Dans quelques jours, par les articles 47 alinéa 1 ou 49 alinéa 3, la fameuse Réforme des Retraites, tant souhaitée par le Président Macron, sera votée. Ni le cirque et le chahut créés par l’extrême gauche, ni les manifestations organisées par les Syndicats n’y changeront rien. La Majorité de nos Représentants au Parlement aura tranché, et c’est aussi cela la Démocratie.
Cette réforme devait améliorer l’équilibre des comptes des caisses de retraite et permettre une plus ample revalorisation des petites retraites, une meilleure prise en compte de la pénibilité et des carrières hachées, une plus juste politique indemnitaire devant les carrières des femmes, par nature différentes de celles des hommes.
Mais au bout du bout, après les amendements et concessions pour obtenir le vote, cette réforme n’engendrera que peu d’économies. Pourtant, faut-il s’en étonner ?
Allonger la durée au travail avant de pouvoir prendre sa retraite et augmenter le nombre de trimestres de cotisation partaient de la simple constatation que face à l’augmentation de l’espérance de vie il fallait nécessairement travailler plus pour faire rentrer plus de cotisations.
Or, en augmentant l’âge de départ à la retraite, mais en faisant des concessions, concessions très justes et nécessaires au demeurant, sur les carrières des femmes, sur la pénibilité, comme sur les carrières longues, on ne change que très peu les grands équilibres. On se met surtout 75% de la population à dos car on sait très bien que deux ans autour de 65 ans, où on demande de travailler plus, ne « valent » pas deux ans autour de 90 ans, gagnés par les progrès de la Médecine.
Cependant, le constat est juste, il faut travailler plus. On aurait pu alors remettre en cause les fameuses 35 heures, terrible réforme, même si elle partait comme souvent d’un bon sentiment, qui a désorganisé grandement nos services publics, les hôpitaux en premier. Là, le totem était peut-être plus difficile à abattre encore, quoique.
On aurait surtout dû s’attaquer frontalement à la structure du monde du travail en France, en particulier au taux d’emploi. Quelques chiffres qu’illustreront magnifiquement ces graphes de l’OCDE : en France seuls 35% des 15-24 ans ont un emploi contre 42,7% pour la moyenne OCDE et surtout un peu plus de 50% en Allemagne, notre principal partenaire économique. Il faudrait augmenter notre taux d’emploi de près de 50% pour rejoindre le niveau de l’Allemagne ! Énorme différence !
Sur la tranche d’âge 25-54 ans, les niveaux sont par contre très comparables. Visiblement, les réformes entreprises sous Sarkozy puis prolongées par Macron portent pleinement leurs fruits, bravo !
Mais, rebelote, sur la tranche d’âge 55-64 ans, le taux d’emploi n’est que de 57% en France contre près de 74% en Allemagne. Il faudrait là que ce taux d’emploi augmente de près de 30% pour égaler l’Allemagne ! Lors des débats sur la réforme examinée actuellement au Parlement, on aborde en filigrane ce sujet. Mais il faut très vite améliorer l’employabilité des plus de 55 ans, c’est évident.
Il n’y a pas photo ! la véritable réforme des retraites n’est pas sur l’âge. Elle l’est bien sûr, mais très faiblement. La véritable réforme est sur la structure du monde du travail en France. Il nous faut travailler plus, et mieux, et faire travailler plus, et mieux, les moins de 25 ans et les plus de 55 ans.
En améliorant ces taux d’emploi, on équilibrera bien plus fortement, et plus durablement, les comptes des caisses de retraite, mais pas seulement. Tous nos comptes seront significativement améliorés. L’État touchera plus d’impôts, la Sécurité Sociale plus de cotisations, notre dette sera plus facilement remboursée, et toute notre économie en bénéficiera. Là, je doute que les syndicats parviennent à mobiliser contre l’esprit de cette réforme, au contraire. Même eux y gagneront car ils augmenteront le nombre de syndiqués…
Alors maintenant que la réforme des retraites est sur le point de passer, au Travail mesdames et messieurs les gouvernants : place à la véritable Réforme du Travail !
Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés,
chroniqueur Opinion Internationale
