On connaît les accointances de Jean-Luc Mélenchon pour le Venezuela de Chavez et de Maduro. Parmi les candidats de la Nupes en lice pour être élus au Palais Bourbon, il en est un, dans la dixième circonscription de Paris, dont les valeurs, le regard et les origines tendraient vers une autre gauche sud-américaine : celle d’Allende et pourquoi pas d’un de ses héritiers, le nouveau président de la République du Chili, Gabriel Boric.
C’est que Rodrigo Arenas est né au Chili et a suivi à l’âge de 4 ans ses parents réfugiés politiques en France. Ses années d’ado ont dû être bercées par le combat politique de son père.
Ah le Chili et la France ! Le Chili est certainement à l’Amérique latine ce que la France est à l’Europe. Et, s’il est élu député, il faut espérer que Rodrigo Arenas œuvrera à renforcer l’intérêt des Français pour ce continent sud-américain si francophile et que les Français ignorent trop souvent.
Rodrigo Arenas n’est pas novice en politique : « être élu n’est pas un métier mais il faut en connaître les codes », nous confie le candidat attablé à un restaurant cubain de sa circonscription, La.Habana Paris. Il a été membre d’Europe Écologie Les Verts tendance Dany Cohn Bendit. Un libéral dans la Nupes ? La cohabitation au sein des gauches s’annonce rock n’roll !
C’est tout de même surtout pour ses faits d’armes dans la société civile que Rodrigo Arenas a dû être investi pour les législatives. Il a présidé la FCPE, la principale Fédération de Parents d’Élèves, de 2018 à juillet 2021. Auteur de « Dessine moi un avenir » (éd. Actes Sud, 2020) avec Edouard Gaudot et Nathalie Laville, et de « Itinéraire d’un parent d’élève », il a participé à la rédaction du volet éducation du programme de gouvernement adopté par la Nupes. Quelle loi pourrait porter son nom pendant le quinquennat ? Sans hésiter la gratuité de tous les services rendus par l’école publique. La cantine bien sûr, mais aussi les fournitures scolaires et tous les pans de la vie scolaire. Jules Ferry apprécierait.
Rodrigo Arenas ne veut pas rester prisonnier de son histoire : la sécurité alimentaire est un enjeu majeur sur lequel il compte s’investir s’il est élu dimanche. Sur un autre défi titanesque, il se dit partisan de dompter plus que d’interdire cette « révolution civilisationelle » que constitue le numérique. A l’école, les instituteurs sont mal formés alors que l’apprentissage du codage devrait être une priorité nationale.
Arenas sera-t-il élu dimanche ? Il a la chance d’être arrivé en tête du premier tour des législatives et d’avoir en face de lui une députée sortante d’En Marche (pardon, de Renaissance et d’Ensemble !) dont nous n’avons trouvé dans sa circonscription quiconque pour apprécier son travail d’élue sortante. Le bilan de la macronie est aussi là !
La République en marche avait fait souffler en 2017 un vent de jeunesse, de société civile et de féminité sur les bancs de l’Assemblée Nationale… C’est au tour de la Nupes, et de personnalités comme Rodrigo Arenas, de tenter désormais de ne pas décevoir. La clé tiendra dans la rivalité qui ne manquera pas de monter entre les Robespierre et les Danton qui composent cette gauche plus rouge que verte à notre goût. Dépasser les postures, les idéologies, réformer certes mais « autant que possible », s’inspirer, comme nous le confie Arenas, d’un Mandela pour réconcilier, rassembler, et non cliver et diviser, tel sera le défi de ces novices en politique.
Décidément, Jean-Luc Mélenchon, dont Rodrigo Arenas nous jure qu’il capte la complexité des choses bien mieux que sa caricature le laisse croire, a de quoi s’inspirer des Chiliens…
Michel Taube
Avec Shaïna Arnerin et Rayan Benhamdane-Chevalier