Le 10 juin 2023, Gérald Darmanin, après avoir réuni en conférence téléphonique de crise Renaud Muselier, président de la Région PACA, les députés et les principaux maires du département, déclare l’état d’urgence dans les Alpes-Maritimes.
La veille, plus d’un millier de migrants venus d’Italie, – pardon de la Méditerranée et de la Tunisie plus particulièrement, avaient forcé la frontière franco-italienne à Vintimille.
Ironie de l’histoire, l’Italie avait déjà déclaré l’état d’urgence pour six mois dans l’ensemble du pays le 11 avril dernier face à l’explosion du nombre de migrants arrivés sur son sol récemment : +300% en un an, soit 31.000 arrivées depuis le début de l’année.
Ce scénario-fiction risque fort de se réaliser au vu de la crise de nerfs qui oppose l’Italie à la France et au rythme où augmentent les pressions migratoires venues du sud de la Méditerranée.
La nouvelle donne, c’est que la Tunisie, dont l’Etat est en déliquescence avancée malgré les tentatives de remise en ordre constitutionnel par son président Kaïs Saïed, devient la principale voie de passage des migrants de l’Afrique vers l’Europe, sachant qu’à peine plus d’une centaine de kilomètres séparent Italie et Tunisie.
Gérald Darmanin, dont nous saluons souvent le courage sécuritaire et dont nous regrettons l’isolement dans la macronie, n’aurait pas dû s’en prendre à Giorgia Meloni, la nouvelle présidente du Conseil des ministres italien.
Pire, plaquer sur la cheffe du gouvernement d’un grand Etat démocratique les oeillères de plus de plus dépassées de l’opposition à l’extrême-droite, alors même que tous les Etats sont confrontés ensemble à la même pression démographique, constitue non seulement une faute diplomatique mais aussi une erreur sécuritaire.
Précisons que l’état d’urgence décrété en Italie, et qui pourrait donc être bientôt décrété en France, n’est pas qu’une mesure de police mais aussi de mobilisation des solutions sociales et humanitaires d’hébergement et de répartition des migrants sur l’ensemble du territoire. L’état d’urgence en Italie vise en effet notamment à augmenter la capacité des centres de rétention et ainsi à vider les lieux d’accueil actuellement saturés.
L’Europe est incapable de répondre d’un seul homme à cette nouvelle pression migratoire.
Seul un accord entre les pays du sud Méditerranée pour déployer des flottes militaires qui remplaceraient les navires d’associations souvent complaisantes dissuaderait les passeurs de jeter à la mer des innocents.
Mieux, une aide accrue à la Tunisie et au Maroc, deux pays fiables avec lesquels on peut discuter, – le Maroc contrôle déjà de façon très courageuse les pressions migratoires à la frontière espagnole -, aiderait aussi à retenir les candidats au départ vers l’Europe.
Il est urgent que les chefs de gouvernement français et italien se parlent et agissent ensemble !
Michel Taube