Il y a trois mois commençait la Révolution Femme Vie Liberté en Iran.
Il y a trois mois mourrait la jeune Mahsa Amini. Son crime ? Avoir laissé dépasser une mèche de ses cheveux. Mahsa Amini, première martyre de cette révolte d’un peuple qui, cette fois-ci, ne s’arrêtera pas sans la chute du régime des mollahs et de ses affidés.
Car depuis trois mois, la peur a changé de camp.
Depuis trois mois, contrairement aux émeutes de 2009, dans tout le pays, les manifestations, les grèves et les défis aux autorités se multiplient. Femmes, étudiants, commerçants, professions libérales, parents se mobilisent. Dans les diasporas, des dizaines de milliers d’Iraniens, contraints – ou convaincus d’y être soumis – de se taire jusque-là, osent s’afficher au grand jour pour soutenir cette révolution. Des témoignages abondent de toutes parts, comme le relate Engareh Alirezaï qui nous rejoint pour développer la rubrique « Iran C’est une révolution ! ».
Des associations, des collectifs se montent de toutes parts : rien qu’à Paris, l’association Homa, créée dès les premières manifestations, organise tous les dimanches un rassemblement parisien. Le collectif Femme Azadi, des avocats comme le collectif ZZA, des artistes dans le collectif Baraye, les monarchistes, des militants de la laïcité en Iran comme HamAva, tous les corps de la société iranienne s’activent. Des pétitions circulent comme cette belle Lettre ouverte au Président Emmanuel Macron lancée fin septembre par l’avocat Sahand Saber et qui réunit déjà 2500 signatures.
En Iran des femmes-courage comme l’avocate iranienne Nasrin Sotoudeh, reçoivent des prix et la protection de l’opinion publique internationale. La résistance iranienne s’organise.
Les États libres commencent à se mobiliser, certes trop timidement et surtout trop lentement, à l’instar de l’Assemblée nationale qui a voté le 28 novembre une résolution bien timide, heureusement à l’unanimité, pour faire pression sur le régime des mollahs. Comme souvent, les opinions publiques vont plus vite que les politiques : les actrices du cinéma français ont coupé une mèche de leurs cheveux et les organisations professionnelles (juristes, médecins…) commencent à se mobiliser. Mais c’est encore bien trop timide au regard des enjeux !
Certes, l’Iran vient d’être exclue de la Commission de la condition de la femme de l’ONU. C’est bien, mais c’est d’ONU Femmes que ce régime devrait être exclu. Une cinquantaine de personnalités et d’organisations du régime iranien sont frappées de sanctions par l’Union Européenne, là où le Canada en cible 11000 ! De multiples sanctions devraient être prises pour mettre le régime des mollahs au ban des nations et hâter sa chute, comme nous le réclamions déjà en octobre.
Ensemble contre la peine de mort en Iran
Pour l’heure, inclinons-nous devant la mémoire de Mahsa Amini. Et pour les trois mois de son assassinat, c’est la peine de mort, arme tranchante d’un régime sanguinaire, qui mobilise toutes les protestations. C’est que déjà deux condamnés à mort ont été exécutés pour avoir manifesté leur soutien à leurs sœurs, leurs épouses, leurs mères de la Révolution Femme Vie Liberté : il s’agit de Mohsen Shekari et Majid Reza Rahnavard. En réponse, des personnalités européennes comme des députés scandinaves parrainent des condamnés à mort iraniens et communiquent sur leur sort en guise de digue de protection.
Dans le monde entier, ce week-end [voir ci-dessous], des manifestations auront donc lieu, de Los Angeles à La Haye, de Paris à Montpellier pour dénoncer notamment cette machine à tuer.
Nos amis iraniens réveillent en nous notre devoir d’universalité : pour le fondateur d’Ensemble contre la peine de mort et de la Journée mondiale du même nom que nous sommes, et qui en octobre 2004 marchait devant l’Opéra Bastille avec Robert Badinter, le bâtonnier de Paris à l’époque, Yves Repiquet, et des milliers de manifestants à l’occasion du 3ème Congrès mondial contre la peine de mort, ce sera un émotion de se retrouver demain sur les marches de la Bastille pour appeler le régime des mollahs à cesser d’exécuter ses opposants légitimes.
Et dimanche, comme pour prendre date, l’association Homa vous donne rendez-vous ce dimanche 18 décembre à Neauphle-les-Châteaux, triste lieu du souvenir pour les Iraniens. C’est dans cette commune des Yvelines que l’ayatollah Khomeini vécut pendant quatre mois avant de retourner à Téhéran le 1er février 1979 et d’y prendre le pouvoir le 11 février de la même année.
Le 1er février, ce sera un peu pour l’Occident et, reconnaissons-le pour beaucoup d’Iraniens aussi, la journée de la honte, la journée de l’introspection, la journée où l’on pourra se convaincre qu’il est temps d’en finir avec ces petites compromissions qui ont accouché de grandes tragédies. En France, la première affaire du voile, à Creil en 1989, fut montée de toutes pièces par des affidés des mollahs iraniens. On sait, 33 ans après, la place qu’a pris le voile dans la France des quartiers et bien au-delà.
C’est donc à cette date du 1er février 2023, où l’Occident permit à un futur tyran de voler vers son destin funeste, qu’Opinion Internationale tiendra sur Zoom le 1er Forum international « Ensemble pour la révolution Femme Vie Liberté ».
Michel Taube
Éditorialiste, fondateur d’Opinion Internationale et d’Ensemble contre la peine de mort (président et porte-parole de 2000 à 2007)