Coup sur coup, lors de son entretien accordé à la BBC comme lors de la cérémonie du 11 novembre, le Président Macron a tenu des propos très surprenants, pour ne pas dire terribles, inacceptables.
Commençons par son refus de se joindre au Peuple de France pour cette grande manifestation contre l’antisémitisme et pour la libération de nos otages. Une manifestation lancée, pour la première fois, par le Président du Sénat et par la Présidente de l’Assemblée Nationale, unis dans un même combat républicain, dans cette urgence humaniste et universaliste, une manifestation qui fait écho à celle organisée en janvier 2015 après les terribles attentats contre notre pays, cette magnifique marche républicaine dont nous avons, tous, pu nous réjouir.
En janvier 2015, le Président Hollande était en tête du cortège. Il avait ressenti que sa place était là !
En mai 1990, le Président Mitterrand, malgré son âge et sa maladie, lors de la grande manifestation, déjà, contre l’antisémitisme, avait lui aussi ressenti que sa place était là, au milieu de la foule, parmi les citoyens.
En 2023, le Président Macron ne ressent pas ce besoin d’être parmi les Français à marcher pour dire non à l’antisémitisme.
Il commet là une faute grave, une faute de sensibilité, une faute politique. Il ne peut être, en même temps, courageux dans les mots et lâche dans les actes, en refusant de marcher au milieu du Peuple de France. Un terrible manque de sensibilité politique.
Une faute grave, donc, qui est double, car en l’annonçant de cette façon, il casse complètement la dynamique de mobilisation pour manifester et surtout combattre l’antisémitisme.
Il n’y a pas de lutte contre l’antisémitisme, il n’y a que des preuves de lutte, des actes, et des résultats !
Une faute grave qui arrive, en outre, le lendemain de ses propos très choquants, inacceptables pour un chef d’état, où il demande à Israël de ne plus tuer des enfants, des femmes et des vieillards à Gaza.
Comme si Israël ne faisait pas justement tout pour éviter ces morts. Comme si Macron déculpabilisait entièrement le Hamas qui prend pourtant sa propre population en otage et en bouclier humain.
Ce n’est pas Israël qui a placé les terroristes dans des écoles et des hôpitaux, mais le Hamas qui a délibérément choisi de prendre les vrais civils comme bouclier humain, sans parler des otages, dont de très nombreux européens et français.
C’est le Hamas qui a choisi de transformer l’hôpital Shifa par exemple, en véritable bunker de commandement, et les écoles gérées par l’ONU en rampes de lancement de missiles. Inutile ici d’évoquer la complicité de l’ONU et des ONG qui ont laissé le Hamas s’installer ainsi, complicité passive ou active, l’histoire et les enquêtes nous le diront peut-être. Une ONU, qui au Liban, malgré la FINUL, laisse le Hezbollah attaquer tous les jours Israël.
Si le Président Macron dispose d’armes pour tuer les terroristes et éviter les morts civils, qu’il s’empresse de les offrir à Israël ! Pourquoi d’ailleurs nos armées, et nos alliés, n’ont pas utilisé de telles armes en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye, au Sahel ?
Une faute grave en tant que chef d’état, chef des armées, car si demain notre pays est attaqué et doit se défendre, comment vont opérer nos militaires ? comment vont-ils frapper nos ennemis ? Quelle crédibilité laisse-t-il à nos militaires, et quelle crédibilité lui-même garde-t-il devant ses généraux ?
Une faute grave en tant que chef d’état, chef des armées, car en déclarant cette exigence bienpensante, il annule du même coup tout l’intérêt de notre dissuasion nucléaire. Si, un jour, nous étions amenés à frapper nos ennemis avec notre arsenal nucléaire, je doute que nos bombes puissent sérieusement distinguer le coupable de l’innocent ! A quoi bon dans ce cas, disposer d’une force de dissuasion ?
Sauf si ce qui est exigé d’Israël ne l’est que pour Israël !
Une faute grave alors aussi, car un chef d’état, chef des armées, perd toute crédibilité internationale, en affirmant, en même temps, lorsqu’il est à Jérusalem sa solidarité avec Israël, et son soutien dans son combat pour éradiquer le Hamas, tout en déclarant à la BBC qu’il faut un cessez le feu immédiat !
C’est comme si on exigeait que Mike Tyson boxe les poings liés dans le dos, ou que Mbappé joue en pantoufles sans protège-tibias !
Une faute grave car en tant que chef d’état, plutôt que d’exiger le cessez le feu à notre allié, Israël, il aurait dû exiger du Hamas à la fois la fin des tirs de missiles lancés, aveuglément, sur la population civile israélienne et la libération de tous les otages. A l’extrême limite, à la BBC dont chacun connait les biais et l’audience, il aurait pu exiger, en même temps, le cessez le feu israélien contre le cessez le feu du Hamas et la libération de tous les otages.
Le « En même temps » semble à bout de souffle, sur ce dossier comme sur tant d’autres !
Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale