A ceux qui doutaient de la pertinence de la création de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), le débat sur les retraites a apporté une réponse définitive.
Pendant une semaine à l’Assemblée Nationale, les députés dits Insoumis se sont systématiquement opposés non seulement à la réforme des retraites mais au simple jeu institutionnel qui gouverne notre pays. En pratiquant l’obstruction systématique, – sur le seul article 7 du texte, 3949 amendements avaient été déposés par la NUPES -, ils auront privé la représentation nationale du débat dont la nation avait besoin.
Plusieurs visages de la nouvelle Assemblée Nationale sont aujourd’hui familiers parmi la NUPES. Louis Boyard (LFI), ce très jeune chroniqueur de télé, autant agité entre les murs du Palais Bourbon que sur le plateau de TPMP lorsqu’il était encore reçu. L’escalade et la surenchère de la provocation sont ses stratégies comme récemment face au ministre de l’Intérieur, le jeune député n’a pas hésité à affirmer que la police tuait. Cette même police qui assure aujourd’hui sa sécurité depuis son placement sous protection policière en raison du grand nombre de menaces qu’il reçoit. Les insoumis nous offrent désormais un triste spectacle quotidien. Un député qui traite le ministre du travail d’assassin, un autre qui s’affiche avec un ballon à l’effigie de ce même ministre… La liste est déjà trop longue.
Les écolos n’ont rien à envier aux insoumis en matière de mauvais show : la députée de Paris, Sandrine Rousseau incarne à elle seule le paroxysme de l’idéologie woke. Celle qui plaide haut et fort dans l’hémicycle durant les débats sur la réforme des retraites, pour un droit à la paresse, déclarait aussi il y a quelques mois que « le barbecue et l’entrecôte étaient des symboles de virilité ».
Une autre voie pour la gauche radicale serait possible : les députés communistes, déterminés à faire avancer les discussions sur les retraites ont, eux, eu le courage de retirer leurs amendements, ce qui n’a pas manqué d’agacer Jean-Luc Melenchon sur Twitter. Démonstration qu’il y a tout de même des députés travailleurs et constructifs à l’image d’André Chassaigne qui n’a pas manqué de condamner les dérives de certains de ses collègues insoumis ou Aymeric Caron qui mène un noble combat en faveur du bien-être animal.
Rappelons que le 19 juin dernier, une coalition de partis de gauche a fait élire 151 députés. 45 jours auparavant cette coalition s’était formée sur la base d’un programme commun. Les socialistes portés par leur Premier secrétaire Olivier Faure à peine réélu au forceps au Congrès de Marseille, et que l’on a étrangement peu entendu cette semaine sur les retraites, ont ce jour troqué leurs convictions et leur honneur contre un plat de lentilles, s’asseyant ainsi sur leurs valeurs au profit de celles des insoumis. Pour beaucoup, cet épisode restera dans l’histoire comme le jour où ce grand parti de gouvernement, celui de Mitterrand, de Jaurès, de Léon Blum est devenu le sous-fifre des amis de Mélenchon, de la désobéissance et de l’islamo-gauchisme.
Depuis le début de la législature, la coalition Nupes a connu et connaîtra bien des turbulences. Le prochain rendez-vous électoral – connu à ce jour – sera les élections européennes dans un peu plus d’un an. L’union de la gauche fera-t-elle liste commune ou partira-t-elle divisée et éparpillé comme la gauche plurielle en 2002 ?
Radouan Kourak
Rédacteur en chef adjoint d’Opinion Internationale, journaliste