Après avoir été désignée en octobre 2022 pour organiser les Jeux asiatiques d’hiver 2029 dans la ville de Neom, qui n’existe pas encore, l’Arabie Saoudite a superbement remporté l’organisation de la Coupe du Monde de football 2034. Pressée de laver l’affront fait par son minuscule et néanmoins rival qatari, organisateur de la Coupe du Monde 2022 au titre du continent asiatique, l’Arabie Saoudite, main dans la main avec Gianni Infantino, Président de la FIFA, a décidé d’accélérer le calendrier.
La Coupe du Monde étant organisée tous les quatre ans et la planète football comptant cinq continents (l’Europe, l’Afrique, l’Asie-Océanie, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud), le tour de l’Asie ne devait revenir qu’en… 2042 : beaucoup trop loin pour l’Arabie Saoudite qui, au moyen de son fonds souverain, le PIF, s’est mis à investir des sommes jamais vues dans le sport pour attirer dans son championnat naguère de troisième zone des stars du calibre de Cristiano Ronaldo ou Karim Benzema. L’ambition de Mohammed ben Salmane, le Prince héritier saoudien, est, grâce au football, de laver l’image internationale de son pays et de faire plaisir à ses sujets qui raffolent du ballon rond.
Qu’à cela ne tienne : moyennant un partenariat à 96 millions d’Euros par an sur dix ans signé avec Aramco, le géant pétrolier saoudien, et compte-tenu du fait que la Coupe du Monde 2026 est déjà attribuée conjointement au trois pays d’Amérique du Nord, Gianni Infantino a imaginé une formule inédite pour l’édition 2030 (après que sa première idée pour augmenter la vitesse de rotation, organiser une Coupe du Monde tous les deux ans, ait été unanimement rejetée). Celle-ci se déroulera conjointement sur… trois continents : en Espagne et au Portugal, ainsi qu’au Maroc qui a déjà été plusieurs fois candidat à l’accueillir mais aussi en Argentine, en Uruguay et au Paraguay, qui accueilleront chacun un match pour “célébrer le centenaire de la première édition” qui s’y est déroulée en 1930 !
Voilà de quoi permettre à un pays de la zone Asie-Océanie de se porter candidat à l’organisation de l’édition 2034 : alors qu’une candidature conjointe de l’Australie et de l’Indonésie se préparait, ce pays a rejoint l’appel “spontané” de la Fédération asiatique de football à une organisation en Arabie Saoudite. L’Australie, confrontée au principe de la réalité des pétrodollars, a jeté l’éponge dans la foulée.
L’Arabie Saoudite se trouve ainsi désignée d’office, sans même avoir formellement candidaté à un événement dont l’organisation suscite traditionnellement une compétition acharnée entre les différents prétendants…
Une méthode astucieuse pour éviter la mésaventure survenue au Qatar, aujourd’hui accusé de corruption et d’achat de votes lors de sa désignation comme pays hôte en 2010.
Laurent Tranier