C’est le plus beau, le plus glamour et le plus engagé des Festivals de cinéma. Depuis mardi soir, Cannes déroule le tapis rouge pour recevoir le meilleur de tout l’univers du cinéma.
Est-ce la mauvaise conscience que les paillettes réveillent avant de monter les marches du Palais ou un réel regard sur le monde ?
Cannes a souvent décerné la Palme à des films moyens voire décevants mais engagés pour dénoncer un monde scandaleux : le documentaire “Bowling for Columbine” de Michael Moore, Grand Prix en 2002, interrogeait l’Amérique sur sa passion dévorante des armes à feu. “Moi, Daniel Blake” Palme d’Or en 2016, n’’est pas le meilleur film de Ken Loach, et de loin ! Mais son tableau au vitriol d’une société britannique socialement inhumaine avait ravi le jury glamour de la Croisette.
Cannes, mon amour, ce n’est pas que cette belle ville de la Côte d’Azur dirigée par son brillant maire David Lisnard, qui ne doit pas rêver que de diriger l’Association des Maires de France en regardant les films sur la Croisette.
Cette année, Cannes annonce-t-il le monde qui advient ? La femme à barbe (Nadia Tereszkiewicz dans “Rosalie” de Stéphanie du Giusto), l’homme devenant animal (Romain Duris dans “Le règne animal” de Thomas Cailley), les différences, les marginalités, les singularités, les handicaps, tous autant respectables en soi, deviennent la norme ! Et cette prise de pouvoir des minorités voire des marginalités sur le “normal” qu’on n’a plus le droit de dire normal est la signature de notre époque. La « Queer Palm », décernée depuis 2010, sera-t-elle remise pendant la cérémonie de clôture ?
Le Festival de Cannes porte en lui une force, une puissance de rayonnement plus forte que les tendandes du moment : un Johnny Depp aurait-il été reçu aux César à Paris alors que les ultra-féministes n’ont pas accepté le verdict de deux procès qui l’ont pourtant innocenté des violences intraconjugales dont il était accusé ? La présomption d’innocence n’est pas à la mode, elle.
Pour cette édition 2023, le classique revient au galop : avec “Jeanne du Barry” de Maïwenn, “Bonnard, Pierre et Marthe” de Martin Provost, le vintage est à la mode.
Cette année, le Festival, nouvellement présidé par Iris Knobloch, résonne davantage de l’imaginaire du divertissement et de l’enfance. Avec le retour d’Indiana Jones, Harrison Ford fait pâlir les jeunistes !
Allez, quand donc Cannes primera t il un pur film d’action fait pour nous divertir et nous évader ? “Les trois mousquetaires : D’Artagnan” de Martin Bourboulon auraient mérité la Palme ! Par les temps qui courent, divertir est peut-être le plus beau des engagements et la plus belle œuvre d’utilité publique !