« Vous aviez à choisir entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur. Vous aurez la guerre. » Cette célèbre pique attribuée à Churchill visait le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, revenant de la conférence de Munich, en 1938, où il venait de se coucher devant Adolf Hitler.
Lors du débat télévisé du 20 avril 2022, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, le premier brandit le spectre de la guerre civile dans les banlieues si la seconde, devenue présidente de la République, interdisait le port du voile islamique, un souhait partagé par 60 % des Français, selon le dernier sondage CSA pour CNEWS, publié le 21 avril.
Effectivement, en matière d’islam politique, la politique d’Emmanuel Macron est largement marquée par le « pas de vague », et aussi par un certain clientélisme, en particulier après un premier tour de scrutin dont un des enseignements fut l’émergence d’un vote musulman. Jean-Luc Mélenchon en fut le grand bénéficiaire. Aux législatives, ce sera le cas de son parti islamogauchiste LFI. Un jour pourrait émerger un homme (et non une femme !) politique musulman, sorte de Tariq Ramadan à l’image ripolinée pour feindre l’élégance républicaine, qui portera directement la voix d’un séparatisme identitaire et religieux qui caractérise déjà la majorité des jeunes Français musulmans : la Oumma (communauté des croyants de l’islam) avant la République, la charia avant la loi, comme dans le roman Soumission de Michel Houellebecq. Nous n’en sommes pas là, mais si effectivement l’interdiction du voile devait provoquer la guerre civile, ce serait la démonstration que le séparatisme est effectif et profond, et que l’islam est de moins en moins soluble dans une République laïque. Si le risque de guerre civile est devenu réalité, c’est parce que la République n’a cessé de céder devant les avancées de l’islam politique. Les Frères musulmans, redoutable confrérie dont le dessein est d’imposer l’islam moyenâgeux en France et sur la planète, après l’avoir imposé dans les pays musulmans en voie de sécularisation, utilise le voile comme étendard de son combat, au mépris des femmes qui se croient libres de leur choix.
Emmanuel Macron ne veut pas la guerre (civile), à l’instar de Chamberlain et de son confrère français Daladier en 1938. Il n’a pas choisi le déshonneur, mais une forme de soumission, de renoncement, de lâcheté. Il y a un juste milieu entre l’interdiction totale du voile islamique et ce genou à terre qui préfigure d’autres renoncements. Lorsque la Turquie musulmane et laïque d’avant Erdogan interdit le voile à l’université, la Cour européenne des droits de l’homme lui donne raison, parce que déjà les Frères musulmans utilisaient ce « vêtement » comme étendard du prosélytisme. Les universités françaises sont aujourd’hui noyautées par l’islam politique, avec la complicité active de l’extrême gauche, des indigénistes, des pseudos féministes et pseudos écologistes. De même, les accompagnatrices scolaires sont aujourd’hui bien plus souvent et plus radicalement voilées qu’il y a 20 ou 30 ans. Dans les entreprises, la loi et la jurisprudence n’autorisent l’employeur à exiger la neutralité que des seuls salariés en contact avec la clientèle.
Chaque fois que l’on a restreint l’expression religieuse, l’islam politique et ses collabos promettaient la guerre civile, en particulier lorsque Jacques Chirac eut le courage (qui en l’espèce fait cruellement défaut à Emmanuel Macron) d’interdire les signes religieux ostensibles à l’école, ou lorsque Nicolas Sarkozy fit interdire la dissimulation du visage dans l’espace public. Rappelons que ce texte fut également attaqué par les islamistes devant la Cour européenne, laquelle jugea qu’un pays peut proscrire le voile intégral (et non la dissimulation du visage) au nom du « vivre ensemble » et du « choix de société ».
Aujourd’hui, nombre de fonctionnaires musulmanes ôtent leur voile en arrivant au travail, et il en irait vraisemblablement rapidement de même des étudiantes (comme en Turquie), des accompagnatrices scolaires ou des salariées du secteur privé, si l’employeur fait choix de neutralité.
Nous sommes arrivés à un stade où il faut marquer les limites de l’expansion religieuse, en l’espèce d’un islam qu’il faut aider à se séculariser, par la conviction et parfois la contrainte. Il est regrettable que nous n’ayons le choix qu’entre le renoncement et la guerre civile. Le premier risque fort de conduire à la seconde, et il sera alors trop tard pour méditer la formule de Churchill.
Michel Taube