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04H10 - mardi 18 octobre 2022

Iran : ce qui a dit le Président Macron sur France 2 le 18 octobre 2022

 

Le discours des dirigeants occidentaux face à la situation iranienne semble être homogène ; même si depuis quelques jours on constate que l’administration de Joe Biden, le Président américain, évolue et évoque clairement le changement du régime des Ayatollahs.

Néanmoins, ces dirigeants doivent être attentifs au fait que la question des droits des femmes qui était la puissante étincèle pour réactiver à nouveau la révolution en marche des Iraniens a créé une forme de cordon sanitaire autour du régime des ayatollahs en Iran. Le revers de ce réductionnisme pourrait être lourd.

Dans ce contexte, on retient deux points centraux de l’entretien du 12 octobre 2022 du Président de la République sur France 2 : premièrement, la France soutient le combat des Iraniens, notamment le combat mené par les femmes iraniennes, face au régime islamique car il va dans le sens des valeurs universelles partagées et défendues par la France.

En second lieu, on apprend que la France ne va pas au-delà de ce soutien car l’Iran est considéré comme un État souverain.

 

Un soutien appuyé aux Iraniens

Le Président de la République a insisté sur le combat des Iraniens pour défendre les valeurs universelles défendues par la France. Ce court message adressé aux Iraniens a un poids considérable. En réalité, les Iraniens ont souffert depuis plus de quatre décennies de l’absence de reconnaissance de la part de la communauté internationale ainsi que d’une sorte d’amalgame injuste entre la République Islamique et leur pays, l’Iran, ses traditions et sa culture. Ne représentant pas une nation mais une idéologie, la République islamique fait agoniser tout un peuple depuis son avènement en Iran.

L’admiration et le soutien du Président de la République ont été adressés à une population qui pour la première fois depuis quarante-trois ans a réussi à dégager véritablement ses « horizons d’attente », ceux qui étaient jusqu’ici si sombres et douteux. Le présent et le passé des Iraniens apportaient une telle préoccupation qui dérobait férocement leur avenir, cet avenir frileux qui allait advenir sans aucun espoir de résurrection.

Mais les Iraniens avec leur courage inouï ont réussi à dégager les horizons d’un lendemain où la liberté et l’égalité seront les mots d’ordre. Les Iraniens sont en train de montrer au monde qu’ils partagent et qu’ils se souviennent des valeurs universelles de l’humanité. Ils démontrent aussi comment l’expérience du totalitarisme religieux, en guise d’apprentissage nécessaire, les a entraînés vers la « civilisation universelle ».

 

L’Iran est un État souverain

La souveraineté de cet État ne passe pas par le pouvoir, mais par la violence. Toutes les contraintes imposées par cet État sont rejetées par les Iraniens. Elle n’a aucune légitimité car ce qui est exercé par l’État est la violence démesurée et non pas le pouvoir.

Un État n’est guère souverain sans sa population et sans une reconnaissance mondiale. La population de ce pays rejette tout appartenance à un tel État dont la volonté n’est déterminée que par celle du guide suprême. Cette aversion qui existe depuis toujours entre la population et l’État met encore plus en difficulté la considération de la République Islamique comme un État souverain.

Sous un autre angle, « le nœud du problème est que l’État est Volonté » et que cette volonté est l’exercice d’une idéologie violente, rejetée par une grande partie des États dans le monde. Cette violence exercée dans sa plus grande brutalité a réduit la République Islamique à une sorte d’organisation criminelle aux yeux de la communauté mondiale.

L’Iran sous la République Islamique ne ressemble donc guère à un État souverain. Mais un jour très proche, le pouvoir sera exercé dans le cadre d’une organisation rationnelle de la communauté historique des Iraniens que l’idéologie cruelle et agressive de la République Islamique a tant voulu anéantir.

Ce jour viendra où, après avoir traversé seul des vagues de tempêtes funestes, après avoir fait le deuil des générations brulées, après avoir fait enterrer les plus vaillants de ces femmes et de ces hommes, l’Iran sera à nouveau un État souverain.

Ceci dit, Emmanuel Macron n’a fait que respecter le langage de la diplomatie où les droits internationaux définissent les lignes directrices. Ses réponses étaient brèves et riches d’enseignements.

Le Président de la République a été juste et prudent vis-à-vis de ce qui se passe en Iran. Il a eu raison car, « c’est toujours la prudence qui est la clé de l’avenir » comme l’a écrit Paul Ricœur dans un de ses nombreux dialogues avec Éric Weil.

 

Azadeh Thiriez-Arjangi

Philosophe franco-iranienne, spécialiste de Paul Ricoeur 

 

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