Quoi de plus actuel que de relire Victor Hugo dans cette période sociale bien trouble ! Dans les Misérables, par exemple, en son tome IV, dans le fond de la question, nous trouvons ces phrases « quelquefois le peuple se fausse fidélité à lui-même. La foule est traître au peuple. » et quelques lignes plus haut : « ce que le suffrage universel a fait dans sa liberté et dans sa souveraineté, ne peut être défait par la rue. »
Les événements de ces derniers jours de Sainte Soline à la Place de la Concorde, en passant par la Place de l’Opéra doivent nous inciter à méditer ce que nous enseignait Victor Hugo. Surtout quand les parlementaires représentant les extrêmes vocifèrent au lieu de parler, surtout quand ils ne se préoccupent plus d’apporter pain et lumière au Peuple, mais misent sur la foule pour être calife à la place du calife, par ego pur. Ou quand à Paris, les élus écolos-bobos laissent s’amonceler poubelles et détritus au détriment de la Santé Publique et refusent de considérer les rats comme des nuisibles, et les traiter comme tels…
Il y a un point commun au comportement des extrêmes partout dans le monde : l’Autre, même s’il a gagné par le choix des urnes, est illégitime par nature. Seuls eux sont légitimes. « La République c’est eux ! ». Et bien non… il faudra bien au bout du compte qu’ils comprennent que la Peuple a parlé, que ses représentants ont validé la réforme des retraites. La Démocratie est, radicalement, le régime politique du juste milieu. La soumission à la foule, à la masse, c’est, par contre, la tyrannie ! La Démocratie c’est le Peuple agissant en assemblée et non la dictature de la foule. C’est le respect des lois votées. La Démocratie c’est la loi au-dessus des hommes. La foule au-dessus des lois, ce n’est plus la Démocratie, c’est la démagogie !
Cette réforme des retraites n’est pas parfaite loin de là. Il y a bien sûr beaucoup à dire sur le texte, sur la méthode, sur l’art et sur la manière, et nous l’avons maintes fois écrit, c’était un peu mettre la charrue avant les bœufs. Cette réforme est néanmoins adoptée par les assemblées à présent. On aurait pu faire différemment, faire mieux, mais il fallait bien entamer ce chantier et commencer à réformer notre pays.
On aurait pu mieux faire, mais le mieux est trop souvent l’ennemi du bien ! Il convient à présent de compléter cette réforme, de la poursuivre par une réforme du Travail, et surtout par une refonte des dépenses publiques, par une modernisation de l’Education Nationale, des hôpitaux, de la Justice, de nos outils de Défense, de notre Recherche… bref par une restauration de notre Etat, d’une repensée de ce qui est du régalien et de ce qui n’en est pas. Les Français attendent de nos gouvernants comme des oppositions, de tous nos parlementaires, qu’ils s’attèlent, enfin, à cette tâche, plutôt que longues et sanglantes protestations. Les opposants y recherchent l’insurrection mais ne déclenchent que des émeutes.
Qu’ils relisent Victor Hugo sur la foule qui n’est pas le Peuple : « c’est la foule, et ceci me heurte et me déplait ; c’est l’élément aveugle et confus ; c’est le nombre ; c’est la sombre faiblesse et c’est la force sombre. » Le Peuple, c’est le Progrès, c’est l’idée ; la foule c’est la populace, c’est la guillotine !
Non à la foule, Vive le Peuple, vive la République !
Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés,
Chroniqueur Opinion Internationale