Un pays qui se déchire sur la question des retraites est un pays bien vieillissant ! Un symptôme parmi tant d’autres du décrochage de la France.
Comme dans un miroir, le fait que le plus jeune des présidents de la République nous ait présenté la retraite comme la mère des réformes, quel paradoxe !
Autre contradiction : à vouloir partir plus tôt à la retraite, les opposants à toute réforme voient-ils seulement que l’espérance de vie en bonne santé recule plus on est oisif et inactif ? Car, surtout pour les hommes (n’en déplaise aux pseudo-féministes qui veulent nous unisexuer), c’est souvent dans l’année qui suit le départ à la retraite que le déclenchement de maladies chroniques et la mortalité surviennent.
La France va se retrouver bloquée une fois de plus pour une querelle sociale : certes, le gouvernement a raison de réformer le régime des retraites mais avait-il besoin de faire du report de l’âge légal (largement théorique pour de nombreux Français) un totem idéologique, alors que l’individualisation des parcours professionnels, véritable progrès, en appelait surtout à jouer sur la durée de cotisation. Supprimer même l’âge légal n’aurait-il pas été envisageable ?
La France peut-elle se déchirer sur la retraite dans un nouveau monde où le salariat n’est plus la panacée universelle de nos vies professionnelles et où pour les jeunes, les sans emploi, les seniors comme nous le disions, ce crêpage de chignon collectif pourrait être perçu comme le luxe d’une génération privilégiée. Demandez aux jeunes s’ils pensent qu’ils toucheront une retraite décente dans 40 ans !
La vraie justice aurait été de se concentrer sur la revalorisation des seniors dans l’emploi (une plaie nationale), l’amélioration effective des conditions de travail, la sanctuarisation à 60 ans des métiers pénibles (les premiers de cordée, vous vous souvenez ?), la suppression de tous les régimes spéciaux (à l’exception des professions régaliennes comme l’armée et la police) et la fusion des régimes publics et privés.
Depuis le poison des 35 heures, les Français s’enlisent entre société de la flemme et refus de travailler plus. Alors que nos voisins travaillent davantage, la France, elle, recule !
Il est urgent de reprendre goût au travail et de s’en donner les moyens.
On connaissait le Vieux continent. Bienvenue au vieux pays !
Michel Taube