Depuis le 8 octobre, lendemain de l’ignoble acte de barbarie et de sauvagerie commis par le Hamas et ses supplétifs gazaouis, les déclarations de la plupart des dirigeants politiques du monde entier reprennent, au mot près, l’incantation « il n’y aura pas de paix sans solution à deux états entre Israël et la Palestine ».
Cette incantation semble aller de soi, elle paraît même naturelle tant elle est répétée en boucle sur toutes les ondes de la Planète. Et pourtant, n’est-ce pas bien naïf ? est-ce le bon moment ?
Tout d’abord, depuis 2005, Gaza est un quasi-état indépendant, sans aucune occupation israélienne. Depuis 2005, mais déjà depuis les accords de Madrid de 1991 et surtout d’Oslo de 1995 en fait, où il avait été mis en place un calendrier très précis de création des conditions intérimaires pour un gouvernement autonome palestinien, avec d’abord Gaza et Jéricho. Arafat s’installe d’ailleurs à Gaza quand il revient de Tunis et y débute la mise en place de son gouvernement. Lui qui était né au Caire, en 1929, est culturellement assez proche des clans gazaouis qui contrôlent ce territoire, anciennement égyptien.
Pourtant c’est dans ce quasi-état indépendant que les barbares du Hamas vont très vite, par des élections libres, prendre le pouvoir, et s’y maintenir en emprisonnant, en torturant, en tuant ceux qui résistent à leur emprise. Ils tuent les représentants du Fatah, jugés trop mous, imposent leurs dogmes de fer, bâtis sur la Charia la plus dure, jettent en prison, tuent ou contraignent à l’exil les LGBT+, les Chrétiens, et tous ceux qui ne pensent pas comme eux.
Le Hamas a le contrôle complet sur Gaza et transforme ce qui aurait dû être un Singapour régional en prison à ciel ouvert. Ils détruisent les fermes ultra-modernes que leur ont laissées les Israéliens et n’investissent que dans des armements et des tunnels. De Gaza, ils lancent des attaques, puis des missiles sur Israël (plus de 10 000 missiles envoyés sur Israël depuis le début de ce nouveau conflit) et le 7 octobre ce Pogrom impensable retransmis par GoPro, pogrom fêté par les populations civiles de Gaza comme de Cisjordanie, et même dans certains « quartiers » en Europe et aux Etats-Unis.
Il faut alors être bien naïf ou avoir une vision à très long terme pour croire qu’une solution à deux états est La Solution !
Il faut aussi avoir une mémoire de poisson rouge, ne pas connaître l’Histoire voire faire preuve de complaisance, de sentiments anti-israéliens et judéophobes, pour évoquer cette solution, à ce moment précis, après un tel Pogrom.
Car que nous apprend l’Histoire ?
Inutile de remonter pour cela aux Royaumes d’Israël, aux rois David et Salomon, à Nabuchodonosor ou à Cyrus, à Hérode, à Jésus, à Ponce Pilate et à Tibère, aux Templiers ou à Napoléon. Commençons simplement par le mandat britannique sur la Palestine qui suivit la première guerre mondiale et la fin de l’Empire Ottoman.
La déclaration Balfour consacre la volonté des Nations vainqueurs du premier conflit mondial de réinstaller le foyer national juif en Palestine, très peu peuplée à l’époque, un territoire difficile avec des marécages insalubres et des grandes zones désertiques. C’est ce que certains appellent le Grand Israël. La carte parle d’elle-même :
Les peuples arabes s’y opposent violemment et une partition de ce mandat en deux états est élaborée alors :
C’est la première solution dite à deux états. Après des débats intenses, les organisations juives acceptent ce découpage et la perte d’une grande partie du territoire initial. Les peuples arabes refusent violemment, très violemment cette solution à deux états, par exemple avec le pogrom d’Hébron d’aout 1929, où de nombreux juifs sont tués malgré la protection de l’armée britannique.
Puis vient la période des années 1930, des années précédant le second conflit mondial, des années où l’antisémitisme sévit de nouveau partout en Europe, et pas seulement en Allemagne nazie. Le partage en deux états devient alors le partage des terres déjà partagées :
Là encore, les organisations juives sont prêtes à accepter, surtout dans le contexte de l’insoutenable condition des juifs en Allemagne et Autriche. Là encore les Arabes refusent.
Puis vint le partage voté par les Nations Unis en 1947, et l’indépendance d’Israël en mai 1948. Les Arabes refusent toujours cette solution à plusieurs états et attaquent cette jeune nation. Les Arabes perdent. Tout comme en 1967 avec la Guerre des Six Jours, tout comme en 1973 avec la Guerre de Kippour. Mais, toujours, Israël est prête à des compromis territoriaux et, toujours, les nations Arabes refusent.
Toujours non. Car quand un grand leader, humaniste, réaliste, comme Anouar el Sadate reconnaît l’évidence du droit d’Israël à exister, Israël lui cède le Sinaï jusqu’au dernier grain de sable, avec ses puits de pétrole et ses villes ultra-modernes par rapport aux villes égyptiennes. Quand le roi hachémite Hussein de Jordanie accepte de signer un traité de paix, Israël là aussi fait des concessions. Quand Arafat et l’OLP acceptent de renoncer à la destruction d’Israël dans leur charte et entament le processus de paix, Israël là encore fait des concessions territoriales majeures. Tout cela donne la carte actuelle :
Mais ces concessions majeures ne suffisent jamais. Le Hamas, mais aussi une grande partie de la population dite palestinienne, continuent de vouloir tout et ne supportent pas l’existence même d’Israël.
Alors comment dire aujourd’hui que la paix viendra d’une solution à deux états. Cela semble tellement naïf voire mensonger. Peut-être, effectivement, la solution à deux états avec la carte de 1922 pourrait être une solution viable pour tout le monde. Peut-être, mais la paix viendra surtout quand les habitants des territoires palestiniens reconnaitront le droit à l’existence d’Israël, on en est très loin à voir les scènes de liesse à chaque attentat. On en est très loin à lire les déclarations négationnistes et ouvertement antisémites de Mahmoud Abbas ou Nasrallah. On en est très loin quand le ministère des Affaires Etrangères palestinien affirme que le massacre de la Rave Party du 7 octobre, avec ses meurtres, ses décapitations, ses viols, ses mutilations, ses kidnappings, est dû à des hélicoptères israéliens ! pourquoi pas à des martiens selon un ministère des « affaires étranges »!
On en est très loin car il manque un ingrédient majeur à la paix.
Il manque un leader humaniste, réaliste du côté palestinien. Il manque un Anouar El Sadate, frère en humanité de Golda Meir et de Menahem Begin, lui l’ancien frère musulman qui a su sortir de ces dogmes, un vrai Mensch, à telle preuve que même après son assassinat par un frère musulman tendance djihad islamique, en 1981 déjà, la paix entre l’Égypte et Israël existe toujours !
Patrick Pilcer
Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale