« L’enquête auprès des Français musulmans sur les questions de religion et de laïcité », étude de l’Ifop pour Elmaniya.tv, chaîne laïque franco-arabe, parue ce 8 décembre 2023, confirme cette tendance de fond constatée depuis des années, apparemment irréversible, vers une soumission d’une majorité de citoyens de confession musulmane en France à une version rigoriste de l’islam frontalement opposée aux valeurs de notre République.
Si l’on se fie à cette étude d’opinion (nous exprimons souvent nos doutes épistémologiques sur les sondages), les résultats sont affligeants…
Le principal enseignement de cette enquête est que cette soumission religieuse à un Islam rigoriste n’est pas seulement le fait des jeunes, comme on l’entend si souvent. À tous âges, la tendance est analogue.
Quelques chiffres suffisent à planter le décor. Et le premier vient se télescoper tragiquement à une actualité pourtant si douloureuse.
Selon cette étude de l’Ifop, le refus de condamner totalement l’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard à Arras est partagé par 5 % des Français, 16 % des Français musulmans et 31 % des musulmans scolarisés.
66 % des Français musulmans se disent croyants et religieux, alors qu’ils ne sont que 18 % à se dite religieux parmi les Français croyants des autres religions. Il faut oser le dire : les mosquées sont aussi pleines que les églises sont vides, et sous l’angle de la pratique religieuse, l’islam est déjà la première religion de France.
76 % des Français musulmans privilégient la religion au détriment de la science s’agissant de la question sur la création du monde, chiffre qui descend à 19 % dans la population globale. Certes, la science n’a pas apporté d’explication définitive à l’origine de cosmos ni à la question d’une autre vie dans l’immensité de l’univers, mais cet écart considérable est révélateur d’une défiance plus générale des musulmans français à l’égard de la science au profit de réponses toutes faites, par nature susceptibles d’aucune remise en cause ni même d’interprétation. D’aucuns appelleraient cela de l’obscurantisme.
78 % des musulmans français considèrent que « la laïcité telle qu’elle est appliquée aujourd’hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers les musulmans ». Nous savons que la France est honnie dans le monde musulman pour sa spécificité laïque. Par exemple, après l’hommage d’Emmanuel Macron à Samuel Paty, louant la laïcité et nommant enfin ceux qui l’exècrent, son homologue turc Erdogan avait quasiment appelé au djihad contre la France. Si tant de Français musulmans ont la même aversion de la laïcité, ce n’est pas avec une pathétique loi de renforcement des principes républicains que la France sauvera sa conception du vivre ensemble et son choix de société.
Ils sont même, pour finir avec les chiffres, 50 % à souhaiter que des élèves puissent être dispensés de cours qui heurteraient leurs convictions. Les valeurs laïques sont notamment rejetées à l’école : cantines scolaires, signes et vêtements religieux des accompagnants scolaires et même des élèves dans les murs de l’établissement… Ces convictions sont contraires à la laïcité française. Obscurantisme, disions-nous.
Aux musulmans de France de choisir l’islam contre l’islamisme
Il est urgentissime que parmi les 5 à 10 millions de Français de confession musulmane (impossible de dire le chiffre vu l’absence hypocrite de statistiques culturelles et cultuelles) les laïcs et autres croyants républicains se rebellent et se lèvent pour mener la bataille contre cette pente inquiétante vers une rupture de valeurs avec l’ensemble de la nation.
Les corps constitués de l’islam en France, comme les imams, les trop rares établissements scolaires confessionnels et formations universitaires, les FORIF et autres CFCM, souvent complaisants et inaudibles, cachés derrière une posture victimaire alors que le sentiment anti-musulman provient de ces centaines de meurtres commis au nom d’Allah sur notre sol, doivent publiquement condamner ces dérives extrémistes, expliquer à leurs fidèles que la pratique religieuse doit se dérouler dans le cadre du respect des lois de la République, des autres convictions et de l’amour de la France, que la science (tel que l’islam lui-même à certaines époques le prônait) s’impose aux convictions spirituelles dans l’espace public (il y aurait tant à dire sur la méfiance consubstantielle aux religieux les plus rigoristes dans tous les cultes contre la vaccination contre le COVID et les autres épidémies).
Si les musulmans, aidés par l’Etat et tous les corps constitués, ne mènent pas ce combat, nous n’éviterons pas une guerre civile car les Français n’accepteront plus, comme ce fut le cas avec l’Eglise catholique au XIXème siècle, que le religieux prenne le pouvoir sur le politique en France.
Michel Taube