Quel triste spectacle que celui proposé par les députés LFI lors des débats actuels à l’Assemblée Nationale !
Nous sommes bien loin des joutes oratoires dont résonnent encore les murs du Palais Bourbon. Clémenceau, Jaurès, Victor Hugo, Lamartine, Aristide Briand, Léon Bourgeois, Mendes France, Edgar Faure, JJSS, Jacques Chaban Delmas, François Mitterrand, Jacques Chirac, Simone Veil, Yvette Roudy, Henri Caillavet, j’en passe et des meilleurs, doivent se demander pourquoi on a transféré le cirque d’hiver en plein Palais Bourbon !
L’interdiction des animaux sauvages dans les cirques était pourtant un bon début, encore fallait-il également interdire les clowns à l’Assemblée !
L’examen de la Réforme des retraites aurait dû être un moment fort d’échanges démocratiques. Nous attendions un débat projet de société contre projet de société. Chacun aurait pu proposer sa vision du financement des retraites, de l’entreprise, du partage de la valeur ajoutée, de la démographie, de la natalité, sur la répartition, sur la capitalisation. Chacun aurait dû défendre sa vision du travail, en glorifiant la notion d’effort ou en vantant les mérites du temps libre. Hélas, trois fois hélas, non…
La majorité présidentielle et les Républicains essaient pourtant de nous faire progresser, ensemble, sur la pénibilité, sur le travail des femmes, sur une meilleure prise en compte des carrières hachées, sur les comptes épargne-temps, sur l’employabilité des seniors, pierre angulaire de toute réforme des retraites.
Il est en effet grand temps que nous remettions notre pays sur les rails de l’Effort. Nous payons tous les jours les choix d’antan, ceux du ministère du temps libre, ceux de la retraite à 60 ans, ceux de la semaine des 35 heures quand partout dans le monde nos concurrents tentent de produire plus de richesse, plus d’emplois, plus de progrès scientifique et social. Nous Français sommes bien sûr plus forts, plus beaux, plus sages, mais à quoi sert tant de sagesse, tant de beauté, tant de force sans travail ? A quoi sert une belle voiture de course dans son garage, sans essence ?
Nous aurions dû avoir un débat réel, fort, sur ces sujets, travail contre oisiveté, effort contre paresse.
Eh bien non, les débats, quand ils ont lieu, sont strictement inaudibles. Les Insoumis ont choisi de ridiculiser les travaux parlementaires au détriment finalement des salariés et de la bonne santé de notre économie comme de notre démocratie. Quant au RN, Le Pen proposait pendant sa campagne présidentielle la retraite à 60 ans, car 55 ans était encore moins crédible. Sans projet sérieux alternatif, il reste tapi dans l’ombre, espérant profiter de la chienlit.
Les syndicats le voient clairement, et tentent à présent de s’éloigner le plus possible du comportement de LFI. Pour la Gauche, seul le député Philippe Brun a réussi à honorer son écharpe tricolore, sans mettre le pied sur un ballon, sans faire rouler des têtes, sans insultes et menaces, lors du débat sur la nationalisation d’EDF. Il a pu profiter d’un trou de souris dans les fenêtres parlementaires pour faire voter habilement un amendement. Je suis personnellement contre son amendement, mais, par son travail parlementaire, il a réussi à obtenir satisfaction. Bravo. A part lui, qui à gauche pour véritablement débattre du fond, pour frotter les arguments et permettre à la lumière de jaillir ?
Dans ce contexte, il est important que la majorité et la droite de gouvernement poursuivent leurs efforts de pédagogie, de dialogue, de contradiction, de débat.
Il est important que ce moment difficile nous permette, collectivement, d’avancer sur l’emploi après 55 ans, sur les carrières, par nature, différentes, des femmes, sur la pénibilité, sur l’effort.
C’est d’ailleurs à mon sens ce que démontre la forte mobilisation lors des dernières manifestations. Syndicats et salariés, dans leur grande majorité, ne veulent pas glorifier les mérites de la paresse, ils sont eux aussi près à plus d’efforts, à travailler plus et mieux pour gagner plus et mieux. Encore faut-il que collectivement nous ne braquions pas le projecteur sur des problèmes comptables mais sur ces avancées si nécessaires sur le Travail et donc sur le Vivre ensemble !
Patrick PILCER
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, chroniqueur Opinion Internationale