Qui a dit que les Français étaient moroses et ne savaient plus rire ou faire rire ?
Il leur suffit pourtant de lire le dernier rapport de France Stratégie sur la lutte pour le climat pour leur redonner le sourire. Il nous faut remercier ses auteurs pour la profonde hilarité que provoquent leurs recommandations.
Leur solution ? Pour financer la transition écologique, taxons les riches !
Voilà une idée bien franco-française, dont tout le monde sait qu’elle est contre-productive.
Inutile tout d’abord d’insister sur l’aberration économique sur laquelle reposait l’ISF.
En économie, on ne peut recommander de taxer les stocks, on recommande de taxer les flux !
Prenons l’exemple d’un investisseur qui a eu le nez et la chance d’investir dans une start-up 10 000€, imaginons cette licorne dans l’Intelligence Artificielle. Supposons que la valorisation en bourse de cet investissement passe à 10 M€. Puis un article de presse alimenté par un fond vautour laisse entendre que la technologie de cette start-up est dépassée ou que ses brevets ne sont pas correctement déposés. Du jour au lendemain, les 10M€ peuvent se rapprocher du zéro absolu ! Etait-il pertinent de taxer les 10M€ à l’ISF ? l’Etat rembourse-t-il le trop-perçu ? N’est-il pas plus intelligent de taxer la plus-value, par exemple si cet investisseur avait vendu la moitié de son encours pour s’offrir un hôtel particulier ? comme de lui permettre de prendre en compte sa moins-value de 10k€ s’il n’a plus que ses yeux pour pleurer ? Poser la question c’est y répondre ! Il faut taxer dûment les plus-values, les flux, pas d’hypothétiques valorisations et les stocks !
Inutile d’insister sur l’abandon de fait de la règle éthique « pollueur – payeur » ! Lorsqu’un citoyen pollue, il est éthique qu’il paie. Si j’utilise une voiture avec un moteur thermique émettant du CO2 et des particules toxiques, je paie via une taxe sur les carburants comme via ma carte grise, mon malus. Si j’utilise une voiture électrique, je paie moins de taxe. Si je prends le train, encore moins. Là, la logique est respectée. Moins je pollue, moins je paie ! et si je ne pollue pas, pourquoi devrais-je alors être sanctionné !
Inutile d’insister sur le manque d’imagination des auteurs du rapport. Non seulement, ils ne font que reprendre des idées, entre autres, de Greenpeace avant l’élection présidentielle de 2022, une ONG qui veut certainement du bien à la France mais ne s’agite ni en Chine ni au Venezuela, ni en Russie, ni en Iran pour lutter contre le réchauffement climatique, mais surtout les auteurs de ce fameux rapport n’imaginent pas que l’on puisse dégager des marges budgétaires à consacrer à la transition climatique en réaffectant des budgets déjà existants, en diminuant le train de vie de l’Etat, ou en créant, plus efficacement encore, les conditions d’une croissance économique plus forte, de plus de flux sur des montants plus importants, et donc de rentrées fiscales plus abondantes.
Non, ils restent figés, seuls dans le monde, sur leur mantra marxiste-léniniste, faire payer les riches ! et quand il n’y aura plus de riches, on fera pleurer les pauvres ?
Ils auraient pu proposer la création d’un grand fonds d’investissement citoyen, drainant astucieusement l’épargne des Français vers les secteurs d’avenir et vers la transition climatique. Que nenni ! faisons payer les riches…
Heureusement, le ministre de l’Économie Bruno Lemaire ne prend pas ce dangereux chemin. Il préfère, et bravo à lui, geler les crédits de son Budget 2023 et serrer les vis. Il a raison mais il devrait aller plus loin, en particulier face à la crise du logement.
Plutôt que de créer de nouvelles niches fiscales, comme à chaque mandature, pour relancer le logement, il devrait supprimer ce qui reste de l’ISF de l’Ancien Régime socialiste Mitterrandien, l’impôt sur la fortune immobilière, l’IFI.
Car enfin un studio n’est pas un Picasso !
L’existence même de cet IFI est un repoussoir à l’investissement immobilier. Aujourd’hui, un investissement locatif rapporte, en brut, autour de 4%. Si on enlève les taxes foncières (en forte hausse) et cet IFI, le rendement fond comme neige au soleil. L’investisseur préfère alors placer son épargne, et préparer sa retraite, en comptes à terme, à 4%, sans risque d’impayés par les locataires, sans problème de fuite ou de travaux.
Mais s’il n’y a plus d’investissement locatif, comment vont faire les locataires pour se loger ?
L’Etat oublie trop souvent que pour qu’il y ait des locataires, il faut des propriétaires !
Pour lutter contre la crise du logement dans laquelle s’enfonce notre pays, il faut permettre aux constructeurs de construire, libérer plus de foncier et accorder plus de permis de construire, recréer l’offre en somme, mais aussi arrêter cette hérésie de l’IFI, le supprimer tout simplement, et recréer les conditions d’une demande saine.
Ce rapport aura eu au moins une grande vertu, celle de faire sourire, et c’est bon pour la santé, c’est bon pour le moral, donc bon pour l’économie !
Patrick Pilcer, Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale