Le Prix littéraire Cocteau-Maisons-Laffitte 2023 a été remis par le maire Jacques Myard à la journaliste Doan Bui pour son ouvrage « La Tour » (éd. Grasset). Le Jury était présidé par Annie Lulu, lauréate du prix en 2022 [notre photo].
Le prix Cocteau, célèbre poète, dramaturge et cinéaste qui a grandi à Maisons-Laffitte, récompense un premier roman valorisant la langue française, « l’inventivité du langage, l’originalité de la narration et le style ».
« La Tour » : 4 ascenseurs, 37 étages, 296 fenêtres et combien de vies ? Doan Bui explore les destinées et les vies singulières qui se croisent sur la dalle des Olympiades, quartier du 13e arrondissement, scrutant avec drôlerie et finesse la vie des habitants de la Tour Melbourne, où se côtoient des réfugiés vietnamiens dont le couple Truong et leur fille, une pianiste roumaine, un maître d’histoires sénégalais mais aussi le sarthois Clément qui se prend pour le chien de Houellebecq ou la blonde Armelle…
Le roman nous emporte dans une fresque haute en couleurs, qui bruit de mille vies, évoquant le quotidien de ces personnages, l’amour mais aussi la douleur, l’exil, les deuils.
Le roman « La Tour » illustre chez son auteure une maîrise virtuose de la langue française, porteuse de valeurs universelles.
Doan Bui est arrivée du Vietnam avec ses parents en France à l’âge de trois ans, ignorant tout de la culture française avant d’embrasser une carrière de journaliste, dont le talent est couronné en 2013 par le Prix Albert Londres.
Son ouvrage montre le lien étroit entre langue et littérature qui façonne notre identité : « chaque langue dessine son propre paysage mental », relève Doan Bui.
La romancière rend hommage à la langue française, consubstantielle à la nation, avec beaucoup de force et de subtilité. Une langue qui s’enrichit du dialogue entre les cultures.
Et Jacques Myard, maire de Maisons-Laffitte, de citer avec délectation un extrait :
« Du français, Victor Truong aimait tout. Les mots ampoulés, les phrases à rallonge, les adverbes rutilants comme le fruit du dragon (…). Et puis il y avait l’imparfait du subjonctif. Cette merveille. L’imparfait du subjonctif ne servait à rien ou pas à grand-chose, et c’est son inutilité même qui subjuguait Victor Truong. L’inutilité était la définition même de l’élégance.
[…]Le vietnamien était à l’image de ses cieux : vaporeux […], une langue pour les fantômes. Une langue de musique où il existait mille expressions pour exprimer le bruit de la pluie […] ; le français était une langue cartésienne et précise. Tranchante. Une langue d’intellectuels, de théories savantes, de métaphores précises.
Le français était la seule langue capable de raconter des histoires qui allaient d’un point A vers un point B […]. »
Servi par une maîtrise étincelante de la langue française, « La Tour » raconte la France d’aujourd’hui et celle qui se dessine demain.
Michel Taube