Amélie Nothomb, nous venons d’assister à la remise du Prix de la Closerie des Lilas, attribué cette année à Elena Piacenti pour « Les silences d’Ogliano » (Actes Sud). Vous m’avez confié être très inquiète pour la première fois. Pourquoi êtes-vous si inquiète ?
Pour la première fois, dans dix jours, ce n’est pas certain que le président de la République française sera quelqu’un de convenable. Pour la première fois, il y a un vrai risque que l’extrême-droite prenne le pouvoir dans ce pays. Ce n’est encore qu’une hypothèse mais le simple fait que cette hypothèse soit recevable, suffit à m’inquiéter très profondément.
Je ne suis pas Française [Amélie Nothomb est Belge, NDLR], je ne vote pas dans ce pays mais je vis dans ce pays et j’appelle les Français à une prise de conscience. Ce qui se passe est vraiment très grave. Si Marine Le Pen prenait le pouvoir, ce serait un vrai changement et pour le pire.
Vous avez presque un troisième pays, le Japon, cette autre partie de vous-même qui n’est pas Française. Comment l’élection de Marine Le Pen serait-elle perçue dans le monde entier, par l’autre partie de vous-même qui n’est pas française ?
Ça serait un drame pour le monde entier. La France est un peu le poumon du monde. Elle doit le rester.
Propos recueillis par Michel Taube