Edito
13H29 - mercredi 17 janvier 2024

« Au fait, Monsieur le président, c’était donc CELA le grand rendez-vous avec la nation ? » L’édito de Michel Taube

 

Hier soir sous les dorures du palais de l’Élysée, une question n’a pas été posée au président de la République mais elle aurait justifié une chute un peu amère au terme de deux heures de monologue présidentiel : « Au fait, Monsieur le président, c’était cela le grand rendez-vous avec la nation ? »

Début décembre, le chef de l’État nous avait mis l’eau à la bouche en nous promettant pour janvier un grand rendez-vous… Référendum ? Nouveau grand débat ? Dissolution ? Non, rien de tout cela. En fait, on comprend enfin que les Français devront se contenter de la refonte partielle du gouvernement et d’un show présidentiel.

Bref nous avons eu droit à une forme de mini-grand débat en guise de rendez-vous avec la nation.

Les Français, plein de bon sens et plus intuitifs que les éditorialistes, ont vu venir la déception en étant bien peu nombreux devant les petits écrans de l’ORTF ressuscitée le temps d’une soirée.

 

A droite toute !

SNU obligatoire pour tous, uniforme généralisé en 2026, cérémonie de remise des diplômes, heures de théâtre et d’histoire de l’art à l’école, apprentissage de la Marseillaise, doublement de la franchise sur les médicaments, création d’un congé de naissance de six mois pour les deux parents, renforcement de l’instruction civique, systématisation des opérations de police contre les narco-trafiquants… Le chef de l’Etat s’est contenté de saupoudrer l’opinion d’un florilège de mesures et de mesurettes.

Parfois pleines de bon sens, ces promesses signent certes le retour, – enfin, des valeurs d’autorité et de respect de la France. Elles illustrent un vrai coup de barre à droite amorcé avec la composition du gouvernement Attal I.

Mais Emmanuel Macron a peut-être manqué l’essentiel : donner un cap à la France et aux Français. Très jupitérien hier dans la mise en scène et la forme de son intervention, Emmanuel Macron est incorrigible : il prend ses paroles pour des actes et sa personne pour un événement en soi. Champion du monde de cette pensée performative qui prend le langage pour un monde, il s’est enfin et surtout interdit de faire événement en écartant tout volet institutionnel à sa conférence de presse.

L’hôte de l’Elysée attend-il le printemps et les conclusions du groupe de travail sur les institutions au Sénat pour enfin annoncer un grand référendum sur une profonde réforme de l’Etat ? Alors enfin nous aurions ce grand rendez-vous avec la nation.

 

Michel Taube

Directeur de la publication