Jour après jour grandit l’exaspération des Parisiens sur la politique de la Ville mise en place par l’équipe rouge verte rose d’Anne Hidalgo.
Dans ses propres rangs, on en vient même à se demander si la Maire de Paris pourra rester en poste jusqu’aux prochaines élections, et pas uniquement parce que chacune des composantes hétéroclites de la majorité en place souhaite s’asseoir sur le fauteuil du Maire.
Chacune des décisions ajoute à présent des milliers de mécontents, aucune ne fédère.
Je passe sur l’absence de lutte efficace contre les rats. Il ne faut d’ailleurs plus les considérer comme des nuisibles, et les appeler non plus rats mais surmulots…
Je passe sur les bus à accordéon à moitié vides qui bloquent inlassablement les carrefours quand deux bus, espacés dans le temps, faciliteraient bien plus les trajets des Parisiens.
Je passe sur les pistes cyclables le plus souvent vides rue de Rivoli, face à des couloirs de bus et taxis embouteillés, même la nuit.
Je passe sur la piétonisation de quartiers, sans réelle concertation avec les commerçants et les habitants, piétonisation qui fait baisser l’attractivité économique de ces dits quartiers. La vie économique d’un quartier ne se résume pas à des terrasses de bars et restaurants, et tous les Parisiens ne sont pas d’éternels touristes…
Mais ce qui est en train de faire déborder le vase aujourd’hui tourne autour de trois points : la drogue, le logement, l’accessibilité des transports.
La drogue tout d’abord, avec les plans de l’équipe municipale de développer les salles de « shoot » un peu partout dans Paris. Traiter les addictions aux drogues est indispensable, mais plutôt que de multiplier les salles de consommation, la mairie ne devrait-elle pas d’abord multiplier les centres de traitement des addictions. Certes, ces salles de consommation permettent de diminuer les risques pour les consommateurs et le nombre de seringues sur les trottoirs et dans les parcs. Mais cela ne diminue pas le nombre de drogués, cela ne participe en rien à l’amélioration de la prévention auprès des jeunes. Contrairement à Strasbourg, où ce type de salle de shoot est au sein d’un hôpital, à l’écart des habitations, à Paris, ces salles sont en plein cœur des quartiers d’habitation. Les habitants proches de la salle du Xème arrondissement par exemple ont beau se plaindre des nuisances et de la hausse de l’insécurité, la Mairie n’en a cure…
Le logement ensuite. Chacun sait les difficultés actuelles pour acheter ou louer un appartement parisien, surtout pour les classes dites moyennes. Que fait la Mairie ? Elle cherche à créer des HLM plutôt que de développer des logements locatifs intermédiaires. Elle préfère en plus préempter et augmenter ses dettes, plutôt que d’aider les propriétaires privés à créer plus de logements. Autrement dit, l’équipe municipale préfère faire venir des populations qui habitent souvent en dehors de Paris, plutôt que de permettre aux Parisiens, et souvent à leurs enfants de pouvoir se loger correctement. Mais ces Parisiens voteront !
Je passe aussi sur l’incapacité de la Mairie à aider les habitants à équiper leurs immeubles en panneaux solaires, en pompes à chaleur ou en autres systèmes d’énergie renouvelable. Mais là encore, quel gâchis économique comme écologique !
Enfin, l’accès au transport. C’est sur ce point que la Maire pourrait perdre son mandat avant son terme car enfin, à un an des Jeux Olympiques et Paralympiques, combien de stations de métro sont équipés pour les handicapés ? Moins de 10% des stations de métro sont utilisables par les UFR, les usagers en fauteuil roulant ! Incroyable ! 18 ans après la loi de Jacques Chirac sur l’accès au transport pour les handicapés, moins de 10% ! c’est proprement scandaleux !
Je cite les handicapés en fauteuil, mais je pourrais parler des malvoyants, ou prendre le cas d’une famille avec des enfants en bas âge. Essayez de prendre le métro à Paris avec un landau ou une poussette. Impossible dans la très grande majorité des cas. Pourquoi ? ces gens sont-ils des citoyens de seconde classe ?
Comme, par dogme, la Maire de Paris a transformé l’usage de la voiture, même électrique non polluante, en parcours du combattant, les Parisiens en fauteuil roulant, avec landau ou poussette, ou simplement avec des courses volumineuses, sont piégés, prisonniers dans leur propre ville. Mais ils voteront !
A quand d’ailleurs un bilan indépendant sur l’évolution de la qualité de l’air dans Paris !
Jusqu’à présent, la Maire a pu taire les critiques et utiliser les dissensions entre ses opposants comme au sein de ses propres troupes pour rester en place. Mais en 2024, pour les Jeux, la presse mondiale fera ses choux gras de son incapacité flagrante à rendre la Ville-Lumière accessible aux handicapés.
Elle ne pourra alors pas tenir face à ce véritable scandale.
Vivement 2024 !
Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale