Article paru le 3 février 2023
Seuls les faucons savent faire la paix.
Benjamin Netanyahou a donc réservé la primeur de ses déplacements internationaux hors du Proche-Orient à Paris depuis son retour au pouvoir. Belle victoire diplomatique pour Emmanuel Macron !
Le Premier ministre israélien venait d’inaugurer l’ambassade du Tchad en Israël avec le président tchadien Mehmet Dabi.
Les faucons ? C’est Benjamin Netanyahu et Donald Trump qui signèrent les Accords d’Abraham le 15 septembre 2020 à la Maison blanche avec les Émirats arabes unis et le Bahreïn. Une lumière dans ce tunnel de turbulences, de tensions et d’assassinats terroristes qui ensanglantent l’actualité tous les jours au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique et en Europe.
Hier plusieurs sources confirmaient que le Soudan signerait bientôt un traité de paix avec l’Etat hébreu. Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de facto du Soudan depuis son putsch en 2021, a reçu à Khartoum Eli Cohen, nouveau ministre des affaires étrangères, pour la première visite officielle d’un chef de la diplomatie israélienne dans le pays.
Et puis il y a les États passerelles comme la France, ceux qui savent discuter avec tout le monde et dont le rayonnement tient moins à leur puissance de feu qu’à cet étrange mélange d’une haute idée qu’ils ont d’eux-mêmes et de l’estime que leur prêtent les autres nations…
La France peut-elle jouer un rôle dans la poursuite des Accords d’Abraham ?
Malgré sa grandiloquence toute jupitérienne, et si française au fond, Emmanuel Macron s’est peu exprimé sur ce dossier.
A Paris hier, à l’issue d’un dîner de travail entre le président français et Benjamin Netanyahu, l’Élysée a publié un communiqué par trop laconique qui souligne une erreur tactique dans la stratégie proposée par Paris pour sortir du conflit israélo-palestinien.
Pour Paris, la paix avec les Palestiniens est comme un préalable à tout accord dans la région.
Ainsi, le communiqué de l’Élysée déclarait ceci : « Le Président de la République s’est félicité de la normalisation des relations entre Israël et plusieurs Etats de la région qui contribue à la stabilité et à la sécurité. Il a rappelé que cette dynamique restera incomplète tant qu’elle ne s’accompagnera pas d’une reprise d’un processus politique vers une solution qui réponde aux aspirations légitimes tant des Palestiniens que des Israéliens. Il a exprimé sa disponibilité à contribuer à une reprise du dialogue entre les Israéliens et les Palestiniens. »
Or c’est exactement le contraire quoi peut se passer : parce que le Hamas (et le Hezbollah au Liban) tiennent la Palestine, tout doit être fait pour réconcilier les pays voisins de sorte que le Hamas, le Hezbollah et l’Iran seront totalement isolés et finiront par tomber.
La France qui a les plus grandes communautés musulmane et juive d’Europe, qui eut à une époque une grande politique arabe peut-elle peser sur l’avenir des relations entre Israël et le monde arabo-musulman ?
Et si la France (pourquoi pas avec le Maroc à qui Emmanuel Macron tarde à rendre visite) lançait une grande initiative « Abraham II » ? Et si de Paris le Maroc, la Mauritanie, le Tchad, le Soudan, Oman et quelques autres renouaient ou renforçaient leurs relations diplomatiques avec Israël ?
Même des pays stratégiques comme le Qatar seraient face à un dilemme historique. C’est une chose de savoir organiser le plus populaire des événements planétaires. C’en est une autre de de prendre le TGV de l’histoire.
Qu’on le veuille ou non, la réconciliation entre l’Orient et l’Occident, la pacification de nos banlieues notamment, passe notamment par le Moyen-Orient. On le voit en Iran où l’extraordinaire révolution « Femme Vie Liberté » fait vaciller la plus sordide théocratie de la planète et ne manquera de fragiliser les talibans à Kaboul et de faire tomber les masques de nos jeunes femmes voilées dans les banlieues françaises.
Qu’on se le dise, c’est dans l’intérêt des Palestiniens et des Libanais, sauf du Hamas et du Hezbollah évidemment, de voir la réconciliation se faire autour d’eux.
La France, capitale de la diplomatie mondiale ? Rome a accueilli le premier Sommet mondial annuel sur le leadership des Accords d’Abraham en décembre 2022. A quand le tour de Paris ?
Michel Taube