Pour la deuxième année consécutive Emmanuel Macron ne se rendra donc pas au Congrès des maires de France. De quoi mettre en colère de nombreux édiles locaux qui ont annoncé boycotter le cocktail offert à l’Elysée par le chef de l’Etat et réservé à un millier d’entre eux.
Emmanuel Macron et les maires, c’est un grand « je t’aime moi non plus »… Enfin plutôt un grand « moi non plus ».
La bienveillance des maires à l’égard d’un président jupitérien et hors-sol, ontologiquement méfiant avec les corps intermédiaires, n’aura pas été payée en retour. Pourtant lors du Grand débat post gilets jaunes, pendant la crise Covid et enfin avec les émeutes urbaines de l’été 2023, les maires ont sauvé la République et offert au chef de l’Etat des sorties de crise qu’il a un peu vite oubliées.
Le fond de l’affaire est que l’Etat français se meurt non seulement par manque d’autorité (et la justice pénale y est pour beaucoup) mais aussi par excès de bureaucratie et de jacobinisme. En 2023, on ne peut pas gouverner un pays aussi complexe en faisant tout remonter au préfet ou au ministre, pardon à Matignon ou à l’Elysée.
Si la France ne veut pas sombrer dans une révolution style France Insoumise, une autre révolution pourrait remettre le pays d’équerre : la révolution des maires. Celle des ruralités et des villes moyennes. Celle de ces 34000 décideurs locaux et de ces centaines de milliers de conseillers municipaux, auxquels il faut ajouter les élus départementaux et régionaux, qui sont les poumons et les cœurs vibrants de la France.
Il faut une France décentralisatrice et décentralisée. Une grande loi digne de la loi Defferre des années 1980. Autonomie financière, pouvoirs élargis d’action et d’investissements, réponse pénale à la hauteur des violences subies par les maires, statut et rémunérations forte des élus, référendums locaux, pouvoirs de police, une clarification des missions de chaque tranche du mille-feuille administratif local, une reprise en main des décisions par les Maires sur les inter-communalités, une nouvelle politique d’aménagement du territoire et surtout un nouveau contrat politique laissant à l’Etat le régalien et les enjeux stratégiques et aux pouvoirs locaux les affaires du quotidien des Français.
Malheureusement, depuis son arrivée au pouvoir en 2017, Emmanuel Macron a brillé par son mépris parfois, sa condescendance souvent et son jacobinisme jupitérien toujours à l’égard des collectivités locales. Le manque de confiance de l’État vis-à-vis des élus locaux a nui gravement à la relation entre les Français et la vie politique nationale.
Les maires ne sont pas qu’à portée de baffes. Ils sont aussi à portée de solutions pour leurs administrés et pour la France. C’est que plaident les maires, de Mennecy dans l’Essonne à Montauban et une dizaines d’édiles, qui ont accordé des interviews à Opinion Internationale dans le cadre du 105ème Congrès des Maires de France. C’est ce que dira demain très certainement Davis Lisnard, maire de Cannes, président de l’AMF (Association des Maires de France) et président du parti Nouvelle Energie (tout en restant membre de LR).
Il est grand temps d’inverser la pyramide France, quitte à faire une nouvelle révolution française, girondine et pacifique.
Michel Taube
Spéciale Congrès des Maires de France 2023 :
Et si les maires faisaient la révolution ? L’édito de Michel Taube
Brigitte Barèges, maire de Montauban : « La technocratie met en danger nos territoires »
Smati, Rouillon, Mardelle, Brémond, Lajugie, Lécina… Paroles de maires 1