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22H49 - dimanche 30 juillet 2023

« Il faut stopper ce nouveau génocide contre notre peuple Artsakiote – arménien », déclare Arayik Harutyunyan, président de l’Artsakh (Haut-Karabagh)

 

Lors d’une conférence de presse internationale tenue ce lundi 24 juillet 2023, Arayik Harutyunyan, président de l’Artsakh / Haut-Karabagh [notre photo], a alerté l’opinion publique mondiale sur la crise humanitaire organisée sciemment par les autorités d’Azerbaïdjan contre tout un peuple.

Le 15 juin dernier, l’unique route, le corridor de Latchine, qui reliait la République de l’Artsakh / Haut-Karabagh à l’Arménie et au monde extérieur, a été coupée par l’Azerbaïdjan, imposant un blocus illégal à toute une population :  les produits alimentaires, les médicaments, le carburant et les biens humanitaires de première nécessité seront bientôt complètement épuisés, laissant une population locale de 120 000 personnes isolée et affamée. Parmi eux, 30 000 enfants sont désormais exposés à un risque critique de malnutrition et d’urgences médicales mortelles.

L’étouffement de la République d’Artsakh depuis 225 jours s’est effectuée en plusieurs étapes…

Le 12 décembre 2022 à 10 h 30, un groupe d’agents des services spéciaux parrainés par l’État azerbaïdjanais se présentant comme de prétendus « militants écologistes » avait bloqué la seule route (corridor de Latchine) reliant l’Artsakh / Haut-Karabagh à l’Arménie et au monde extérieur.

Depuis le 9 janvier 2023, l’Azerbaïdjan a interrompu l’approvisionnement en électricité par l’unique ligne à haute tension entre l’Arménie et l’Artsakh / Haut-Karabagh, ce qui a causé d’importants problèmes énergétiques et humanitaires à l’Artsakh / Haut-Karabagh. Il y a eu des coupures de courant quotidiennes de six heures, une diminution de 48% de la consommation d’électricité et l’épuisement des systèmes locaux de production et d’approvisionnement en électricité.

Depuis le 13 décembre 2023, l’Azerbaïdjan a interrompu périodiquement, et depuis le 21 mars, presque continuellement, l’unique gazoduc alimentant en gaz l’Artsakh / Haut-Karabagh depuis l’Arménie, aggravant ainsi la crise énergétique et humanitaire.

Le 23 avril, l’Azerbaïdjan a établi un point de contrôle illégal dans le corridor de Latchine à la frontière entre l’Artsakh et l’Arménie, imposant officiellement et ouvertement un contrôle militaire strict et arbitraire sur toutes circulation et tout transport.

Depuis le 15 juin, l’Azerbaïdjan a enfin imposé un blocus complet sur le corridor de Latchine, interdisant le transport de toute personne ou marchandise (y compris de produits alimentaires et pharmaceutiques, d’articles d’hygiène et de carburant) dans les deux sens, même par le Comité international de la Croix-Rouge et les Casques bleus russes.

120 000 habitants de l’Artsakh se retrouvent donc assiégés. La pénurie alimentaire s’aggrave, d’autant plus qu’avant le blocus, environ 90 % de tous les aliments consommés étaient importés d’Arménie.

D’un point de vue sanitaire, la pénurie croissante de médicaments, de matériels médicaux et d’articles d’hygiène, associée à l’interdiction de transporter des patients en Arménie, constitue une menace croissante pour la vie et le bien-être des personnes.

En raison de la pénurie de produits alimentaires et de vitamines, environ 2 000 femmes enceintes, environ 30 000 enfants, plus de 20 000 personnes âgées et 9 000 personnes handicapées luttent pour survivre dans des conditions de malnutrition.

Enfin, environ 30 000 citoyens de la République d »Artsakh / Haut-Karabagh sont privés de la possibilité de retourner dans leur patrie, des milliers d’entre eux sont séparés de leurs familles.

En interdisant complètement tout transport à travers le corridor de Lachin, y compris la livraison de fournitures essentielles et de secours humanitaire par la Croix-Rouge (fait inédit dans le monde entier où le CICR peut généralement intervenir même dans les pires territoires en guerre), une crise humanitaire se produit sous nos yeux.

Pourquoi ce blocus complet de la République de l’Artsakh / Haut-Karabagh et son isolement du monde extérieur ? L’Azrbaïdjan veut-elle assujettir par la force le peuple d’Artsakh, aggraver la crise humanitaire et ouvrir la voie à la transformation de ces crimes contre l’humanité en crime de génocide ?

Avec toutes ces actions de blocage, d’isolement, d’étouffement, l’Azerbaïdjan continue de violer ses obligations internationales, notamment les dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 entre Arménie, Azerbaïdjan et Russie.

Rappelons en effet que le droit international est clairement du côté des revendications de l’Artsakh : l’arrêt du 21 décembre 2023 de la Cour européenne des droits de l’Homme, les Ordonnances rendues par la Cour internationale de justice les 22 février et 6 juillet 2023, les appels du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, d’Amnesty International, de Human Rights Watch, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, du Parlement européen, ainsi que d’autres organisations internationales et de nombreux États appellent clairement au respect de l’intégrité de la République de l’Artsakh qui réclame son droit le plus légitime à l’autodétermination.

Le 18 juillet dernier, mais nous y reviendrons, 462 associations et personnalités de l’Europe ont alerté les autorités européennes et demandé des sanctions contre Bakou.

Des manifestations et des interventions internationales auront lieu dès demain et dans les prochains jours pour demander l’arrêt de ce génocide.

 

Michel Taube

paru le 24 juillet 2023

Directeur de la publication

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