Paru le 6 février 2023
Alors qu’il avait décidé de prendre son temps pendant son premier quinquennat, Emmanuel Macron veut aller vite, trop vite, sur le vote de la réforme des régimes de retraites. Et ce au pire des moments de ses deux quinquennats, c’est-à-dire au moment où il est l’otage d’un adversaire politique, en l’occurrence les LR, et où l’hyper inflation étrangle les Français, salariés et patrons. A moins que l’épuisement et l’angoisse des fins de mois ne joue en faveur d’un essoufflement rapide du mouvement social…
En attendant de le savoir, pendant deux semaines, la chienlit risque de régner en France : chienlit au Palais Bourbon avec ces plus de 19.000 amendements déposés par les Insoumis (même leurs alliés de la Nupes se sont un peu retenus) qui, plutôt que de privilégier les débats sur le fond, vont multiplier les effets de manche, les incidents de séance, les myriades d’amendements formels et inutiles. Le Rassemblement National, tout aussi hostile au projet gouvernemental, se concentre lui sur 215 amendements qui porteront davantage sur le fond. Quand donc Mélenchon comprendra-t-il qu’en vociférant à tout va, il fait le jeu de Marine Le Pen ?
Dans ce brouhaha parlementaire, le vote de la loi par les Républicains et la majorité présidentielle est loin d’être acquis, les premiers faisant monter les enchères et risquant de dénaturer un projet déjà allégé par rapport à la révolution des retraites prônée sous le premier quinquennat.
Et dans la rue, deux journées de manifestations mardi 7 et samedi 11, quelques grèves sporadiques viseront à faire monter la pression sur l’exécutif. Heureusement dans sa grande magnanimité, la CGT SNCF a décidé de ne pas bloquer le pays pour les départs en vacances le week-end prochain ! Des gentlemen !
Mais il est à parier que, si la loi avance au Parlement (le gouvernement a choisi une procédure accélérée dont la constitutionnalité est d’ailleurs fortement critiquée), très rapidement le front syndical risque de se briser sur les velléités de radicalisation de syndicats comme la CGT et Sud. N’oublions pas que la guerre de succession à Philippe Martinez est ouverte au sein de de la CGT.
Et surveillons de près les championnats du monde de ski alpin qui commencent demain à Courchevel et Méribel : les remontées mécaniques seront-elles bloquées par des enragés du combat syndical, alors même que le monde entier aura les yeux rivés sur la France. Un avant-goût de la coupe du monde de rugby et des JO de Paris 2024.
Mesdames, Messieurs qui nous gouvernez, la chienlit (la crise des gilets jaunes produit encore ses effets) n’est pas une méthode de discussion politique dans une puissance mondiale qui prétend garder son rang ! Le décrochage de la France est aussi le résultat de cette piètre méthode de gouvernance…
Michel Taube