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05H33 - samedi 3 septembre 2022

Mon hommage à Mikhaël Gorbatchev, initiateur d’ITER, par Philippe Charlez

 

Les femmes et les hommes qui ont marqué positivement l’Histoire sont très rares :  Henry IV et Charles de Gaulle pour la France, Winston Churchill pour la Grande Bretagne, Abraham Lincoln pour les Etats-Unis.

A ce Panthéon des Grands Hommes figure incontestablement Mikhaël Gorbatchev. Même si sa « Perestroïka » fut à terme un échec politique plombé par un passé stalinien irréformable construit sur la terreur et le mensonge, Gorbatchev acquit durant les six petites années de son mandat une autorité morale qui inspire aujourd’hui encore le plus grand respect. 

Sa volonté de réforme ne s’arrêta pas au plan intérieur. Partisan de la détente[1], en rupture totale avec l’agressivité de ses prédécesseurs, il fut aussi un grand novateur en termes de coopération internationale. Convaincu que l’URSS se ruinait dans la guerre froide en consacrant 15% de son PIB aux dépenses militaires, il fut le premier dirigeant soviétique à proposer une réduction bilatérale des armes stratégiques. Son initiative conduisit le 8 décembre 1987 à signer avec le président Américain Ronald Reagan le premier traité de désarmement de l’ère moderne. Il est aussi celui qui accepta la libéralisation des pays du Pacte de Varsovie écrasés depuis 40 années sous le joug soviétique et celui qui autorisa la chute du mur de Berlin et la réunification allemande sous la houlette d’Helmut Kohl.

Sa politique internationale l’amena aussi à proposer au président Reagan le lancement d’une collaboration internationale pacifique sur la fusion nucléaire[2] : le projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor). L’idée émergea lors de sa célèbre rencontre avec Ronald Reagan, à Genève en novembre 1985. Sa proposition se concrétisa deux ans plus tard par la signature d’un premier accord entre l’Union Européenne, le Japon, l’Union Soviétique et les États-Unis. Par après, la Chine et la Corée du Sud (2003) puis l’Inde (2005) rejoignirent les quatre protagonistes. L’Accord final fut officiellement signé le 21 novembre 2006 par les ministres des sept Membres d’ITER réunis au palais de l’Élysée, à Paris, en présence du Président français Jacques Chirac et du Président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Installé près de Cadarache dans la vallée de la Durance, ITER[3] vise à démontrer la faisabilité de la production d’électricité à partir de la fusion nucléaire. ITER est en train de construire le plus grand Tokamak de l’histoire : une enceinte de 6,2 m de diamètre dont la température sera portée à 150 millions de degrés pour réaliser la fusion de l’hydrogène). ITER n’a pas vocation à produire de l’électricité mais à démontrer à l’horizon 2035 que ce Tokamak géant est capable de produire 10 fois plus d’énergie que le système n’en reçoit en entrée. Si l’expérience est concluante, un nouveau projet sera construit avec « objectif électrogène » à l’horizon 2050. En d’autres termes, la production industrielle d’électricité à partir de la fusion nucléaire n’est pas attendue avant une cinquantaine d’années.

Quand on sait que la transition énergétique se caractérisera par le « grand remplacement » des équipements thermiques par des équipements électriques, en produisant massivement de l’électricité décarbonée ITER pourrait libérer pour quelques millénaires l’humanité de sa geôle énergétique, pérenniser la société de croissance et renvoyer aux oubliettes collapsologues et autres décroissantistes.

Au-delà de la technologie ce serait aussi une éclairante démonstration quant à l’efficacité de la coopération internationale face à la montée des égoïsmes nationaux. En ce sens, Gorbatchev avait compris beaucoup de choses. Pour cette raison et contrairement à son sinistre cadet, son nom restera positivement gravé dans l’Histoire.

Hommage à l’artiste !

 

Philippe Charlez

Expert en Questions Énergétiques à l’Institut Sapiens

[1] https://www.histoiredumonde.net/L-oeuvre-de-Gorbatchev-de-la.html

[2] https://www.iter.org/fr/proj/iterhistory

[3] https://www.iter.org/fr/accueil

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