Candidat de gauche anti-NUPES aux élections législatives sur la 5ème circonscription du Calvados, j’ai été sévèrement battu. Avec 4,5% des voix au 1er tour, je ne réalise même pas les 5% (à 200 voix près…) qui m’auraient permis d’être remboursé de mes frais de campagne. Endetté à hauteur de 32 000 €, j’en suis réduit, comme Valérie Pécresse, à faire appel aux dons. Les boules…
Alors que s’est-il passé ? Pourquoi cette défaite ? Qu’aurais-je dû faire différemment ? Quelles erreurs ai-je commises ?
En toute lucidité, autopsie d’un échec en mode retour et partage d’expérience. C’est parti !
Et à la fin, le budget simplifié de ma campagne, les montants jusqu’à présent collectés et les moyens de me soutenir. A vot’ bon cœur M’sieurs Dames.
Le témoignage vérité, honnête et qui fait du bien à la politique de Xavier Brunschvicg, qui, après son 10ème Ironman le 10 juillet, retournera à son métier de communiquant avec son agence Clashman Corp.
UNE SUPER CAMPAGNE ET UN POSITIONNEMENT TRÈS CLAIR
Je me suis présenté avec un positionnement politique extrêmement clair : celui d’une gauche républicaine, européenne, laïque, écologiste, sociale et crédible. Bref, la gauche réformiste et sociale-démocrate qui essaie de ne pas raconter de bobards aux gens. J’étais en opposition frontale avec la NUPES et son programme mélenchoniste.
Sur ma circonscription de centre droit et plutôt conservatrice, c’était la seule gauche capable de rassembler au second tour et de l’emporter face au candidat macroniste. La gauche radicale, elle, n’avait aucune chance de l’emporter. Je reste convaincu que, pour la gauche, j’étais le seul candidat en capacité de gagner. Tout mon enjeu était de passer le premier tour. Car une campagne législative se perd au premier tour mais se gagne au second. La NUPES avait plus de chance que moi de passer le premier tour mais moins de chance que moi de gagner au second. Toute ma stratégie était de briser cet étau et de démontrer que le vrai vote utile à gauche contre Emmanuel Macron, c’était moi. Force est de constater que je n’y suis pas parvenu…
C’est moi qui ai fait la campagne la plus longue. Plus d’un an que je suis sur le terrain, que je laboure le territoire, que je fais tous les marchés de ma circonscription…
J’ai également été très présent dans la presse locale avec de multiples articles, y compris cet hiver, au sujet de mes initiatives.
Mes tracts et documents ont tous été salués en raison des contenus que j’ai mis en avant. J’ai rendu publique dès novembre une profession de foi de 12 pages. Mon papier « Votez pour gagner ! Ni Macron ni Mélenchon » a été unanimement salué pour sa qualité rédactionnelle et graphique, son honnêteté, sa lucidité et la clarté du positionnement exprimé. J’ai publié de multiples vidéos sur des sujets divers et variés.
J’ai même organisé un événement très original : « la circo à vélo ». 200 km de vélo en une journée pour aller à la rencontre des forces vives du territoire. Super reportage publié sur ma chaîne Youtube, de très nombreux articles de presse et même le Soir 3 régional. Bref, un carton.
Donc j’ai vraiment fait le boulot et ça s’est vu. Seul mon concurrent de LR Cédric Nouvelot a autant fait campagne que moi. Et lui non plus, alors qu’il est hyper implanté, hyper connu, Conseiller départemental et régional n’a pas été qualifié pour le second tour…
La presse, les élus locaux, mes concurrents et les citoyens ont beau avoir salué ma campagne (et qualifier celle de ma concurrente à gauche de « effacée »), cela n’a pas suffi. La question à 1 million d’euros est la suivante : si je n’avais pas fait campagne, mon score eut-il été différent ? Je n’aurai jamais la réponse…
LAMINÉ PAR DES ENJEUX NATIONAUX, LE VOTE « UTILE » ET LES CONTRADICTIONS DES FRANÇAIS
Quoi qu’on dise, que l’on s’en félicite ou qu’on le déplore, une élection législative reste une élection nationale. C’est très bien d’être connu et implanté localement, mais ce sont avant tout les enjeux nationaux qui priment. Une leçon à ne jamais oublier !
Valérie Harel, ma concurrente de la NUPES à gauche l’a bien compris. En juin dernier, elle me disait qu’elle était hostile aux partis politiques et qu’elle voulait leur « mort ». Mais comme elle voulait se présenter aux législatives et qu’elle était consciente qu’elle avait besoin du soutien d’un parti, elle a finalement adhéré à EELV avant de les quitter quelques semaines plus tard car Sandrine Rousseau avait perdu la primaire face à Yannick Jadot. Elle s’est ensuite rapprochée de LFI et a dit que si elle était élue elle siègerait avec les mélenchonistes. Et puis quand les accords NUPES ont attribué ma circonscription à EELV, elle s’est à nouveau rapprochée de EELV. De la bonne vieille tambouille politicienne. Étonnant de la part d’une candidate « citoyenne » hostile aux partis politiques… Quant à sa ligne politique, anticapitaliste, décroissante et féministe différentialiste, elle n’avait aucune chance de fédérer.
Mais ça a marché ! Je dois le reconnaître.
Car les électeurs, ils s’en fichent des programmes. Ils ne les lisent même pas. Les déterminants du vote, en tout cas à gauche, ont été essentiellement les suivants (l’ordre peut varier selon les personnes) :
1. voter contre Macron,
2. voter pour la candidate ou le candidat qui incarne le rassemblement de la gauche et de l’écologie et ce même s’ils sont en profond désaccord avec le programme de la NUPES.
Alors oui j’ai eu de réels soutiens, de nombreux électeurs de gauche anti NUPES m’ont dit qu’ils voteraient pour moi. Même des gens plutôt à droite ont apprécié la qualité de ma campagne et le caractère à la fois assumé mais constructif et modéré de mes propositions. D’ailleurs, 4,5% en candidat indépendant, c’est pas si mal…
Mais face au rouleau compresseur mélenchoniste, j’ai été littéralement laminé. Les gens n’ont pas cherché à faire dans le détail : je suis de gauche et contre Macron alors je vote NUPES ! Point. Aucune nuance… Ils s’en foutaient complètement des candidats et de leurs propositions politiques. Ils ont voté pour des étiquettes. L’une de mes erreurs aura été de croire que je pouvais me soustraire à cette lame de fond et que ma campagne pouvait faire la différence. J’ai été présomptueux. Ou naïf.
Ils sont quand même contradictoires les Français… Ils gueulent contre les partis, disent qu’ils ne proposent rien, veulent renverser la table mais ce sont les mêmes qui soit ne vont pas voter, soit votent pour les candidats « officiels », refusent de prendre les tracts qu’on leur donne et encore plus de les lire (c’est fatigant de lire 4 pages…).
Le résultat, c’est une vie politique qui s’articule presque exclusivement autour de 3 blocs antagonistes : la gauche radicale, le centre libéral et l’extrême droite. Personnellement, je refuse de rester otage de cette tripartition. S’y résigner constituerait une aporie démocratique et conduirait inéluctablement à la montée des extrêmes. On en voit d’ailleurs déjà le résultat avec une Assemblée Nationale profondément divisée et une dissolution qui semble inéluctable à moyen terme.
Je demeure un ardent partisan du rassemblement de la gauche et de l’écologie et considère que certes il y a des gauches fondamentalement différentes, mais qu’elles ne sont pas irréconciliables. Si l’on souhaite que ce rassemblement soit victorieux et puisse concrètement être utile aux catégories populaires et aux classes moyennes, alors c’est la gauche de gouvernement, la gauche crédible et réformiste qui doit être la force centrale de ce rassemblement. Le résultat des législatives en est l’illustration la plus flagrante. La NUPES a été un succès électoral car elle a permis de faire élire de nombreux députés. Mais elle a été un échec politique non seulement parce que les voix de gauche n’ont pas progressé depuis 2017, mais également parce que la NUPES n’est pas majoritaire au sein de l’Assemblée Nationale.
INCAPABLE DE FÉDÉRER UN COLLECTIF ET D’OBTENIR UNE AIDE EXTÉRIEURE
Cela fait plus d’un an que j’essaie, sur ma circonscription, de rassembler l’ensemble de la gauche et de l’écologie, sans nier nos différences et en assumant la singularité de mon positionnement réformiste. Je l’ai fait lors des élections départementales en juin 2021, avec l’association des Amis de Jean Jaurès Bessin / Côte de Nacre, tout l’hiver et au printemps. Mais j’ai échoué.
Pourquoi ai-je échoué ? J’y vois plusieurs raisons mais n’hésitez pas à m’en donner d’autres. Ce n’est pas toujours facile de faire preuve de lucidité et d’autocritique.
J’ai voulu aller trop vite et suis resté trop seul. J’étais, et je reste, persuadé que pour gagner sur ma circonscription, il fallait rassembler la gauche, partir très tôt en campagne et proposer une offre politique modérée et constructive. Bref, pas mélenchoniste. Alors je suis parti bille en tête. J’ai moins tenté de faire émerger ma candidature que de l’imposer. C’était une erreur. Mais en même temps, comment aurais-je pu faire différemment ? Si je n’avais pas avancé, je n’aurais de toute manière jamais été désigné par la NUPES car j’étais hostile à cet accord.
Je n’ai pas su fédérer un collectif de militants autour de moi. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais mon territoire est devenu un désert militant et plus aucun parti politique à gauche n’y a d’existence institutionnelle. C’est terrible. Les seuls qui parviennent à exister, d’un point de vue militant, sont des mouvements citoyens tendance écolo mais qui refusent de s’engager politiquement, ou alors des militants de la gauche radicale. Ces derniers sont capables d’aligner des troupes, comme Valérie Harel la candidate de la NUPES l’a démontré, mais ils sont condamnés, en tout cas sur ma circonscription qui est sociologiquement modérée, à la marginalité politique car ils ne seront jamais en capacité d’être majoritaires et de remporter une élection.
Je n’ai pas réussi à attirer de grandes pointures nationales. Certes Stéphane Le Foll m’a fait un joli mot de soutien pour ma campagne mais si j’avais pu avoir un Bernard Cazeneuve, cela m’aurait aidé et sans doute permis d’obtenir les 200 voix manquantes pour être remboursé de mes frais de campagne. Pourtant j’ai essayé de l’avoir…
Je suis trop indépendant des partis politiques. Je crois aux partis politiques. Je considère qu’ils sont consubstantiels à la démocratie, malgré leurs travers. J’ai passé près de 20 ans au PS. Je suis maintenant au PRG. Je suis donc affilié à un parti politique. Mais je refuse de rentrer dans les combines, les luttes de tendance, les motions, les coups bas et compagnie. C’est pas mon truc. Je ne veux rien devoir à mon parti ni être redevable de quoi que ce soit. Je suis loyal et discipliné mais tiens à conserver mon autonomie intellectuelle et la sincérité de mon engagement. Pour moi, la principale qualité d’une femme ou d’un homme politique, c’est de pouvoir dire merde. Et pour pouvoir dire merde, il ne faut pas dépendre du parti. Il faut avoir une vraie vie en parallèle, avec un vrai métier et des ressources propres. Il faudrait, pour obtenir un mandat national, que je rentre dans une écurie ou une tendance. Je n’aime pas ça.
QUELQUES RAISONS D’ESPÉRER…
Bon un peu d’espoir quand même !
D’après les « experts », non seulement j’ai réalisé une super campagne, tout le monde me connait maintenant, je suis perçu comme un type sympa, de qualité, tolérant et sérieux mais de surcroît, malgré mes 4,5%, j’ai plutôt bien réussi à mobiliser mon électorat. Le candidat Macroniste a fait un très mauvais score au 1er tour. Il a très peu mobilisé son électorat. Le LR a bien mobilisé son électorat lui aussi (même si cela n’a pas suffi). La candidate NUPES a réussi à capter l’essentiel de l’électorat de gauche mais n’a pas réussi à le surmobiliser. Quant à moi, si on compare le nombre de voix que j’ai obtenues avec celles obtenues par Anne Hidalgo à la présidentielle sur la circonscription par exemple, j’ai clairement fait un carton. C’est ma seule consolation : avoir réussi à rassembler un grand nombre de voix de la gauche sociale-démocrate, malgré Macron et la NUPES.
Une petite graine a été semée. Je mets la pédale douce quelques mois sur la politique parce c’est important de faire un break et de prendre du recul mais je continuerai à m’investir sur ce territoire que j’aime passionnément et dans lequel je me sens si bien, tout en continuant à exercer mon mandat de Conseiller municipal à Saint-Cloud.
Pour moi, la politique n’est pas une profession ou une ambition. C’est avant tout un engagement, un mode de vie et une éthique personnelle. Alors les électeurs ne sont pas prêts de se débarrasser de moi. Prêt pour la prochaine dissolution !
J’ai beau être battu et endetté, je suis content et fier de cette campagne. J’ai livré un beau combat et ai défendu de belles convictions. Oui c’est dur la politique et c’est souvent très injuste. Mais c’est ainsi et il faut l’accepter. Vous qui n’en faites pas, ayez une petite pensée à la fois respectueuse et chaleureuse pour celles et ceux qui sont engagés et vous permettent de vivre en démocratie. Parce qu’on est quand même mieux en France qu’en Corée du Nord ou en Russie.
Xavier Brunschvicg
APPEL AUX DONS ET TRANSPARENCE SUR MES COMPTES DE CAMPAGNE
J’ai dépensé 32 000 € pour ma campagne. Je les ai financés en intégralité par un prêt bancaire et suis dans l’incapacité de le rembourser.
J’ai ouvert une page de collecte en ligne et je reçois de nombreux dons. A ce jour, j’en suis à 15 000 € de collectés. Pas mal du tout mais pas suffisant.
Si vous le souhaitez, vous pouvez faire un don en ligne sur : https://www.onparticipe.fr/cagnottes/CsTUdOrj
Vous pouvez également m’envoyer un chèque (sans commission, contrairement au site) à l’ordre de « N. Courtial Mand Fin de X. Brunschvicg » au 46 rue Ferdinand Chartier 92210 Saint-Cloud.
Tous les dons, en ligne ou par chèque, recevront un reçu fiscal. Ils sont déductibles de vos impôts à hauteur de 66%. Un don de 100 € ne vous coûte que 33 €.
Voici le détail de mes dépenses :
DISTRIBUTION TRACT PAR LA POSTE : 16 100 € (moitié du budget !)
Distribution d’un tract de 6 pages « Ni Macron ni Mélenchon » par La Poste dans les 58 000 boites aux lettres de la circonscription. Cher mais super important et très impactant.
– Impression tract : 8 000 €
– Distribution par La Poste : 8 100 €
AUTRES TRACTS ET AFFICHES : 6 500 €
– Profession de foi « Engagez-vous » 12 pages 2 000 exemplaires + Flyer A5 10 000 ex : 900 €
– Tract 4 pages A5 « Ne votez pas pour moi » 5000 ex + 10 affiches : 600 €
– Affiches officielles (480 ex) et affichettes : 700 €
– Circulaires officielles (96 557 ex) et bulletins de vote (203 148 ex) : 4 300 €
GRAPHISME : 3 400 €
Mise en page de tous les tracts, affiches, visuels, bulletins de vote, circulaires flying banner, comptoir, éléments web etc.
DIVERS : 800 €
Drapeaux, comptoir, 2 tee-shirts imprimés, téléphone, enveloppes timbrées, Chevalet…
INDEMNITÉS KILOMÉTRIQUES : 3 200 €
Obligatoire dans les comptes de campagne. Plus de 5 000 kms parcourus pour réunions, marchés, collages etc.
INTERÊTS EMPRUNTS + EXPERT COMPTABLE : 2 000 €
Part des intérêts pouvant être imputés au compte de campagne et honoraires expert comptable (obligatoire) pour dépôt du compte de campagne.