Mais de quoi vont parler Emmanuel Macron et l’émir du Qatar Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani cet après-midi à l’Elysée ?
Le Qatar se veut un peu au Moyen-Orient ce que la France veut être dans le monde : il discute avec tout le monde… au risque de se brûler les ailes ! Les talibans y avaient droit de cité pendant des années avant de reprendre le pouvoir à Kaboul. Des belligérants africains y profitent régulièrement des douceurs de Doha pour discuter et tenter de trouver des formes de médiation.
Le Qatar, comme la France, a une certaine idée de lui-même.
Son soft power a fait des merveilles pour lui donner une aura mondiale : le succès de la Coupe du monde de football a porté à son paroxysme cette stratégie d’influence, il est vrai à coups de centaines de milliards de dollars. Du pur délire.
Le Qatargate au Parlement Européen – les deux chefs d’Etat en parleront-ils ? – serait-il à mettre sur le compte des excès de puissance occasionnés par les préparatifs de la Coupe du monde et dont se seraient sentis investis des dirigeants qataris zélés ? Le Dr Ali bin Smaikh Al Marri, ministre du travail du Qatar, celui-là même qui avait reçu et rendu visite à Madame Eva Kaili, la vice-présidente du Parlement Européen aujourd’hui en prison, quelques semaines avant son arrestation, doit en savoir quelque chose.
D’ailleurs, nous en sommes convaincus et l’avons déjà écrit, le chapitre « foot » de cette stratégie de conquête du monde va peut-être être tournée par le Qatar avec la Coupe du monde désormais derrière nous. Le Qatar pourrait prochainement vendre le PSG sous prétexte de mauvais résultats sportifs et de querelle avec Anne Hidalgo, Maire de Paris, sur l’achat du Parc des Princes. Un peu comme dans « Le jouet » avec Pierre Richard, le jeune garçon gâté qui venait voir les matchs du PSG dans les années 80 et qui deviendra l’émir du Qatar en 2013 a peut-être fait le tour de son jouet et peut passer à autre chose. L’économie, l’énergie, les médias, c’est autrement plus impactant que le foot qui reste un jeu !
Il faut dire aussi que la gouvernance du PSG est entachée par les nombreuses malversations (le mot est peut-être faible) pour lesquelles est poursuivi le PDG du club, Nasser al-Khelaifi. L’une d’entre elles soulève l’indignation : l’arrestation, la séquestration et les actes de torture (entre autres griefs) dont le chef d’entreprise français Tayeb Benabderrahmane a été victime au Qatar en 2020 et pour lequel il réclame justice et indemnisation.
Saisis par nos soins lors de la finale de la coupe du monde de football et leur rencontre à Doha (décidément, ils ne se quittent plus), seuls le président français et l’émir du Qatar peuvent rapidement rectifier l’ordre paisible et pacifique des choses pour Tayeb Benabderrahmane, ne serait-ce qu’au nom de l’amitié entre nos deux pays qui veut que l’on protège et que l’on respecte nos concitoyens.
Et si le Qatar signait les Accords d’Abraham ?
Revenons à la géopolitique et à cette certaine idée de la France et du Qatar qu’ont respectivement les deux pays d’eux-mêmes ! Les deux Etats sont engagés à travers la Conférence de Bagdad pour la coopération et le partenariat, qui encourage le dialogue régional. Ce sujet, lui, est bien à l’ordre du jour officiel des discussions entre les deux dirigeants.
Mais osons une fulgurance presque utopique : le Qatar, – la France serait utile à le lui conseiller -, serait inspiré de changer de posture diplomatique dans les pays du Golfe.
Aujourd’hui le Qatar fait partie (ou est perçu comme tel) de l’axe Téhéran (qui massacre ses femmes et son peuple soulevés dans cette courageuse révolution Femme Vie Liberté – Ankara – sud Beyrouth (Hezbollah) – Gaza (Hamas). Mais puisque Doha a réglé ses différends avec ses frères voisins avec la levée du blocus qui enserrait son pays d’octobre 2017 à janvier 2021 (l’homme fort de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, était assis à côté de son homologue qatari lors de la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde à Doha), le Qatar pourrait faire comme ses voisins de Bahreïn et des Émirats arabes unis : faire la paix avec Israël, signer un traité de paix et de coopération et œuvrer véritablement à la réconciliation entre l’Orient et l’Occident.
On peut toujours rêver, il faut toujours rêver ! Trump l’a fait en août 2020 avec les Accords d’Abraham. A la surprise générale ! Emmanuel Macron, qui a d’excellentes relations avec Benyamin Netanyahou et l’émir al-Thani, est en bonne place pour œuvrer en ce sens comme nous le proposions récemment.
En attendant, mais c’est une pure coïncidence d’agenda évidemment, Emmanuel Macron recevra à 16h Gianni Infantino, Président de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), avant de recevoir à 17h l’émir du Qatar Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Se croiseront-ils sur le perron de l’Élysée ? Peut-être n’y parleront-ils pas que de foot !