Dans la nuit du 16 au 17 février, un homme est mortellement heurté par un tram, à Bobigny (Seine Saint-Denis). Un accident de la circulation, pour la police. Mais une vidéo circule déjà sur les réseaux sociaux, montrant tout autre chose : Jérémy Cohen a été molesté par une bande d’une quinzaine d’individus avant de fuir la meute jusqu’aux rails. Un crime plus qu’un accident en marge d’une agression ? Un symbole des violences urbaines commises par des sauvages qui ne méritent pas d’être des citoyens !
La police et la justice ont-ils refusé de prendre en compte cette vidéo ? Pas de vague ! On connaît la chanson, et on la chante plus que jamais en période électorale. Car la Kippa retrouvée près des lieux de l’agression et les images de cette vidéo font craindre la dimension antisémite de l’agression. N’en déplaise d’ailleurs à l’avocat du papa de Monsieur Cohen dont on peut s’étonner de la mollesse dans la défense des intérêts de son « client ».
Les agresseurs de Jérémy Cohen savaient-ils qu’il était juif ? Portait-il sa kippa ? Pourquoi l’ont-ils agressé alors qu’il était handicapé, toujours gentil et bienveillant ? Leur haine n’a d’égale que leur lâcheté, cette lâcheté qui en conduit d’autres (ou les mêmes) à bruler ou saccager les voitures, les commerces, les services publics, les écoles de leur propre quartier, et qui échappent presque toujours aux foudres mouillées d’une justice impuissante, parfois complaisante.
Il a fallu que les proches de la victime enquêtent en lieu et place de la police et ressortent cette vidéo accablante pour que le parquet de Bobigny décide d’ouvrir une information judiciaire pour « violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».
Franck Serfati, l’avocat de la famille de la victime, dit faire confiance à l’enquête, refuse à ce stade de qualifier l’acte d’antisémite et met en garde contre l’instrumentalisation politique de l’affaire. Voilà qui sied au candidat Emmanuel Macron qui a néanmoins senti le danger d’un nouveau dérapage du « pas de vague, pas d’amalgame » : il a donc fait contacter les parents de Jérémy Cohen par les services de l’Elysée pour leur faire part de sa compassion et leur assurer que la lumière sera faite sur cette affaire.
Pourtant, on ne peut qu’être scandalisé par l’étouffement initial de ce crime, dont on a voulu faire un simple accident. A certains égards, ce début de mascarade juridico-policière rappelle même l’affaire Sarah Halimi, où la Justice semblait considérer qu’un assassinat antisémite ne peut être perpétré au nom de l’islam. Le cannabis, dont l’assassin islamiste fut gros consommateur (comme vraisemblablement les agresseurs de Jérémy Cohen), lui donna prétexte à lui épargner un procès.
Les islamogauchistes et indigénistes à l’indignation si sélective refusent de s’interroger sur la raison de l’exode des populations juives de nombreuses communes, notamment d’Île-de-France (et pas seulement de Seine Saint de Denis). Ceux qui, comme à Sarcelles, n’ont pas quitté leur ville, vivent quasiment barricadés, chaque sortie de leur ghetto s’apparentant à une expédition dangereuse. Dans les quartiers nord de Paris, les élèves juifs sont majoritairement scolarisés dans le privé, l’école publique ne parvenant plus à les protéger de l’antisémitisme ambiant.
Jean-Luc Mélenchon, à l’instar des autres candidats à la présidentielle, demande que la lumière soit faite sur cette affaire. Mais n’avait-il pas déjà laissé entendre que les crimes de Mohamed Merah à Toulouse en 2012 (il avait notamment tiré à bout portant dans la tête d’enfants) pourraient relever du complot contre les musulmans ?
Période électorale ou non, nous attendons de la justice qu’elle protège nos concitoyens. Des magistrats ou des politiques auraient-il voulu étouffer cette affaire et faire croire à l’accident de circulation ?
Ce dysfonctionnement de la justice tombe mal car il est révélé quelques jours du premier tour de la présidentielle. Une aubaine pour Marine Le Pen, voire pour Éric Zemmour désormais distancé, diront la gauche et la macronie. Moins sans doute que ne le furent le Covid et la guerre d’Ukraine pour Emmanuel Macron. Sauf que ce scandale est national, et qu’il faudra bien que la violence, l’antisémitisme et le séparatisme qui gangrènent nos banlieues soient traités à leur juste mesure. Il est temps d’en finir avec le déni de réalité.
Michel Taube