Match nul et donc petite victoire pour Marine Le Pen mais les jeux sont faits !
Le grand débat (pas celui qui a suivi la crise des gilets jaunes) a bien eu lieu mais il n’aura servi qu’à figer les lignes des deux duettistes du second tour de l’élection présidentielle.
Rassuré le camp Le Pen d’avoir vu sa championne faire oublier la bérézina de mai 2017. Rassuré le camp Macron de retrouver un candidat offensif que le président en exercice avait occulté pendant toute la campagne électorale.
Un peu voûté, parfois technocratique, Macron avait parfois une gestuelle de premier de la classe qui s’ennuie. On ne se refait pas ! Marine Le Pen, elle, a été plutôt tendre sur le bilan d’Emmanuel Macron et elle a presque oublié de l’attaquer sur sa posture jupitérienne, condescendante, hautaine que les Français ont découverte pendant le quinquennat. Attitude que le président-candidat, lui, ne s’est pas privé de renouveler hier en saisissant toutes les opportunités d’attaquer sa rivale, notamment d’entrée de jeu sur le prêt russe du Rassemblement National. L’ombre de Poutine pesait parfois sur la soirée. « Vous mentez sur la marchandise », lui a lancé Macron à plusieurs reprises. Mais paradoxalement, le président sortant a moins insisté qu’en 2017 sur les incohérences de sa rivale sur l’Europe, principale pierre d’achoppement de son programme. Un débat trop lisse au final dont trop de téléspectateurs attendaient un KO debout.
Si les deux journalistes animateurs ont eu le mérite d’aborder des sujets rarement évoqués (dépendance, GAFAM…), les thèmes chers à la droite nationaliste sont plutôt passés au second plan : l’immigration, très peu abordée, la sécurité à peine survolée. Certes, Marine Le Pen a pu rappeler qu’elle comptait bien interdire le port du voile dans la société, mais elle n’a pas repris suffisamment Emmanuel Macron lorsque ce dernier a osé confesser sa crainte d’une guerre civile. Si cette peur n’est pas la signature d’une soumission à l’islamisme ! En pleine forme ou avec un Eric Zemmour en face d’elle, Marine Le Pen aurait pu lui décocher un « Monsieur Macron, vous êtes le Président de la soumission ».
Le duel de second tour 2022 n’entrera pas dans l’histoire des débats présidentiels. Même les petites phrases furent rares : « vous êtes un climato-hypocrite » pour l’une ; « avec la Russie vous parlez à votre banquier » pour l’autre. « Des éoliennes, oui, mais pas au Touquet tout de même »…
C’est à se demander si cette formule du grand débat de second tour n’est pas épuisée et s’il ne faudrait pas la remplacer, un peu à l’américaine, par trois débats d’une heure entre les deux tours sur des thématiques clairement identifiées : économie et pouvoir d’achat, sécurité et régalien, institutions et gouvernance.
Au fond, ces trois heures d’échanges plutôt policés ne furent que le reflet de l’ensemble de la campagne électorale : des enjeux de fond à peine effleurés, un concours de valeurs certes posé entre le mondialisme européiste de l’un et le nationalisme localiste de l’autre.
Au final, Emmanuel Macron avait raison de conclure : les deux candidats sont si différents l’un de l’autre que c’est un référendum plus qu’une élection présidentielle auquel sont soumis les Français dimanche 24 avril !
Mais à moins d’un effondrement de la participation électorale, souhaitée par les mélenchonistes, les jeux semblent faits !
Michel Taube
RDV mardi 26 avril pour le Live du Mardi avec Opinion Internationale
Je m’inscris Mardi 26 avril à 19h sur Zoom : bilan de l’élection présidentielle /Débat Solutions pour la France « Faut-il créer un McKinsey public au sein de l’Etat ? » avec Patrick Pilcer, Philippe Latombe et des décideurs engagés au coeur de l’actualité.