La télévision prépare sa rentrée, quelques-unes des émissions phares du PAF font leur retour ce lundi. Quotidien sur TMC présenté par Yann Barthes, mais aussi Touche Pas à Mon Poste, – dites bien TPMP -, qui rempile pour une quinzième saison.
Cyril Hanouna aura réussi en quelques années à installer son talk-show parmi les émissions de débats de référence en France. Initialement concentrée sur l’actualité médiatique, TPMP a progressivement réalisé une mue complète, laissant aujourd’hui place à des débats sociétaux et politiques. L’ADN, lui, reste inchangé : une bande de chroniqueurs et d’éditorialistes, souvent clivants, parfois potes, qui tantôt débattent, tantôt s’amusent autour d’happenings ou de séquences humoristiques.
Avec ses différentes émissions, l’animateur mais surtout producteur de génie aura au fil du temps et des audiences propulsé la huitième chaine dans la cour des grands. Les secrets de cette réussite : un style atypique, un espace de liberté d’expression et beaucoup de travail.
Cyril Hanouna a bâti un empire télévisuel. Il est aujourd’hui à la tête de l’émission la plus puissante du paysage audiovisuel français. Il a contribué à la réussite de C8 et affiche son ambition d’en faire la cinquième chaîne nationale.
Paradoxe : Cyril Hanouna n’hésite pas à dire que les idées extrême-droite, c’est pas ça sa tasse de thé, mais les leaders du RN et de la Zemmourie tressent des louanges de félicitations au producteur – animateur.
Jusqu’où ira Cyril Hanouna ? Michel Taube, fondateur et directeur de la publication Opinion Internationale, va jusqu’à nous confier : « je le verrais bien candidat à la présidentielle en 2027 ou 2032 : il en a aujourd’hui les moyens, le bagout, l’audace. On peut le détester mais il est en phase avec la société française. Avec l’âge, il va s’assagir et il trouvera les punchlines pour séduire beaucoup de Français en perdition électorale. Vous verrez : Hanouna, c’est le prochain Zelensky français. »
De France Télévision à TV Woke
Réussites, excès (l’ARCOM l’a plusieurs fois lourdement sanctionné financièrement)… De quoi susciter nombre de critiques et faire couler beaucoup d’encre. Ses détracteurs lui reprochent une recherche de buzz à tout prix ou le qualifient parfois de promoteur de l’extrême droite.
L’émission Complément d’enquête sur France 2 a décidé dès juin dernier de lancer une enquête sur Hanouna dans le cadre d’un numéro de l’émission qui sortira dans les prochaines semaines. Il s’agit là d’une première : jamais Complément d’Enquête n’avait consacré une émission à un animateur de télévision.
C’est que Hanouna suscite, provoque de nombreux fantasmes, notamment nourris par l’extrême gauche politique mais aussi une classe intellectuelle majoritairement présente et invitée dans l’audiovisuel public.
Jacques Cardoze, présentateur de Complément d’enquête de 2018 à 2021, parmi les recrues de rentrée de Cyril Hanouna comme chroniqueur deux fois par semaine sur TPMP, nous confie avoir voulu enquêter en 2019 sur Jean-Luc Mélenchon à la suite des perquisitions qui avaient eu lieu au siège de son parti. On s’en souvient : le leader des Insoumis s’était montré particulièrement violent à l’égard des policiers présents.
La réponse apportée à Jacques Cardoze par la direction de France Télévision avait été catégorique : « Non, pas d’enquête sur Mélenchon ».
Petite censure pour pas faire d’ombre à un candidat à la présidentielle pour qui une écrasante majorité des journalistes du groupe avaient de l’accointance politique ?
A l’inverse, Sophie Cluzel, Secrétaire d’État en charge du handicap de 2017 à 2022, a souhaité apporter son témoignage aux journalistes en charge de l’enquête sur Cyril Hanouna, dans l’intention de mettre en avant les actions en faveur du handicap mises en place par ce dernier. Témoignage jugé inutile, selon nos sources, par les équipes de Complément d’enquête qui sont aujourd’hui à la recherche de témoignages accablants.
L’enquête se révèlera-t-elle non concluante et finira-t-elle par être abandonnée ? Y a-t-il acharnement sur Cyril Hanouna de la part du groupe public ? La société des journalistes de France Télévision n’a à ce jour toujours pas réagi.
Cette petite guéguerre entre chaînes (lors des dernières élections présidentielles, plusieurs candidats avaient proposé la privatisation de l’audiovisuel public) va au-delà de Cyril Hanouna : Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+, a lui aussi été le sujet d’un Complément d’enquête à charge en 2016.
Pour rappel, jusqu’en 2022 la redevance audiovisuelle annuelle s’élevait à 138€ par ménage, soit environ 4 milliards € au total, suffisant pour couvrir le budget total et faramineux de 2,5 milliards d’euros du groupe France Télévisions. C’est aujourd’hui une fraction de la TVA qui finance l’audiovisuel public qui appartient pleinement aux contribuables.
En attendant, Cyril Hanouna, l’enfant des Lilas dans le 93 (dites 9-3), continuera cette saison à être l’objet de tous les fantasmes et à faire la Une de l’actualité médiatique et certainement politique.
Radouan Kourak
Rédacteur en chef d’Opinion Internationale