International
15H11 - lundi 23 octobre 2023

« La planète et l’Afrique vertes ont rendez-vous à Brazzaville » : tribune de Denis SASSOU-N’GUESSO, Président de la République du Congo

 

« L’essentiel s’exprime par le silence », dit un proverbe africain. Pourtant, le silence, parfois, ne suffit pas. C’est pour cela que j’ai décidé de plaider pour ce que je crois être l’essentiel : la survie de notre village planétaire.

L’Afrique, que nous appelons désormais l’Afrique verte, souhaite contribuer à la renaissance de la planète.

Les forêts, les écosystèmes de biodiversité sont parmi les biens les plus précieux. Protéger les poumons de la planète qui représentent à eux seuls 80 % des forêts tropicales du monde et deux tiers de la biodiversité́ est un des défis majeurs de la lutte contre le réchauffement climatique.

En mai 2011 s’était tenu à Brazzaville le premier Sommet de ces trois grands bassins forestiers tropicaux. Douze ans ont passé et nous pouvons nous réjouir des avancées qu’il a rendues possibles. Le rôle joué par les 180 millions d’hectares de forêts du bassin du Congo dans l’atténuation des émissions mondiales de dioxyde de carbone d’origine anthropique, est salué par la communauté internationale. Les scientifiques ont établi que les immenses puits et réservoirs de carbone du bassin du Congo capturent des centaines de millions de tonnes de gaz à effet de serre par an et jouent ainsi un rôle déterminant dans la régulation du climat mondial.

Les grands bassins forestiers abritent aussi une faune et une flore exceptionnelles, qui contribuent à la préservation de la biodiversité et forment un véritable patrimoine de l’humanité. Le Congo est pleinement engagé dans leur sauvegarde et voit dans la décision récente de l’UNESCO de classer le massif forestier d’Odzala Kokoua au patrimoine mondial de l’humanité la reconnaissance de tous nos efforts en la matière.

Sur le plan des Institutions, nous avons aussi beaucoup progressé, avec la création de la Commission Climat du Bassin du Congo dont j’assure la présidence, et celle du Fonds bleu pour le bassin du Congo, qui s’inscrivent dans la stratégie de l’Union africaine. La République du Congo y joue un rôle central.

Nous ne pouvons cependant nous satisfaire de nos avancées, pour importantes qu’elles aient été, dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes. En effet, les risques climatiques augmentent et la pression sur les grands bassins forestiers tropicaux mondiaux ne cesse de s’accentuer.

Donner une nouvelle impulsion à la coopération entre les pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, c’est tout l’objet de ce deuxième Sommet des trois bassins des écosystèmes de biodiversité et des forêts tropicales (Amazonie, Mécong et Congo) que Brazzaville s’honore d’accueillir du 26 au 28 octobre prochains.

Ce sommet doit correspondre au temps de l’engagement.

De Brazzaville doivent émerger des solutions véritablement innovantes qui dépassent les catéchismes de bonnes intentions et les vieilles recettes de l’aide publique au développement. J’entends en particulier que notre conférence donne naissance à un marché carbone souverain à l’échelle mondiale. Il s’agit là d’une nécessité économique évidente, mais aussi d’un devoir de justice à l’égard de nos pays dont les services écosystémiques rendus à l’humanité ne nous ont jamais été payés de retour.

Brazzaville verra naître la première coalition mondiale pour la restauration des écosystèmes terrestres et aquatiques en danger. Cette coalition portera une triple ambition : établir une gouvernance mondiale efficiente pour gérer les défis environnementaux et climatiques ; créer une feuille de route et une stratégie commune visant à lever des fonds et à stimuler les projets d’investissement verts ; promouvoir la coopération scientifique et technique.

Avec cette nouvelle coalition, nous voulons peser dans les forums multilatéraux en faveur de la défense de l’environnement.

L’heure de nous imposer des choix répondant à des logiques que nous ne partageons pas est révolue. J’appelle de mes vœux la consolidation d’une dimension multipolaire de la gestion de la planète, mais aussi et surtout une authentique gouvernance Sud-Sud des biens publics mondiaux, à commencer par la gestion commune et efficace des trois bassins des écosystèmes de biodiversité et des forêts tropicales.

C’est cet esprit de solidarité à la fois Sud-Sud et planétaire qui soufflera, j’en suis sûr, tout au long de ce deuxième Sommet de Brazzaville pour en assurer le succès.

Ainsi ce grand rendez-vous de l’Afrique et du Sud, insufflera un peu de cette sagesse africaine dont la planète devrait s’inspirer lors des travaux de la COP 28 sous l’égide des Nations Unies à Dubaï (Émirats Arabes Unis) fin novembre.

Durant la COP 27 à Charm-el-Cheikh en Égypte en novembre 2022, j’avais lancé l’idée d’une Décennie mondiale de l’afforestation et du reboisement. Je souhaite que le Sommet de Brazzaville endosse cette belle initiative et qu’elle se concrétise à Dubaï.

En attendant, la planète verte a rendez-vous avec l’Afrique verte à Brazzaville et nous lui disons déjà : « bienvenue ».

 

Denis SASSOU-N’GUESSO

Président de la République du Congo

 

(1)  Le Monde, 29 octobre 2021, « Le bassin du Congo, deuxième puits de carbone du monde, entre préservation et exploitation ».

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