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18H06 - jeudi 13 octobre 2022

Fadima Diawara : « le smartphone africain est arrivé ! Il s’appelle Kunfabo »

 

Fadima Diawara est une jeune entrepreneure guinéenne, fondatrice de la startup Kunfabo et conceptrice du premier smartphone africain lancé sur le marché. Depuis 2016, cette juriste de formation, muée par la passion pour les gadgets et l’innovation technologique, a réussi à occuper, avec succès, une niche au milieu des géants internationaux. L’originalité principale de son smartphone, vendu pour le modèle de base, 100 euros, consiste à proposer des applications typiquement africaines comme « Find Me », une géolocalisation des zones de santé et les pharmacies à proximité, sur l’ensemble du continent, « Afro Cook », une application de recettes africaines ou encore une autre de paiement mobile.

 Frappée de plein fouet par une réalité économique dégradée en Guinée, Fadima Diawara se tourne aujourd’hui vers d’autres pays de la sous-région et espère attirer l’attention d’investisseurs étrangers…

Entretien.

 

 

Eric Bazin : « Fadima Diawara, comment vous est venue l’idée de fonder Kunfabo, qui signifie « être en contact » en malinké ? Racontez-nous votre parcours ? »

Fadima Diawara : « Kunfabo répond à un besoin de communication entre les personnes sur le continent africain. Depuis le début de cette incroyable aventure entrepreneuriale, j’ai voulu créer une marque Africaine, à laquelle il est aisé de s’identifier. Le concept de Kunfabo est de proposer aux Africains un smartphone de qualité, conforme aux réalités Africaines, tout en valorisant leurs besoins, leur singularité et surtout les accompagner dans leur vie quotidienne.

Passionnée d’innovations et des nouvelles technologies. Grâce à mon diplôme en droit, obtenu à l’Université Lansana Condé de Sonfonia de Conakry, puis mes études de gestion administrative et comptabilité, j’ai acquis une expérience professionnelle dans le domaine de la logistique internationale, du marketing et des ventes dans différentes multinationales présente sur le territoire guinéen. Ces différentes expériences professionnelles m’ont donné une vision globale du business.

Titulaire d’un MBA in digital Entrepreneurship et Business Management, j’ai pu, à 36 ans, m’imposer grâce à mes idées, a vision et ma créativité. »

 

Où en êtes-vous du développement de ce téléphone 100% africain ?

Nous avons dépassé le phénomène de mode, nous sommes en train d’écrire le futur de notre continent ! Mon ambition est de pouvoir fédérer des investisseurs africains et étrangers pour créer une unité d’assemblage de smartphone en Guinée. Kunfabo sera toujours en constante évolution mais bien focus sur les besoins réels du marché africain objectif. Notre slogan «because it’s your right» explique précisément cela. Kunfabo a lancé déjà trois modèles depuis 2020 : F99, B20, F99 Pro, disponible pour cet automne. D’autres produits innovants sont à l’étude et en attente de définir les vrais besoins, à des prix abordables et une qualité certifiée. On suivra les indications du marché low-cost, pour faciliter l’accès aux services mobiles de toute la population.

 

Quels sont vos concurrents sur le marché africain et quels sont leurs arguments commerciaux comparés à votre téléphone ?

Nos concurrents, sur le marché africain, ce sont les marques low-cost déjà établies, à savoir les marques chinoises qui sont les rois du marché africain n’offrant que du bas de gamme, très peu cher à l’achat.

  

 Votre téléphone intègre des applications pré installées, totalement africaines, pouvez-vous nous en citez quelques-unes ?

Sa particularité principale est de favoriser l’inclusion numérique.  Equipés d’applications purement Africaines comme Find Me qui permet la géolocalisation de centres de santés, hôpitaux, pharmacies de proximité. En mettant la technologie au service de la santé, on sauve des vies. On trouve aussi l’application de recettes Africaines, Afroccok. Cette dernière valorise l’art culinaire Africain. Ou encore, Dikalo, messagerie Africaine facilitant le paiement mobile.

 

A 36 ans, quels sont vos projets ?

Continuer l’expansion de Kunfabo et la couverture de la Guinée comme pays d’origine de la marque. Démarrer l’internationalisation de la distribution en partant de l’Afrique, en s’appuyant sur le rayonnement des Ambassadeurs Kunfabo. Nos perspectives sont d’être leader du marché Africain en matière de téléphonie et grandir. Notre objectif est de produire en Afrique dans notre usine pour créer des emplois, former des professionnels et enfin générer de la richesse.

 

Quels sont les pays africains où Kunfabo est aujourd’hui commercialisé et combien coûte vos téléphones ?

Kunfabo est commercialisé en Guinée. Nous vendons également en ligne à travers notre site internet : www.kunfabo.com. Nous avons également des ambassadeurs dans cinq pays à travers lesquels nous faisons connaître la marque pour mieux la vendre. Notre dernier modèle, lancé cet automne, le F99 Pro, est vendu à 170 euros. Nous avons énormément de demandes dans la sous-région. Nous travaillons actuellement sur une stratégie d’expansion et de diversification de notre startup pour répondre aux besoins exprimés par les clients potentiels.

 

La situation politique du pays ne perturbe-t-elle pas votre développement ?

La situation politique nous affecte énormément car nos paiements sont tous bloqués. Par notre statut de startup, nous avons besoin de liquidités pour faire face à nos dépenses et obligations. Cette situation nous porte préjudice et nous freine beaucoup. Il est aussi très compliqué de convaincre des investisseurs de croire en nous, tellement la réalité économique de notre pays reste inquiétante.

 

Quelles sont les mesures mises en place aujourd’hui par votre société, Kunfabo, pour faire face à la situation économique de la Guinée ?

Nous résistons comme nous pouvons. C’est dans ce climat incertain que nous avons décidé d’explorer d’autres marchés de la sous-région où l’atmosphère et la constance de la gouvernance sont plus propices au développement d’une jeune entreprise comme la mienne, et de l’économie en général.

 

Propos recueillis par Eric Bazin

Le LAB