Faire la soudure entre les piquets de grève de la CGT Total et la grande Marche sur Paris de Jean-Luc Mélenchon annoncée pour dimanche 16 octobre : tel est l’objectif tactique de ces enragés qui veulent tout faire pour qu’éclate une nouvelle crise sociale et que sonne enfin le début de la troisième mi-temps des présidentielles et des législatives.
Il faut dire qu’Emmanuel Macron aide grandement à la réussite de ce scénario catastrophe : depuis dix jours et le déclenchement de la grève chez Total, le gouvernement français a louvoyé, feint d’ignorer que la pénurie d’essence commençait à entraver sérieusement la vie des Français, sous-estimé la gravité du bras de fer entre la plus fortunée des entreprises françaises et la plus idéologue des centrales syndicales, de surcroît en perte de vitesse et l’enjeu d’une succession à couteaux tirés pour l’après-Martinez.
Se payer Macron ? Les Insoumis et leurs soumis de la Nupes en rêvent ! Sur le dos des Français ? C’est leur fonds de commerce.
Mais, pire, c’est à se demander si Emmanuel Macron lui-même ne joue pas avec le feu en laissant pourrir la situation. Pourquoi diable ne réquisitionner que les raffineries d’Esso-Exxonmobil tout en « épargnant » celles de Total ? Pourquoi puiser dans les réserves stratégiques, ce qui n’est jamais bon, surtout lorsque l’avenir est si incertain ? Il pourra s’expliquer ce soir dans la nouvelle émission politique de France 2. Ce sera « L’Événement » en effet !
Le libéral que nous sommes prône un interventionnisme étatique stratégique fort lorsque la crise foudroie l’économie : c’est exactement ce qu’avait fait Obama en 2008 en sauvant l’industrie automobile américaine. C’est ce que le Royaume Uni a fait récemment en votant une super-taxe sur les revenus exceptionnels que l’explosion des prix génère pour les énergéticiens.
Oui, Total qui s’enrichit fortement avec la flambée du prix du pétrole, aurait pu décider d’une forte augmentation des salaires de ses collaborateurs sans aller au bras de fer. Et Emmanuel Macron et Bruno Le Maire auraient pu négocier ce geste avec Patrick Pouyanné.
Dans ce conflit, tout est caricatural. Les postures de chacun, l’Intendance qui ne suit pas (qu’on nous explique pourquoi les stations d’essence sont si vite vides), la macronie qui s’énerve avec l’effet de manche (enfin… du doigt) de Bruno Le Maire contre les députés RN.
Et dire que dans les couloirs du Palais Bourbon se murmure le souhait d’Emmanuel Macron de dissoudre très vite l’Assemblée nationale. La rue lui en laissera-t-elle le temps ? Le tout au grand bénéfice de Marine Le Pen qui, une fois de plus, récolte sans même devoir semer. Cela, ni la gauche ni Macron ne veulent le voir.
On le sent tous : avec une inflation foudroyante, la guerre en Ukraine qui redouble d’intensité, la France marche sur des chardons ardents. Si dimanche 16 octobre Jean-Luc Mélenchon réussit son coup de force, comme propulsé sur une rampe de lancement par les cégétistes de Total comme des lièvres avant le sprint final de l’athlète, on repartira pour des violences sociales majeures.
Le tout avec une police presque rebelle (les protestations de la base dans la police judiciaire sont éloquentes) et peut-être pas si motivée que dans les années gilets jaunes pour protéger les Palais de la République en cas de débordements.
Ce n’est pas encore la révolution de Mélenchon, mais c’est déjà la chienlit !