Voilà trois mois que la France n’en a plus que pour la guéguerre autour de la la réforme des retraites. Jusqu’à hier soir 17h35 (avec 25 mn d’avance sur l’horaire initialement annoncé), le suspense était insoutenable : la France, l’Europe, le monde, Jupiter même (qui recevra donc dans huit ans la visite de la sonde Juice qui a décollé hier de Kourou en Guyane), le temps des hommes était suspendu à la fameuse décision du Conseil Constitutionnel.
Pendant quelques semaines, 70 millions de constitutionnalistes ont pu prendre leurs désirs pour des réalités de droit politique. Mais le verdict est sans appel et sans surprise car il n’appartenait nullement au Conseil Constitutionnel de trancher sur l’âge légal idoîne de départ à la retraite. Les Sages de la rue de Montpensier ne sont pas, et ne seront pas !, un pseudo gouvernement des juges.
La loi de réforme des retraites a donc été promulguée dans la nuit par le président de la République.
L’Intersyndicale a eu beau jeu hier soir d’appeler Emmanuel Macron à ne pas le faire (c’eut été, certes, une façon de passer à autre chose sur les ruines du dialogue social) et annonce un 1er mai unitaire comme on n’en pas vu depuis longtemps.
Entre temps, – et pendant que nos chers parlementaires prennent deux semaines de vacances -, manifestations non déclarés, violences urbaines, poubelles non ramassées à Paris et station services asséchées un peu partout en France continueront à occuper l’espace médiatique et à perturber la vie économique et sociale de notre pays.
Les Français pourraient se déchirer longtemps sur la question vitale : « vais-je devoir travailler plus ? ». Mais là, après des mois d’obsession médiatico-politique, la France est au bord de l’aseptisation : ce foutu débat sur les retraites marque un retour en odeur de sainteté des paresseux et des flemmards champions de cette idéologie française de gauche qui, depuis les 35h, n’avait plus eu autant d’opportunités d’endormir les Français. Non, la retraite n’est pas un modèle d’avenir pour une société.
Il est d’autant plus urgent de tourner cette page des retraites que ce petit chapitre de notre histoire contemporaine aura décuplé les affres et les dysfonctionnements de notre modèle politico-social : une soit-disant mère des réformes macroniennes devenue au final une réformette mi-chêvre mi-choux, une incapacité française à nouer un dialogue social efficace, un exécutif essouflé et privé pour quatre ans de toute majorité stratégique pour réformer la France (LR ne sera donc pas, – merci Aurélien Pradié et consorts -, au risque de s’effondrer définitivement, la variable d’ajustement de la macronie), une Assemblée Nationale devenue une cour d’école…
Il y a plus grave ! Et osons le dire : si l’on en croit les sondages – ce dont il faut toujours savoir s’abstraire -, en refusant résolument de travailler deux ans de plus, les Français ont manifesté un manque certain de solidarité entre générations qui porte en lui la ruine du modèle social français et, – mais cela on le savait -, un manque de sérieux économique ou une mauvaise foi qui ne peuvent dicter une politique économique.
Soyons sérieux : il est temps que les Français se réveillent ! Il est grand temps de remettre sur le devant de la scène les innovateurs, les entrepreneurs, les premiers de cordée qui bossent tous les jours et de parler enfin des vrais sujets et d’autres enjeux clé que de la retraite (la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran n’en est qu’un exemple).
Car pendant que certains professionnels de la flemme sociale comptent les jours avant la retraite, chaque jour la France perd des marchés (le déficit abyssal de notre commerce extérieur en atteste) et s’endette. Le monde, lui, avance et avance vite !
Il est urgent que la France et les Français se (re)mettent au travail !
Michel Taube
