paru le 24 septembre 2019
Les entreprises qui font vivre la région capitale, au même titre que les enjeux politiques, sociétaux et culturels, seront au cœur de la rubrique « Paris Monde » que lance Opinion Internationale.
Ce nouvel espace d’information et de débat – trop peu de médias s’intéressent aux enjeux locaux – couvrira les élections municipales dans quelques-unes des 900 communes de la région parisienne, les enjeux de gouvernance de ce mille-feuille administratif et institutionnel, un agenda culturel hebdomadaire mais aussi l’économie et l’emploi : les femmes et les hommes des TPE et des PME dans la région parisienne seront à la une d’Opinion Internationale.
Entretien avec Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Paris Ile-de-France.
Monsieur Bernard Cohen-Hadad, vous présidez aux destinées de la CPME Paris Ile-de-France. A présent que les principaux candidats aux prochaines élections municipales de mars 2020 sont connus, quelles sont les qualités que devra avoir la ou le prochain Maire de Paris ?
Paris est une ville capitale et bien plus encore. Elle est la ville la plus visitée au monde, pour moi sans doute la plus belle, tout en étant la plus dense. Aucune ville n’offre à ses habitants et à ses visiteurs autant d’équipements, de diversités, d’activités, de loisirs, de commerces, de restaurants… sur une si petite surface.
Mais Paris est devenu difficile à vivre et à travailler. Depuis 2011, l’équivalent de la population du Vème arrondissement a fui la capitale. Il est difficile d’y créer son activité, de s’y loger, de s’y déplacer, d’y élever ses enfants, de s’y sentir en sécurité … Tout le monde semble subir Paris, ceux qui y vivent comme ceux qui y travaillent.
Paris, c’est aussi une ville qui compte plus de 63 000 commerces ! Avec plus de 19 500 créations d’entreprises en 2018, Paris est donc une ville où la fibre entrepreneuriale est très forte. Et son maire doit donc être à la hauteur de cette singularité. Paris a besoin d’un maire responsable, disponible, à l’écoute des préoccupations des entrepreneurs. Un maire qui reconnaisse que nos entreprises jouent un rôle croissant dans la Cité, qu’elles sont de plus en plus des “entreprises citoyennes”.
C’est pourquoi le maire de Paris ne peut pas se contenter d’inaugurer tel salon ou de participer à telle manifestation commerciale puis rester largement silencieux quand les mouvements sociaux, liés aux débats nationaux, mettent en péril la vie de nos entreprises, l’avenir de nos entrepreneurs, de leurs salariés et de leurs familles. Nous avons besoin d’un maire responsable et libre, affranchi des dogmes idéologiques, des alliances partisanes et des intérêts catégoriels.
Quelles devront être les priorités de la prochaine équipe municipale ?
Le constat est partagé non seulement par les entrepreneurs, les Parisiennes, les Parisiens, toutes celles et ceux qui viennent à Paris : nous avons besoin d’une ville propre, une ville sûre, une ville où l’on peut se déplacer, une ville où l’on peut trouver un logement, une ville où l’on peut vivre sa retraite… Et Paris ne doit pas oublier de faire de la place, dans ses arrondissements, aux plus fragiles des petits commerçants, des indépendants, des artisans et veiller à permettre la présence de ces métiers qui, même s’ils sont par nature des activités « commerciales » jouent, en fait, un rôle social pour les seniors, les familles monoparentales, les personnes en situation de handicap, celles et ceux qui souvent sont isolés et souffrent de solitude.
Et puis, il faut aussi redynamiser les quartiers prioritaires de la ville (QPV) en encourageant le commerce de proximité mais aussi l’industrie 4.0. Quoi qu’en disent certains élus parisiens, l’industrie en 2020 n’est plus celle du 20ème siècle, elle n’est plus le diable ! Cette industrie propre et responsable doit pouvoir revenir dans Paris. Et il est facile de mettre à sa disposition des locaux, gérés par les bailleurs sociaux, avec des loyers attractifs. C’est un enjeu politique fort et économiquement durable.
Les Parisiens ne perçoivent pas Paris comme une ville d’entreprises. Quel est votre sentiment sur la relation des Parisiens avec leurs entreprises ?
A l’instar des Français, les Parisiens aiment les petites et moyennes entreprises ainsi que les commerces de proximité. Ils leur font du reste davantage confiance qu’à leur maire ! C’est ce que rappelle l’étude récente de l’Ipsos Sopra-Steria avec Le Monde en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne. Et ce sentiment est renforcé par la volonté du plus grand nombre, quel que soit leur budget, de connaître la traçabilité des produits qu’ils achètent, de trouver le bon conseil et de privilégier le commerce de proximité. C’est-à-dire la vie dans les quartiers. Je me réjouis donc du dynamisme des commerces et des entreprises qui se créent et qui sont portés par des jeunes. Il y a de beaux projets entrepreneuriaux et sociétaux. Ce mouvement nouveau est réconfortant. Il faut maintenant qu’il dure. Nous devons aussi rester vigilants sur la transmission d’entreprises et de savoir-faire qui marquent le pas. Il ne faut pas oublier que nous avons encore trop de rideaux qui tombent définitivement dans nos rues de Paris et des marchés qui perdent leur attractivité et leur dynamisme. Trop peu a été fait pour juguler cette hémorragie. Quand au turn-over des créations-fermetures, n’oublions pas qu’il a un coût humain pour les entrepreneurs, leurs familles et leurs salariés ! Pour ces raisons, nous pensons que nos entreprises parisiennes méritent mieux que de servir d’alibi ou de faire valoir.
C’est pour toutes ces raisons que nous présenterons aux candidats aux élections municipales à Paris un « livre blanc » exprimant les besoins et les attentes des entreprises et des entrepreneurs à l’endroit d’une capitale ouverte qui se veut, ou se voudrait à nouveau, « TPE-PME-friendly ».
Propos recueillis par Michel Taube et Raymond Taube, rédacteur en chef d’Opinion Internationale et directeur de l’IDP – Institut de Droit Pratique