Outre-Mer
04H58 - mardi 29 août 2023

Le créole doit-il devenir langue officielle de la Martinique ?

 

Panneau de bienvenue en créole martiniquais.

Makaya Live, média du Club O2A Objectif Afrique Avenir d’Alain Dupouy, Alain Dupouy, chef d’entreprise à l’export, président du cabinet de conseil OM2A et conseiller du commerce extérieur, nous autorise à publier cette tribune forrt intéressante sur les enjeux identitaires qui secouent les Antilles françaises…

 

Le Président de la Collectivité Territoriale de Martinique CTM aurait voulu imposer que le « créole Martiniquais » soit considéré autant que le Français comme « langue officielle » ! 
Une idée loin d’être majoritairement reconnue par les Martiniquais a fait l’objet de vives réactions..

VOICI LA RÉPONSE D’UN « CITOYEN MARTINIQUAIS » DONC FRANÇAIS DE MARTINIQUE : 

Monsieur le Président du conseil exécutif de la CTM,

L’instinct de liberté que m’offre ma langue, la langue française, nourrit toutes les puissances de ma personnalité. Il affermit ma capacité à être au monde et fortifie ma construction en tant qu’être. Il m’offre la possibilité de m’épanouir pleinement, si je le veux, sur les chemins balisés ou marrons de ma langue créole. Il m’offre la possibilité d’en faire mon étendard, mon cri ou ma joie sans avoir besoin d’une estampille administrative française. Ma langue officielle française s’accommode très bien de la liberté de ma langue créole.

Me contraindre à adopter la langue créole comme langue officielle ne rajoutera rien à mon identité française, martiniquaise et créole. Une identité multiple que ma liberté rend si précieuse.

Jamais ma langue officielle, la langue française, n’a cherché à ensevelir ma langue de cœur, le créole. Jamais elle ne m’a pressé à m’ignorer moi-même dans le saignement de la part universelle de mon droit à l’existence. Bien au contraire.

Je vous rassure, Monsieur le Président, refuser un titre officiel à ma langue créole ne la jugulera pas. C’est bien la mépriser que d’imaginer qu’elle nuirait à mon identité si on la maintenait en l’état. Rassurez-vous, mon identité est solide.

Permettez-moi de vous rassurer, Monsieur le Président. En acceptant l’idée séculaire que votre langue officielle, la langue française, ne retire rien à la force de votre langue de cœur, la langue créole, vous ne trahiriez pas votre pays, la Martinique, et si vous consentiez à le faire, je saluerais alors l’élégance de votre posture.

Puisse cette élégance vous aider à reconnaître pleinement et sans réserve votre langue, la langue française, comme seule langue officielle, au même titre que tous vos frères de France qui ne souffrent, eux non plus, d’aucune singularité républicaine.

Oui, opposer le français au créole est une laborieuse posture fabriquée entre liberté et égalité. C’est une position désuète qui enferme au lieu de fraterniser dans l’unité de la République. Cette unité que nous sommes si nombreux à partager par-delà nos frontières, dans le ciment de notre seule langue officielle, la langue française.

Assumer sans complexe votre langue française ne vous empêchera jamais d’enrichir votre langue martiniquaise. La langue française, par son unité républicaine, fait de vous un Français à part entière. Elle ne fera jamais de vous un Martiniquais entièrement à part.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée.

Un citoyen Martiniquais

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