Au lendemain d’une conférence de presse qui s’annonce aussi nocturne que marathonienne, Emmanuel Macron se rendra pour la deuxième fois depuis qu’il a été élu Président de la République au Forum de Davos, qui réunit en Suisse chaque mois de janvier l’élite mondiale, politiques, financiers, lobbyistes et ONG confondus, dans un des plus beaux villages de montagne helvète. Leurs échanges prospectifs concerneront les affaires du monde et leur permettront de cultiver leurs réseaux.
Le chef de l’Etat y sera comme un poisson (d’eau douce) dans l’eau. Non seulement parce qu’il en sera une des têtes d’affiche, mais parce que le plus jeune président de la Ve République, l’ancien banquier d’affaires de chez Rothschild, l’homme de la « start-up nation » est convaincu que pour pouvoir redistribuer des richesses, il faut d’abord en créer. Il se trouve que cette évidence n’est bizarrement pas la mieux partagée parmi les hommes politiques en France.
Au-delà de son bilan économique après sept ans de mandat, Emmanuel Macron pourra expliquer l’orientation qu’il souhaite donner aux trois ans qu’il lui reste à exercer devant les 1200 participants au forum, et notamment lors de rencontres avec des chefs d’entreprise et lors d’une soirée spéciale consacrée à la France.
Tout jupitérien qu’il est, Emmanuel Macron sera accompagné par des présidents de régions, qu’il a invités pour symboliser l’importance qu’il souhaite donner aux territoires, sans oublier, évidemment, des dirigeants français de start-up.
Dommage qu’à la suite de cette invitation aux présidents de région, certainement lancée avec les meilleures intentions, seuls 4 d’entre eux, sur 18, l’accompagneront à Davos : celui de la région Grand Est, Franck Leroy, la présidente de la région Ile de France, Valérie Pécresse, la présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais et le président de la région Sud, Renaud Muselier.
Car cette délégation pourrait donner une image moins monarchique, moins centralisatrice de la France au reste du monde. Emmanuel Macron proposera-t-il ce soir un référendum pour réformer l’Etat autour d’un grand choc de décentralisation et se rendre à Davos pour en afficher la couleur avec des élus locaux ?
Soyons audacieux, adjectif très attalien…
Et si le Président de la République annonçait demain un « Davos français des territoires » ? Il réunirait l’élite française, européenne, internationale des territoires, politiques, financiers et lobbyistes confondus dans un petit village de montagne. Leurs échanges seraient prospectifs, concerneraient les affaires de nos territoires et leur permettraient de cultiver leur réseau.
Les pouvoirs locaux aspirent à davantage de libertés et de moyens, pour pouvoir enfin s’épanouir en sortant de l’ombre devenue fardeau d’un État trop présent quand il s’agit de réguler.
Ce Davos français pourrait se dérouler dans de nombreux coins de France. Suggérons-en un : à Laguiole. Emmanuel Macron y retrouverait ses homologues régionaux au bon air de l’Aubrac, à la table du Suquet, le restaurant de Michel et Sébastien Bras, les illustres chefs naguère triplement étoilés Michelin (avant de rendre d’eux-mêmes leurs étoiles). Présents jusqu’au Japon, ils sont d’authentiques ambassadeurs mondiaux de cet art culinaire qui fait, pour le coup, rayonner la France dans le monde entier.
Michel Taube avec Laurent Tranier