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22H44 - dimanche 30 juillet 2023

« La Libye reste un pays majeur de l’Union Africaine » : entretien avec M. Al-Ageli Abd Al-Salam Breni, dirigeant du Haut comité des tribus libyennes

 

Monsieur Al-Ageli Abd Al-Salam Breni, vous dirigez le Haut comité des tribus libyennes et avez été Président du Conseil d’administration de la banque de développement libyenne en 1994, vice-gouverneur de la Banque centrale de Libye de 1995 à 1999, Ministre de l’économie et des finances de 1999 à 2003 et Ambassadeur de Libye en Espagne de 2009 à 2011.

Qu’est-ce que le Haut comité des tribus libyennes et que représente-t-il dans la galaxie des pouvoirs en Libye, notamment par rapport au Conseil présidentiel libyen à Tripoli et les forces et institutions du Maréchal Haftar à l’est ?

En mai 2015, une conférence nationale publique a eu lieu dans la ville d’Al-Azizia, au sud de Tripoli. Elle a réuni des milliers de citoyens libyens de la plupart  des villes et des tribus libyennes. La tribu Warshafana, d’Al-Azizia, étant l’une des plus grandes tribus les plus densément peuplées de la région occidentale. Son emplacement est considéré comme un cordon sur la capitale Tripoli, de l’ouest au sud, et elle est à 40 kilomètres de la capitale. C’est l’une des tribus vaincues en février 2011.

En outre, une autre conférence s’est tenue dans la ville de Suluq, au sud de Benghazi, qui comprenait la majorité des tribus des régions de l’ouest, de l’est et du sud.

Lors des deux réunions susmentionnées, un conseil suprême des tribus et villes libyennes a été choisi, sous la direction d’Al-Ageli Abd al-Salam Brini, deux vice-présidents de Barqa et Fezzan et un conseil d’administration composé de trente personnalités sociales, réparties équitablement entre les trois régions

Ce conseil (la composante sociale) mène ses activités sociales et politiques loin du conseil présidentiel et loin du maréchal Haftar. Mais il les rejoint pour libérer la patrie, résister à l’ingérence étrangère et pour reconstruire d’un État libyen, national et civil, avec des visions différentes.

 

Les élections présidentielles prévues fin 2020 ont été annulées le 24 janvier 2021. 2023 sera-t-elle l’année, enfin, de la tenue de ce rendez-vous incontournable pour le futur de la Libye et quelles sont les conditions pour qu’elles aient lieu ?

Les élections ont été annulées en 2021 à cause de ce qui avait été rapporté dans les médias à l’époque, en raison de la force majeure, qui est l’entrée de Saif al-Islam Mouammar al-Kadhafi dans les élections, ainsi que le maréchal Haftar.

En ce qui concerne les élections au cours de l’année 2023, je ne pense pas que ces élections seront couronnées de succès tant qu’il y aura des milices armées, tant qu’il y aura une division politique, financière et économique dans le pays, et tant qu’il y aura l’ingérence étrangère en Libye.

Les conditions les plus importantes pour la tenue de ces élections sont la sortie de la présence étrangère, la fin du rôle des milices armées et autoriser la candidature de tous les Libyens qui souhaitent se présenter, s’ils remplissent les conditions légalement requises. Tout cela se fasse par une décision décisive unifiée du conseil de sécurité de l’ONU.

 

Quel rôle joue concrètement l’Union Africaine dans la stabilisation de la Libye ? La Libye figurait à l’agenda du 36e sommet de l’Union africaine qui s’est tenu du 17 au 19 février dernier à Addis-Abeba. C’est le Président Denis Sassou Nguesso qui préside le Comité de haut niveau sur la crise libyenne. Il a été annoncé la tenue prochaine d’une « conférence de réconciliation nationale ». Qu’en attendez-vous ?

La Libye est un pays majeur de l’Union Africaine. Comme la communauté internationale a choisi de nombreux émissaires internationaux, depuis 2011, pour aider à résoudre le problème libyen, tous ont failli à leurs tâches. Il a finalement été convenu que l’Union africaine ait un envoyé international pour aider à résoudre le problème libyen. Devant la complexité du problème libyen, les Libyens l’espèrent de l’Union africaine et du président du Congo, Denis Sassou Ngasso, en sa qualité de président du (comité de haut niveau) concerné par la crise libyenne. Il est le soutien de la réconciliation nationale en coopération avec le Conseil suprême de l’État en Libye.

À cet égard, et après l’entrée de l’Amérique sur la ligne de résolution du problème libyen, les Libyens espèrent que l’envoyé africain en Libye, Abdullah Batili, sera impartial et sérieux, et non pas un outil de la communauté internationale, qui n’est pas neutre dans la résolution du problème libyen.

 

Quel est le crédit de la France en termes d’image et d’influence en Libye, douze ans après la chute de Kadhafi ?

Le printemps arabe en Libye, que la France a conduit avec la Grande-Bretagne, l’Amérique et l’OTAN, en plus de certains pays arabes, qui voient la Libye comme une alternative pour eux dans le développement économique et un concurrent féroce pour leur avenir sur les aspects économiques, financiers, géographiques et proximité avec les pays de l’Union européenne. Malheureusement, la France était le principal pays à avoir mis fin à l’État libyen et au régime libyen stable.

Elle œuvre malheureusement pour s’emparer du sud libyen, qui se caractérise par un vide démographique, des ressources économiques abondantes et sa connexion avec les pays voisins du sud libyen.

Dans ce contexte, le conseil suprême des tribus libyennes ne peut qu’exprimer ses sincères remerciements et sa gratitude à Monsieur Tayeb Benabderrahmane pour sa coopération avec ce conseil pour le faire connaître au sein de la société française.

 

Propos recueillis par Michel Taube

 

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