publier un point d’étape du Plan national d’adaptation au changement climatique. La stratégie vise « à mettre en œuvre les actions nécessaires pour adapter les territoires » aux exigences du dérèglement. Mais la feuille de route tracée actuellement suppose la mise en place d’objectifs nationaux plutôt que locaux. Si la nécessité d’agir pour l’environnement doit être globale, les résultats seraient peut-être plus efficaces en déclinant les efforts ville par ville. Dans ce sens, la métropole de Genève, pionnière et modèle en la matière, pourrait servir d’exemple à la France dans la finalisation du Plan national d’adaptation au changement climatique, prévu pour 2024 au plus tard.
Noé Kolanek