Résistance à bas bruit et mille et un défis subreptices à l’autorité à Téhéran et dans tout l’Iran, manifestations hebdomadaires dans les capitales occidentales des diasporas, l’assassinat de Mahsa Amini continue à susciter des vagues de protestation.
La mort de cette jeune kurde iranienne a été un tsunami. Elle doit devenir un tremblement de terre pour le régime des mollahs.
En Iran, la répression est sans limite. Il est toujours interdit aux femmes de tomber le voile islamique. Des milliers de manifestants ont été arrêtés, emprisonnés, comme le célèbre rappeur Toomaj, ou exécutés.
Un an après, triste anniversaire, le monde entier s’émeut. Pendant 24h…
De toute cette année écoulée, l’événement majeur se sera tenu à Washington : le 10 février dernier, l’université de Georgetown à Washington accueillait une conférence réunissant des personnalités de l’opposition en exil qui ne s’étaient jamais parlé auparavant.
A la table des discussions Masih Alinejad, militante anti-hidjab, Hamed Esmeailion, le porte-parole des proches des victimes du crash de l’avion ukrainien abattu par l’Iran en 2020, Reza Pahlavi, fils du shah renversé en 1979, rejoints en ligne par le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi et la comédienne Golshifteh Farahani — ont tenté d’adopter une charte de l’opposition, essayé de mettre en place un conseil de transition chargé de préparer des élections.
Echec cuisant des discussions et espoirs aussi vite déçus…
Un an après le déclenchement du mouvement Femme Vie Liberté, et si l’on veut vraiment que cette révolution aboutisse, l’équation est très simple : le pouvoir islamo-policier qui tient l’Iran ne tombera que si une alternative crédible s’offre aux Iraniens et leur donne la force, le courage de descendre massivement dans les rues iraniennes jusqu’à la chute du régime.
Une année n’aura pas suffi malheureusement à construire cette alternative. Et si la communauté internationale a été en dessous de tout, à commencer par la France et l’Union européenne qui ont pris des sanctions ridicules (en comparaison par exemple avec le Canada) contre Téhéran, la faute en revient aussi aux Iraniens eux-mêmes.
Paranoïa héritée de quarante années de théocratie et de peur du régime, concurrence entre groupuscules ou familles politiques, absence de sens de la communication stratégique, bref les diasporas n’ont pas été pour le moment à la hauteur de cette belle et courageuse révolution Femme Vie Liberté.
La seule solution, c’est un gouvernement multipartite en exil. Avec les participants de la réunion de Georgetown, avec les kurdes si courageux, avec les autres minorités persécutées comme les Baha’hi, avec des chefs d’entreprise, des consultants internationaux et des hommes d’affaires occidentaux d’origine iranienne.
Ce gouvernement en exil pourrait organiser la résistance, diligenter des poursuites judiciaires contre les biens et les personnes du régime qui circulent librement en Occident, et surtout “harceler” les chancelleries pour qu’elles sanctionnent et fragilisent les mollahs et leurs affidés.
Surmonter ses peurs et ses démons, rassembler les forces éparses, telle est la voie à suivre pour que Mahsa Amini ne soit pas morte pour rien.
Michel Taube