La soif de la démocratie n’a jamais été apaisée par les processus avortés de démocratisation en Iran qui ont commencé il y a plus d’un siècle. Ces soubresauts témoignent du profond malaise politique qui frappe ce pays.
Dans ce contexte, il faut garder en tête la situation géopolitique du pays, entremêlé d’un côté entre la présence des ressources d’énergies fossiles et de l’autre sa proximité régionale avec l’ancien bloc de l’Union Soviétiques et Israël. À cela s’ajoute également l’interprétation dogmatique du chiisme par les clergés comme outil de propagande du régime.
Sans ces éléments spatio-temporels, les vestiges de ce mal politique seraient bien différents. Par le mal politique, j’entends la révolution, l’installation du totalitarisme religieux et son durcissement progressif, la guerre, la désobéissance religieuse comme crime, les morts en masse, les sanctions dévastatrices, le refus de la parole… Ainsi et dans ce contexte, l’exigence de suivre et de respecter la morale islamique et la surveillance imposée à chaque comportement individuel n’ont pour but que de rendre les hommes « superflus », pour reprendre la formule d’Hanna Arendt, c’est-à-dire de trop. Ces hommes dites « superflus » sont considérés et jugés dans la société sur la base de leur pratique religieuse. L’accès à l’éducation et au travail est aussi défini sur cette même base.
Nous voilà au cœur d’un nouveau type de totalitarisme issu de la révolution islamique ayant été déterminé par des croyances—conscientes voire inconscientes —de la population. Gardons ce point et essayons de nous rappeler rapidement les événements ayant formé l’histoire contemporaine iranienne depuis la révolution islamique des ayatollahs : il est intriguant de voir que cette dernière se déroule comme dans un film de science-fiction dépassant toute imagination destructrice et effroyable où l’horreur s’ajoute à l’horreur.
L’incommensurabilité des crimes commis par le régime islamique rend la communauté internationale impuissante et provoque une sorte du nihilisme envers les Iraniens. Mais cette ultime étape, ce que nous vivons en ce moment, doit briser tout nihilisme. Or elle dit oui au désir le plus profond d’une nation assoiffée de démocratie.
Voilà une nation capable constituée des femmes et des hommes capables. Une nation à l’image de l’homme capable de Paul Ricoeur. Celui qui a le pouvoir, non pas un pouvoir qui s’exerce sur quelqu’un… mais un pouvoir qui est de dire, d’agir et de raconter. Cette nation veut tenir sa promesse à savoir être enfin libre.
Elle engage ainsi devant les yeux du monde entier « la promesse de la promesse », la promesse de sa parole qui exprime son désir pour la liberté.