Article paru le 7 avril 2022
La France se meurt d’un excès de jacobinisme, surtout lorsque son chef se prend pour Jupiter… La France, ce n’est pas qu’un Etat puissant. Ce sont aussi 34000 communes, des milliers d’inter-communalités, une centaine de départements, des régions et, ne les oublions pas, des pays, ces terroirs qui font la richesse, la diversité, la puissance de la France.
La France, c’est un alliage subtil entre l’Etat et ses collectivités locales. Or, le moins que l’on puisse dire, c’est que ces cinq dernières années, ce fut du grand « je t’aime moi non plus ! ».
Certes, Emmanuel Macron, méprisant au départ avec les terroirs, prétend avoir beaucoup appris, compris, mûri depuis cinq ans, notamment au contact des élus locaux. Comment aurait-il pu en être autrement lorsque l’on se souvient que les Français ont confié le pouvoir à un jeune premier de 40 ans ? La crise des gilets jaunes a donné à Emmanuel Macron l’idée du Grand Débat national et a permis au chef de l’Etat d’aller au devant de milliers d’élus locaux. Tant mieux !
Mais la réalité est que les mesures fiscales, le millefeuilletage institutionnel ont nourri depuis des années voire des décennies une méfiance réciproque entre l’Etat et les élus locaux.
Si un homme peut en témoigner, c’est Jacques Myard. Le maire de Maisons-Laffitte en a vu passer des présidents de la République : François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron.
Comme nous le confie ci-dessous l’édile de la Cité du cheval (et des livres avec le nouveau Prix Littéraire Jean Cocteau!), dans un grand entretien réalisé dans le bureau de sa belle Mairie, les maires se meurent, en tout cas s’épuisent, des excès de bureaucratie et de réglementations imposés par des obligations de rapports qui tournent à l’absurde. Seconde plaie du système : « le garrot financier » que l’Etat, à la suite de réformes fiscales successives, a imposé aux collectivités locales.
Quel que soit le nom du prochain hôte de l’Elysée, Jacques Myard adresse au prochain chef de l’Etat deux messages importants : faites confiance aux élus locaux, laissez-les agir dans l’intérêt de leurs administrés !
Et d’ajouter une idée forte : « renforçons la décentralisation, certes, mais aussi la déconcentration des services de l’Etat. L’un des grands écueils du système, c’est la faiblesse des moyens des préfets. Les représentants de l’Etat sont sensés remplir des missions vitales. Ils n’en ont souvent tout simplement pas les moyens. »
Si l’on veut que le couple Maire – préfet fonctionne enfin, idée dont Jean Castex, une fois nommé premier ministre, avait fait l’alpha et l’omega de sa politique, la France doit profondément revoir son architecture locale.
Tout un programme suggéré par Jacques Myard pour le prochain Président de la République !
Michel Taube