Edito
10H48 - mardi 9 mai 2023

Seul ! L’édito de Michel Taube

 

Malgré la majesté des chevaux et des motards de la Garde Republicaine qui s’autorisèrent même un rond de jambe en haut de l’avenue, les Champs-Élysées étaient bien tristes hier pour les cérémonies du 8 mai.

Seul, trop seul, un homme remonta donc la plus belle avenue du monde derrière les vitres teintées et remontées de sa limousine française qui contrastaient avec des trottoirs vides, monotones et silencieux. 

Deux jours plutôt, le roi Charles III était acclamé par une foule de centaines de milliers voire de millions d’anglais, de citoyens du Commonwealth et du monde entier venus saluer le nouveau monarque de l’ancienne puissance que fut la Couronne britannique.

The Mall foisonnant de drapeaux, les Champs-Élysées déserts, la comparaison est presque trop facile, mais porteuse de tant de sens sur l’état de fatigue de notre belle république française : le Chef du moment et le peuple sont en discorde réciproque, le second évitant donc les premiers comme hier dans Paris ou jouant à cache cache avec des têtes à casseroles qui, certes, n’auraient pas hésité à défier la sacralité du moment.

Certes, l’après-midi, l’hommage lyonnais du président de la République à Marc Bloch, à Jean Moulin et aux résistants contre le nazisme et ses collabos de Vichy, raviva, tout autant que la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe, la mémoire de la capitulation et de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Emmanuel Macron, se révèle meilleur esthète dans les apparats et les discours de la mémoire que lui confère la fonction présidentielle que grand réformateur dont la France a pourtant tant besoin.

L’homme seul, privé de majorité politique, est en train de s’installer dans une distance permanente avec les Français que cachent mal ses visites de terrain, sorte de saute-mouton thématiques bien artificiels au regard des déambulations naturelles dont il avait le secret et le goût sous son premier quinquennat. 

Que les Cent Jours que s’est octroyé notre monarque républicain semblent déjà longs ! Imaginez alors ces quatre interminables années de règne auxquelles la Constitution lui donne pleinement droit mais certainement pas l’état de la France. 

 

Michel Taube

Directeur de la publication