C’était il y a tout juste un an, la formation du groupe Liberté, indépendants, Outre-Mer et Territoires dans la nouvelle Assemblée nationale sortie des urnes.
Un groupe étrange pour une Assemblée sans majorité absolue…
LIOT fit sourire au départ, regroupant « les laissés-pour-compte » des groupes les plus puissants : les dissidents socialistes, des UDI pas assez nombreux pour former un groupe, les députés ultra-marins… Bref juste de quoi se doter de moyens matériels et de bénéficier d’un temps de parole raisonnable.
Initialement, LIOT voulait être un groupe centriste refusant de se positionner ni dans la majorité ni dans l’opposition au gouvernement d’Elisabeth Borne.
Il est finalement devenu le groupe central de l’Assemblée nationale et de facto la hantise du gouvernement et de la majorité.
Car la réforme des retraites transforma la vie de ce groupe discret…
En trois mois de polémiques et d’empoignades, le petit groupe s’est vite affirmé et est devenu le maître du jeu durant l’épisode de la réforme des retraites.
D’abord constructif par sa volonté de compromis, ne récoltant aucune écoute de la part de l’exécutif, le groupe brandit l’arme de la motion de censure le 17 mars. Nombreux sont ceux qui voulaient renverser le gouvernement. C’est LIOT qui faillit réussir ce qui aurait été un cataclysme politique. A 9 voix près, la motion de censure de LIOT échoua mais avait bien rallié une vingtaine de Républicains aux communistes, du RN aux groupes membres de la Nupes.
Et, ce qui aurait dû être un jour de gloire, le 8 juin 2023, arriva enfin : jamais une niche parlementaire n’avait été autant attendue, annoncée… Un suspense à la Hitchkock !
Liot voulait faire adopter une proposition de loi destinée à abroger l’âge de départ à la retraite à 64 ans. La présidente Yaël Braun-Privet (jugeant cet amendement irrecevable car « créateur de charges et donc pas conforme à l’article 40 de la Constitution ») et l’actualité tragique d’Annecy en décidèrent autrement…
L’avenir est pour LIOT ?
Paradoxalement, l’épisode des retraites refermé, le groupe LIOT sort peut-être de cette période bien triste comme le seul gagnant politique.
Tout d’abord des personnalités émergent :
Le Président : Bertrand Pancher, issus du Parti Radical, il est député de la Meuse depuis 2007, on le dit proche de Jean-Louis Borloo, mais aussi de Xavier Bertrand depuis l’épisode des retraites. Il a pris part aux manifestions d’opposition à la reforme. A la dernière élection présidentielle, il avait soutenu Valérie Pécresse qui promettait un recul de l’âge de départ en retraite à 65 ans.
La star du groupe : Charles de Courson est celui qui a failli faire renverser le gouvernement en mars dernier. La motion de censure, c’est son initiative. Il est le Député de le plus expérimenté de l’hémicycle : élu en 1993, il en est à son septième mandat.
Les proches de Carole Delga : Martine Froger, élue de l’Ariège lors de l’élection législative partielle en avril dernier face à la candidate de la NUPES. Elle est députée socialiste, mais anti-NUPES, elle refuse de se faire absorber dans le mélénchonisme.
Olivier Serva : coordinateur des Députés ultra-marins sous la précédente législature, l’élu guadeloupéen a rompu avec le macronisme en juin 2022. Son parti, c’est l’Outre-mer : très tôt il avait formulé le voeux de réunir au sein d’un même groupe les ultra-marins du palais Bourbon au-delà des sensibilités politiques.
Le groupe tirera-t-il profit de sa position désormais centrale ? Avec une farouche envie de rénovation de nos institutions et de la démocratie française.
En attendant les députés du groupe lancent l’association UTILES : ultra-marins, territoires, indépendants, liberté, écologie et solidarité. Le groupe sort des murs du Palais Bourbon et s’étend désormais à la société.
Et élargissent leur cercle aux élus locaux, avec au premier chef Serge Grouard, le maire d’Orléans, frais transfuge des LR.
Une liste LIOT aux élections européennes n’est pas exclue. Selon la rumeur Jean Lassalle pourrait même en être la tête de liste.
Michel Taube et Radouan Kourak
